Le Problème à trois corps - La Trilogie des trois corps, tome 1 / Liu Cixin

Couverture livre - critique littéraire - Le Problème à trois corps, tome 1 de la Trilogie des trois corps de Cixin Liu

Récit

Nota : la quatrième de couverture a été retravaillée afin de limiter le divulgâchage qu'elle pourrait occasionner. Je ne peux que vous conseiller de sauter celle du livre.

En pleine Révolution culturelle, le pouvoir chinois construit la base militaire secrète de Côte Rouge, destinée à développer une arme de grand calibre. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de « rééducation », intègre l’équipe de recherche. Dans ce lieu isolé, elle découvrira peu à peu la véritable mission de Côte Rouge…

Trente-huit ans plus tard, alors qu’une étrange vague de suicides frappe la communauté scientifique internationale, l’éminent chercheur en nanotechnologies Wang Miao est témoin de phénomènes paranormaux qui bouleversent ses convictions d’homme rationnel. Parmi eux, une inexplicable suite de nombres qui défile sur sa rétine, tel un angoissant compte à rebours…

Impression

C'est un roman de hard-science puisque clairement le sous-jacent de l'histoire reste la mise en application de lois scientifiques. Néanmoins, l'auteur réussit à amener ces éléments progressivement et réussit à ne pas noyer le lecteur qui ne serait pas féru de sciences (enfin c'est l'impression que j'en ai eue).
Mais oui, l'auteur explique (rapidement d'ailleurs, n'en déplaise à celleux qui croient le contraire) des lois scientifiques. Et oui, la trame principale du texte reste de se poser sur l'exploitation de ces lois, leur utilisation par les personnages et les conséquences associées. Une fois prises comme données d'entrée, l'auteur construira son récit dessus.
Bref, si vous avez les sciences en horreur, ça va être difficile, je ne vous le cache pas. Cela étant, le niveau scientifique pour appréhender non pas les théories exposées mais les conséquences de ces théories ne me semble pas non plus particulièrement élevé. L'auteur parle de sciences, il ne demande pas aux lecteurs de savoir en faire.

Ce livre commence en Chine. Et j'annonce, pour moi, la principale difficulté de ce livre : les noms des personnages. N'étant clairement pas familier⋅ère des noms d'origines chinoises, j'ai eu du mal à distinguer les différents personnages les uns des autres grâce à leur patronyme. Après les différents protagonistes étant très bien décrits, on les reconnaît pas leurs actes et façon de penser. Ce n'est donc pas très grave.

Donc, ce livre commence en Chine. Une partie au long de la Révolution culturelle chinoise, période que je ne connais pas vraiment. Ce livre m'a plongé⋅e dans cette période faite de fureur et de passion (c'est le moins qu'on puisse dire) et qui sera le terreau de l'ensemble de l'histoire qui va nous être narrée.
Le livre continue aussi, toujours principalement en Chine, au XXIème siècle. Nous y suivrons d'autres protagonistes qui devront avoir à comprendre et gérer les conséquences de ce qui s'est passé antérieurement. L'auteur s'employant à nous balader ainsi entre les 2 époques pendant le récit, nous amenant au fur et à mesure les éléments pour comprendre de quoi il retourne.

En mode enquête, on suivra ainsi Wang Miao, chercheur en nanomatériaux, qui pour des raisons que vous découvrirez dans le livre, est amené à devoir enquêter sur une vague de suicide collectif parmi les scientifiques. On suivra aussi le destin de Ye Wenjie sur la période Révolution culturelle.
L'histoire est prenante et même si certains pans de l'histoires sont facilement devinables, d'autres ne le sont clairement pas. L'auteur distribue les informations au fil de l'enquête, le lecteur prend ainsi généralement la mesure de l'ensemble en même temps que les protagonistes.

Côté écriture, la plume de l'auteur est agréable. Précise dans les descriptions sans trop s'y attarder, elle amène à un rythme toujours constant les informations et événements au lecteur.
Les théories sous-jacentes à l'ensemble du texte sont intéressantes et leur exploitation suit une logique implacable dès lors.

J'ai vraiment eu un coup de cœur pour ce livre. Le côté Hard-science m'a bien évidemment conquis⋅e, mais l'histoire est bien amenée et l'ensemble amène le lecteur à se poser des questions sur la condition humaine et sa place dans l'univers.

Note

Un 19/20 pour ce livre.
Ce livre de hard-science est un vrai coup de cœur. Une « enquête » avec un sous-jacent scientifique et des conséquences importantes. Une écriture addictive et un cadre sortant du commun. Le prix Hugo n'est clairement pas usurpé. Je ne peux qu'en conseiller la lecture.
On se revoit pour la suite ?

Série : La Trilogie des trois corps

  1. Le Problème à trois corps (avis)
  2. La Forêt sombre (avis)
  3. La Mort immortelle (non lu)
  • HS 1. Le Problème à trois corps X ou La Rédemption du temps (non lu)

Un Souvenir de lumière - La Roue du temps, tome 14 (et dernier) / Robert Jordan et Brandon Sanderson

Couverture livre - critique littéraire - Un Souvenir de lumière, tome 14 (et dernier) de la Roue du temps de Robert Jordan et Brandon Sanderson

Récit

La Roue du Temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leur sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes.

Au champ de Merrilor, les dirigeants de toutes les nations sont réunis pour soutenir Rand al'Thor ou, au contraire, l'empêcher de briser les sceaux de la prison du Ténébreux. La Chaire d'Amyrlin, Egwene, pense que c'est pure folie. D'autres y voient le dernier espoir de l'humanité.

En Andor, les Trollocs ont conquis Caemlyn.

Dans le rêve des loups, Perrin affronte Tueur.

À Ebou Dar, Mat va rendre visite à Tuon, son épouse seanchanienne devenue l'Impératrice Fortuona.

Alors que tourne la Roue du Temps, la fin d'un Âge approche et l'Ultime Bataille décidera de l'avenir du monde.

La Tristesse de Jack

Je suis la Tristesse de Jack. Pas parce que le tome est mauvais, loin de là ! Mais parce que c'est le dernier !
Une page des lectures de mon adolescence se referme. Je suis triste et ému⋅e à la fois. Mine de rien, cela n'est pas rien de clore un tel compagnon de route.

Bon, séchons ces larmes qui ne sauraient poindre et voyons donc ce que donne ce dernier tome.

Impression

Côté écriture, on reste dans le même ton que les précédents. Ciselée, vive, rapide. Que du très bon donc. Merci Brandon d'avoir su écrire la fin de cette saga avec tant de brio.

Côté histoire, ça se résume facilement : C'est l'Ultime bataille ! Ah, précision qui m'importe : plus de 1 000 pages d'Ultime bataille !

L'ensemble des protagonistes, qu'ils soient d'alignement bon, mauvais ou d'une allégeance plus controversée, verront leur fin traitée dans ce tome. Pas de cliff-hanger. C'est la fin d'un cycle, et si la Roue doit encore tourner à la fin de ce tome, ça serait pour entamer un nouvel Âge.

Les actions des différents protagonistes seront contées au fur et à mesure, leurs actions s'enchaînant en changeant de personnage à chaque fois. Effet certain de montée en tension au fil des pages que d'en laisser un en plan (et de manière générale, pas dans la meilleure des positions) avant d'aller voir ce qu'un autre fabrique dans son coin.
Et clairement, ils font tous quelque chose. Qu'on les aime, qu'on les déteste ou qu'on adore les détester, chacun contribue, selon son allégeance, à faire avancer les choses dans le cadre de l'Ultime bataille.

On aura donc, en vrac :

  • Quelles alliances réussira ou non Rand à réunir ? Entre les Aes Sedai et leurs vassaux, les Seanchaniens, les intrigants des différents royaumes, c'est une bataille en soi, et c'est même la première d'entre elle.
  • La bataille entre généraux d'exception : Mat aura-t-il l'ascendant sur son adversaire ? Saura-t-il contraindre sa femme à aider Rand ou bien l'aidera-t-il à soumettre le Dragon réincarné ?
  • Lan trouvera-t-il la paix dans les bras d'une mort glorieuse au combat ou dans ceux de sa femme ?
  • Quelle décision sera prise quant au futur des derniers sceaux du tombeau du Ténébreux ?
  • Les Aes Sedai prouveront-elles qu'elles se sont bien préparées à l'Ultime bataille plutôt que de s'être uniquement contentée de vouloir organiser le monde à leur envie ?
  • Et les Aiels dans tout ça ? Comment seront-ils détruits et qu'est-ce que cela signifie pour les Matriarches ?
  • Fain sera de la partie (je n'en dis pas plus, mais je le dis :)
  • Qu'en-est-il de la confrontation entre Tueur, les loups et Jeune taureau ?
  • Que vont encore nous concocter les frères d'Elaine, qui n'a pas le monopole de la bêtise au sein de la famille royale d'Andor ?
  • Sian et Bryne finiront-ils par se laisser aller à leurs sentiments ? Ah, ce n'est pas le plus important ? Bon, comment les grands Capitaines vont gérer leurs batailles alors ? C'est plus dans le thème ?
  • La Tour noire sera-t-elle noire du fait de l'obscurité du Ténébreux ou noire du fait d'ombres chinoises parce que le Seigneur du matin l'illumine ?
  • Rand saura-t-il défaire le Ténébreux ?
  • Que va faire Olver ? Parce qu'il n'a pas beaucoup bougé dans le précédent tome.
  • Que vont faire les Réprouvés dans tout cela ? Trahiront-ils (et si oui qui) ? Ariveront-ils à montrer l'ampleur de leur puissance ? Le génie de leurs stratagèmes ?
  • Les ogiers trouveront-ils le temps de participer à cette épopée ? Loial sera-t-il témoin de tout cela pour écrire son livre ?
  • Enfin, que va faire Lanfear / Cyndale ? Parce que question folie, elle en impose à plus d'un homme je dirai.

Dans tous les cas, il s'agit d'un tome écrit avec mæstria. Les protagonistes s'enchaînent. Les techniques militaires et l'usage des différents éléments possibles (magie, canon, etc.) sont très bien amenés et fournissent de vraies batailles où rien n'est gagné d'avance.
Seul le combat de Rand avec le Ténébreux m'a laissé⋅e perplexe. Si la finalité est bonne, sa dynamique l'est beaucoup moins et manque de grandiose par rapport aux moments des autres protagonistes.

Pour finir, j'aime beaucoup la fin de Rand :

Certain⋅e⋅s diront qu'il abandonne lâchement femmes et enfants, et ce n'est pas faux. Personnellement, j'y vois un clin d'œil avec le tout début de la saga. Rand s'extasiant sur les récits de Jain l'explorateur et rêvant de voyager pour découvrir de nouvelles contrées. Et bien son départ, libre de tout fardeau, me fait penser à ça. Comme quoi, il aura réussi à accomplir son rêve.

Note

Un 19/20 pour ce dernier tome.
Une très belle fin, qui boucle l'Histoire et les histoires de chaque protagoniste important. Une fin épique, qui ne termine pas « à l'arrache » cette saga.
Bref, merci pour cette fin qui me laissera de bons souvenirs et qui justifie amplement d'avoir attendu autant de temps avant d'en découvrir les derniers mots.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

La Tempête imminente - La Roue du temps, tome 12 / Robert Jordan et Brandon Sanderson

Couverture livre - critique littéraire - La Tempête imminentee, tome 12 de la Roue du temps de Robert Jordan et Brandon Sanderson

Récit

Avant l'Ultime Bataille, Rand lutte encore pour unifier des royaumes séparés par d'anciennes querelles, tout en s'efforçant de négocier une trêve avec les Seanchaniens. Autour de lui, ses plus fidèles alliés s'inquiètent. S'il continue à s'endurcir, vidé de toute émotion, aura-t-il la force d'âme requise, au mont Shayol Ghul, pour livrer son duel à mort contre le Ténébreux ?

À la Tour Blanche, prisonnière et à la merci des cruels caprices d'Elaida, Egwene s'acharne à miner le pouvoir de sa rivale. En aura-t-elle le temps, alors que l'attaque des Seanchaniens se profile ?
Si les Aes Sedai reculent, une défaite signerait la fin de leur fief millénaire... et sans doute de tous les espoirs du monde.

Impression

Premier tome écrit par Brandon Sanderson sur la base des éléments laissés par Robert Jordan avant sa mort, une crainte était présente. Comment allait se passer la transition d'auteur ? Est-ce que la série allait être dénaturée ? La réponse est que, globalement, ça se passe très bien. Je n'ai pas ressenti de gros changements dans le caractère des personnages, ni dans la direction prise par l'histoire. Identiquement à part un rythme que j'ai trouvé plus vif (à mon grand plaisir), je n'ai pas noté de modification substantielle sur la façon dont l'histoire est narrée. Bref, l'auteur mis en avant sur la couverture est Robert Jordan... et ça le reste dans l'authenticité de cette histoire.

Côté personnages, Rand et son ex Egwene vont être les points d'orgue de ce tome.
Rand va essayer de s'allier aux Sanchaniens tout en se mettant en place pour l'Ultime Bataille. Le tout en cherchant à ne pas se faire prendre dans les toiles de conseils que tissent inlassablement ses compagnes de route, qui à défaut de le croire fou, savent manifestement mieux que lui comment se préparer à l'Ultime Bataille. Peut-être est-ce vrai, mais vu qu'elles oscillent entre l'imposition et les coups fourrés pour « diriger cette tête de pioche » de Rand, c'est pas fait pour faciliter la confiance déjà bien battue en brèche que Rand peut avoir pour les Aes Sedai.
En dépit de toute cette aide, il arrive manifestement à trouver sa voie (mais est-ce la bonne ?) et arrive manifestement à parvenir à quelques résultats.

Côté Aes Sedai, le développement autour d'Egwene est vraiment sympa, même si en voyant les diverses réactions des Aes Sedai, on ne peut que se conforter dans le fait qu'elles se sont trop habituées à se faire obéir au doigt et à l'œil sans en payer les conséquences. Les événements sont là pour leur rappeller la dure réalité de la vie, et j'avoue que c'est pas plus mal. Peut-être que ça leur rappellera qu'Aes Sedai signifie les serviteurs de tous.
Egwene continue son travaille de sape en étant « prisonnière » et ses leçons semblent commencer à donner quelque chose. La vraie question est de savoir si elle a bien voullu ce qu'elle a eu ?

Les autres personnages sont vaguement évoqués, et j'imagine qu'on les retrouvera dans le prochain tome pour démeler les éléments qui les concerne. Notamment en ce qui concerne Moiraine Sedai, dont j'ai hâte de voir la réaction si elle revient réellement en voyant ce que Rand est devenu.
À noter que la relation de non dit entre Faille et Perrin est particulièrement agaçante, et que si ça continue à tourner comme ça autour du pot, ça va clasher sec.

Note

Un 19/20 pour ce douzième tome.
Très bon opus qui allie histoire interessante et une écriture vive qui donne plus de rythme à l'ensemble. Le tout en conservant les grandes caractéristiques de cette saga. Je dis donc merci à Robert pour l'histoire et bravo à Brandon pour avoir réussi le tour de force de reprendre le récit presque comme un double de l'auteur.

Vivement la suite, sachant que je me doute que le dernier tome sera la bataille finale... et que donc le prochain tome devrait mettre tout le monde dans les dipositions pour y aller.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

Le Cœur de l'hiver - La Roue du temps, tome 09 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - Le Cœur de l'hiver, tome 9 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

Rand al’Thor succombe inexorablement aux assauts de la souillure, une infection instillée dans le saidin par le Ténébreux. Pire encore, les fidèles partisans du Dragon Réincarné sombrent eux aussi dans la folie destructrice qui mit jadis un terme à l’Âge des Légendes.

Alors que Rand faiblit, les Ténèbres tombent sur le monde.

Inconscients du danger, les Seanchaniens regroupent leurs forces avant de repartir à l’assaut tandis que les Rejetés s’unissent afin de détruire leur ennemi juré. Pour Rand, une seule solution : purifier le saidin. Pour réussir, il devra invoquer un antique pouvoir issu de l’Âge des Légendes. Une puissance si dévastatrice que la Création et le Temps risquent de ne pas survivre au choc…

Impression

Cette fois-ci, c'est Perrin qui va manquer à l'appel. Préférant Mat, ce n'est pas un drame, et puis ce n'est que de juste puisque Perrin avait pris le tome précédent.

On évacue rapidement l'arc concernant la rébellion Aes Sedai : Egwene avance. Voilà, l'arc est résumé (oui je sais aussi faire dans le concis).

Côté fille, on suit principalement le trio Elaydne, Birgite, Aviendha. Et pour une fois, ça passe bien. Elayne, à la tête du trio, doit travailler sur la composante politique, c'est à dire la reconquête du trône, parce que prendre ce qu'on lui offre, que nenni. À défaut de faire preuve de pragmatisme donc, on voit Elayne évoluer dans les sphères du pouvoir, et non seulement elle sait bien y faire, mais en plus les jérémiades ne sont plus (trop) de la partie. Comme quoi l'étiquette est en fait une bonne chose.
En tout état de cause, la partie est loin d'être gagnée, et il faudra à Elayne la jouer fine, et plus que cela même, pour regagner à la loyale le trône que sa maman a tout fait pour lui retirer, mais à l'insu de son plein gré, il faut l'admettre (mais peu le font dans le livre). En effet le Dragon a autre chose sur le feu que d'aider sa compagne ingrate, et du coup, reste neutre dans l'affaire. La présence des forces de Rand est donc plus une gêne qu'autre chose dans la reconquête du trône pour Elayne.

Côté garçons, on retrouve Mat, toujours dans la galère d'une façon ou d'une autre, mais plutôt en bonne compagnie relativement aux événements qui lui sont tombés dessus.
Il va lui falloir réussir à briser les chaînes qui le retiennent à Ebou Dar - chaînes à la fois physique avec l'occupation des Seanchaniens, mais aussi des liens qu'il a créé avec la dirigeante du coin.
Pour parfaire le tout, son grand cœur et sa parole donnée ne vont pas l'aider dans son envie d'évasion, d'autant plus que ce n'est pas la gratitude qui étouffe celles et ceux qui bénéficient de ses largesses.
Notons d'ailleurs au passage que Mat, comme à son habitude, cherchant à fuir son destin va s'y retrouver la tête la première pour un final des plus jouissifs, enfin si on aime bien voir souffrir notre ami.

Rand de son côté, démontre encore ses qualités de stratège en réussissant à prendre tout le monde à contre-pied, ennemis comme alliés et pseudo-alliés. Même la légendaire Cadsuane en est pour ses frais, même si tel un chat, elle saura rebondir pour mieux « guider » (ou tenter) notre berger vers ce qui lui semble être LA direction à prendre.
Le final le concernant est juste splendide, tant en terme de confrontation que d'implication dans l'équilibre du monde.

Notons quand même qu'en plus du plaisir de retrouver Mat et les actes de Rand, l'auteur sait nous proposer un approfondissement de son univers déjà très complet. L'invasion seanchanienne permet ainsi de mieux connaître cette culture, leur façon de faire et surtout de voir comment cette dernière va interagir (faire plier ?) les gens du cru. C'est fort plaisant d'avoir toujours ce world-building à l'œuvre après autant de tomes dans cette saga.

Note

Un 19/20 pour ce neuvième tome.
Après un tome de faible intérêt, Jordan repart de manière grandiose, fournissant à la fois une histoire intéressante à suivre, la continuation du world-building, mais aussi des éléments scénaristiques très structurant qui relance les cartes. Bref, on a hâte de voir comment tout ça se décline dans le futur.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

Un Lever de ténèbres - La Roue du temps, tome 04 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - Un Lever de ténèbres, tome 4 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

Forteresse réputée imprenable depuis des millénaires, la Pierre de Tear est tombée, conquise par Rand al’Thor et un groupe d’Aiels, ces terribles guerriers du désert qui se voilent le visage pour combattre.

Désormais en possession de l’épée mythique Callandor, Rand peut clamer à la face du monde qu’il est le Dragon Réincarné.
Un grand pas en avant, certes, mais vers quelle destinée ?

Censé sauver le monde, le jeune homme doit d’abord apprendre à maîtriser le saidin. Hélas, cette moitié masculine du Pouvoir de l’Unique est une arme à double tranchant. Car elle condamne à la folie et à la mort les hommes à qui elle offre la gloire et la puissance…

Impression

S'agissant pour l'instant d'une relecture de mes jeunes années, ce tome est celui qui m'a le plus marqué⋅e. En effet, il s'agit du tome faisant découvrir comment vivent les aiels, ces guerriers sauvages, indomptables, mystérieux et sans peur. Une image qui m'est resté depuis lors et qu'à la relecture j'ai pu redécouvrir avec un grand plaisir.

Avec la découverte du peuple Aiel, on continue d'agrémenter cet univers d'un background riche, ensorcelant et parfaitement intégré au reste. L'histoire de ce peuple est fascinante et c'est vraiment le point central de ce tome.

Néanmoins, même si la part belle est donc donnée à Rand qui les découvre, ses 2 taveren de compagnies n'en sont pas en reste pour autant.
Ainsi Perrin verra sa destinée se concrétiser contre son gré si on peut dire, et Mat prend du corps dans ce tome, quittant l'archétype de farceur irrévérancieux pour un peu plus que ça.

Par ailleurs, un des axes de ce tome concernant l'ajah noire, c'est un nouveau pan concernant les Aes Sedai qui s'ouvre, offrant de multiples ouvertures à des éléments qui risquent d'être douloureux pour celles qui se prennent pour les maîtresses du monde. Je me dis juste que pour des êtres ayant le soupçon et la manipulation facile, leur arrogance surpasse tout cela.

Comme toujours, l'écriture de l'auteur est fluide et agréable. Il arrive à la fois à rendre des descriptions précises de son monde, et à le faire vivre au travers de scènes plus actives. Un point qui se perpétue dans ce nouveau tome.

Note

Un 19/20 pour ce quatrième tome.
On continue à grande voile vers de nouvelles découvertes tant du monde que des adversités que Rand risque de rencontrer un jour. Ce tome est riche en nouveaux éléments et rebondissement. Un plaisir à lire... en attendant la suite.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

Les Marées de minuit - Le Livre des Martyrs, tome 05 / Steven Erikson

Couverture livre - critique littéraire - Les Marées de minuit, tome 5 du Livre des Martyrs de Steven Erikson

Récit

Après des décennies de guerres intestines, les tribus des Tistes Edur se sont enfin unies sous la férule du Roi-Sorcier des Hiroths. La paix s'est établie, mais à quel prix : un pacte conclu avec un pouvoir secret aux motifs au mieux suspects, au pire meurtriers.

Au sud, le royaume expansionniste de Lether, désireux d'accomplir l'antique prophétie qui le verrait renaître en tant qu'Empire, a asservi tous ses voisins moins civilisés que lui. Tous, sauf les Tistes Edur.
Mais ce n'est qu'une question de temps avant qu'eux aussi ne tombent, qu'ils soient écrasés sous le poids étouffant de l'or ou passés au fil de l'épée. C'est du moins ce que la destinée a décrété.

Pourtant, alors que les deux parties se réunissent afin de conclure un traité crucial dont personne ne veut vraiment, d'anciennes forces se réveillent.
Car le conflit qui couve n'est que le pâle reflet d'une lutte autrement plus primordiale : une confrontation avec la blessure encore à vif d'une vieille trahison qui, plus que jamais, aspire à la vengeance dans son cœur bouillonnant...

Impression

Nouveau tome. Cinquième tome même, soit le milieu de cette décalogie. Vous vous demandez c'est la suite de quel tome cette fois-ci pour ceusses qui connaissent déjà les 4 premiers ? Et bien aucun. On pourrait même dire que c'est le prélude à tout ce beau monde.

En effet plongée dans le passé, pour revenir aux sources de la scission des Tistes Edur (les tistes de l'Ombre) et Tistes Andii (les tistes des Ténèbres). Déchirure fraternelle qui sera l'une des thématiques de ce tome puisqu'on la retrouve au niveau de l'ensemble des protagonistes de ce tome :

  • comme je viens de le mentionner on revient sur la séparation entre l'ombre et les ténèbres chez les tistes et des conséquences sur des temps plus proches (le tome 5 se déroule un peu avant le tome 1 chronologiquement parlant) ;
  • les divergences d'opinion (et de voie) entre les 3 frères d'une grande famille de Lether (Brys, Hull et Tehol);
  • la destinée de 4 frères (Fear, Binadas, Trull et Rhulad) d'une des plus grandes familles côté Tistes Edur.

Au travers de ces effets miroirs de fratries, Steven Erikson nous plonge dans un nouvel environnement avec comme protagonistes :

  • Le royaume de Lether, humains avides d'or et de conquêtes qui veulent accomplir leur prophétie visant à instaurer un empire.
  • Le regroupement tribal des Tistes Edur, rassemblé sous le joug de leur roi sorcier, qui cherche à retrouver la splendeur perdue des Tistes Edur et à recréer leur empire sur ce domaine.

Mais avec Steven rien n'est aussi simple, et ce tome nous fait découvrir les sous-jacents de ces situations. Nous fait suivre les luttes primaires de ces 2 empires en devenir ainsi que les luttes alambiquées des dieux... et des liens entre tout ce petit monde que l'on pourra qualifier de tout sauf d'honnête.

Un récit sombre, addictif et sans concession de ceux qui manipulent les autres en vue d'obtenir leur dû. Un récit de trahisons et de grandeur. Un récit d'honneur et de décisions cornéliennes. Un récit de destinée et de fatalité. Le tout mené de main de maître puisque la trame de l'histoire est encore et toujours conservée. Ce tome s'insérant dans l'univers créé par les 4 premiers tomes, et comme à son habitude vient à la fois consolider cette histoire gigantesque... tout en fournissant d'autres points de vue sur le passé... et de facto sur ce qu'on croyait avoir compris des autres tomes.
Comme d'habitude des moments de pure jubilation quand enfin tout s'assemble à la force de ses neurones (car rien n'est donné, les éléments sont offerts, au lecteur de tout rassembler).

Par-dessus tout ça, nous découvrons principalement de nouveaux personnages (même si Trull Sengar nous était déjà apparu dans le précédent tome et que des références existent à d'autres personnages).
Et parmi tout ce beau monde, de vraies pépites : le duo Tehol et Bugg, où comment intégrer l'absurde et l'humour à une trame si noire.
Une des lames de la Garde pourpre passe aussi par là.
Et j'avoue que la rencontre de certains non-morts est particulièrement exquise.

Ajoutons à tout cela qu'on en apprend toujours plus sur l'univers, le complexifiant dans ses tenants et aboutissants mais nous le rendant toujours plus compréhensible pourtant.

Enfin, une sublime couverture vient parachever cette œuvre. On ne peut que remercier (de nouveau) Marc Simonetti pour la beauté des couvertures qu'il produit pour cette édition. Qu'il continue !

Note

Un 19/20 pour ce tome.

Ce tome, est superbe, prenant, plein de découverte et apportant des personnages très sympathiques.
Alors pouquoi pas un 20 ? Et bien peut être parce qu'il se rapproche plus de la tradition des tragédies classiques sans doute. Même si l'univers est vaste, les volontés de chacun prenant plus de tours et détours que la route du vin, il n'en reste pas moins que je trouve sa structuration plus classique.
Cela dit ne nous trompons pas, c'est juste magistral et il faut absolulement le lire.

Au final, et comme d'habitude, je ne peux que vivement vous encourager à lire cette saga et ce tome. Du plaisir à l'état pur.

Complexe, riche, et ô combien bien construit. Continuez avec moi dans ce superbe univers !

Série : Le cycle malazéen

Le livre des Martyrs

  1. Les Jardins de la Lune (avis)
  2. Les Portes de la Maison des morts (avis)
  3. Les Souvenirs de la glace (avis)
  4. La Maison des chaînes (avis)
  5. Les Marées de minuit (avis)
  6. Les Osseleurs (avis)
  7. Le Souffle du Moissonneur (non lu)
  8. La Rançon des Molosses (non lu)
  9. Poussières de rêves (prévu 2022)
  10. Le Dieu estropié (prévu 2022)

The Kharkanas Trilogy

  1. [Forge of Darkness (non traduit)]
  2. [Fall of Light (non traduit)]
  3. [Walk in Shadow (en cours d'écriture)]

Novels of the Malazan Empire

  1. [Night of Knives (non traduit)]
  2. [Return of the Crimson Guard (non traduit)]
  3. [Stonewielder (non traduit)]
  4. [Orb Sceptre Throne (non traduit)]
  5. [Blood and Bone (non traduit)]
  6. [Assail (non traduit)]

La Voie de l'Ascendance

  1. La Complainte de Danseur (non lu)
  2. [Deadhouse Landing (non traduit)]
  3. [Kellanved’s Reach (non traduit)]
  4. [The Jhistal / Forge of the High Mage (forthcoming)]

The Witness Trilogy

  1. [The God is Not Willing (non traduit)]
  2. [No Life Forsaken (forthcoming)]
  3. [- (forthcoming)]

Tales of Bauchelain and Korbal Broach

  1. [Blood Follows (non traduit)]
  2. [The Healthy Dead (non traduit)]
  3. [The Lees of Laughter's End (non traduit)]
  4. [Crack’d Pot Trail (non traduit)]
  5. [The Wurms of Blearmouth (non traduit)]
  6. [The Fiends of Nightmaria (non traduit)]
  7. [Upon a Dark of Evil Overlords (non traduit)]
  8. [Goats of Glory (non traduit)]


Le Diseur de mots - La Lyre et le glaive, tome 1 / Christian Léourier

Couverture livre Le Diseur de mots de Christian Léourier - critique littéraire -

Récit

Depuis l’accession au pouvoir du hartl Skilf Oluf’ar, la paix règne et la commanderie du Solkstrand prospère.
Lorsqu’on lui refuse le passage d’un pont parce qu’il ne peut s’acquitter du péage, Kelt prédit l’effondrement de la construction. Ainsi sont les diseurs de mots : ils possèdent de drôles de dons, jamais ils ne mentent et, affirme-t-on, leurs vérités ensorcellent.

Arrêté et livré aux geôles du seigneur local, Kelt doit démontrer son innocence lors d’une ordalie. Hòggni, un mercenaire en mal de contrats, accepte de le représenter puis remporte le duel. Toutefois, vexé de sa défaite, le seigneur les missionne alors au Heldmark, où le culte d’un dieu unique se répand plus vite que la peste…

Remerciements

Ce tome m'a été offert dans le cadre de l'opération « Masse Critique » de Babelio. Je remercie Babelio et les éditions Critic pour m'avoir fait découvrir ce livre.

Impression

Pour commencer, je connais l'auteur de renom principalement - et pour son écriture en Science-Fiction - n'ayant lu de lui qu'une nouvelle, en attendant d'attaquer son fameux cycle de Lanmeur (mais j'ai les bouquins... Donc il suffit d'attendre comme on dit).
C'est donc d'un œil neuf que j'aborde cet auteur.

Et là, ne passons pas par quatre chemins : mais quelle plume !
La plume de Ch. Léourier est juste envoûtante. Des mots qui tombent justes. Des mots qui emportent. Des mots qui arrivent à créer un monde plein d'exotisme tout en assurant un lien sans faille.
Un pur délice. À un tel point qu'avec le recul, c'est bien ce qui ressort de ce livre.

Côté rythme, celui-ci est globalement contemplatif, permettant à la fois de découvrir l'univers de ce monde, mais aussi de s'imprégner des multiples conséquences de la géopolitique locale qui se découvrent au fil du livre.
Pas d'action à outrance donc, même s'il serait particulièrement faux de dire qu'il ne se passe rien - les scènes d'actions voyant le temps se condenser - tout en gardant cette rythmique si naturelle à la lecture.

L'histoire en elle-même permet d'une part de chercher, à travers les péripéties qui arrivent aux héros principaux, à découvrir ce qui se cache derrière tous les non-dits, derrière la magie du Diseur de Mots qui semble à la fois connue, mais mal comprise, crainte mais recherchée et surtout redoutée par le Diseur de Mots lui-même.
D'autre part, l'histoire est bien dense. Les retournements de situation ne sont pas légions, mais l'ensemble s’accommode bien avec le rythme du récit et reste toutefois suffisamment complexe / crédible pour ne pas en faire pâtir la lecture.

Côté personnage, les principaux personnages sont très bien dépeints, et heureusement, car du fait que chaque personnage possède plusieurs noms (un public et un privé) et qu'ils sont utilisés alternativement selon les situations, il aurait été facile de s'y perdre. Ici, la confusion n'est que rarement de mise tant chaque personnage est dépeint avec une "saveur" particulière. Rien qu'à la lecture d'un dialogue ou d'un comportement, on sait de suite qui est l'objet du récit. Ça et le fait que le nombre de personnages est relativement restreint, il faut bien le dire.

On pourra notamment apprécier vivement 2 des 3 personnages essentiels de ce tome, à savoir notre Diseur de mots, magicien qui ne peut mentir (une sorte d'Aes-Sedaï naïf pour ceux qui connaissent la Roue du temps) aux pouvoirs... intrigants si je puis dire.
On trouvera aussi dans Hòggni, ce mercenaire à tête de sanglier qui est sans doute le personnage le plus philosophe, un personnage particulièrement attachant.
J'ai personnellement eu plus de mal avec Fille Farouche, de par son caractère qui se veut réfractaire à l'autorité, mais qui se coule à mon sens trop facilement dans son acceptation du destin et de sa situation personnelle.
Gageons que cela pourra changer au regard du titre du second tome.

Note

Un 19/20 pour ce livre.
En bref, cette lecture est un vrai plaisir que je ne peux que vous conseiller. Avec un mot principal qui ressort : envoûtement.
Je lirai évidemment le second tome de ce diptyque dès qu'il sera sorti (ou que ma PAL m'en laissera l'occasion).

Série : La Lyre et le glaive

  1. Le Diseur de mots (avis)
  2. Danseuse de corde (avis)

L'anamnèse de Lady Star / Laurent et Laure Kloetzer

Couverture livre - critique littéraire - Anamnèse de Lady Star de Laurent et Laure Kloetzer

Récit

Futur proche.
Un attentat à Islamabad a provoqué une pandémie terrifiante. Les trois quarts de la population mondiale ont disparu. L'arme utilisée : la bombe iconique. Les coupables ont été retrouvés, jugés et exécutés. Mais certains se sont échappés.

Parmi eux, une femme, leur inspiratrice, leur muse. Sa simple existence est un risque : tant qu'elle vit, la connaissance menant à la bombe reste accessible.

Elle a disparu, n'a laissé aucune trace, pas l'ombre d'une ombre. Des hommes disent pourtant l'avoir rencontrée : savants, soldats, terroristes, ermites... Ont-ils rêvé?

Voici le récit d'une enquête, de l'Asie à l'Europe, des terres dévastées jusqu'aux sociétés hypertechnologiques de l'après-catastrophe. Un jeu de pistes, doublé d'une plongée dans les archives digitales de notre futur, avec le plus fou des enjeux : refermer la boîte de Pandore.

Impression

Pour commencer, parlons de cette superbe couverture. Personnellement je la trouve envoutante. Le regard se perd et les couleurs attirent vraiment l'œil.
En plus, il se trouve qu'une fois la lecture du livre terminée, vous pouvez de nouveau la regarder, et pour le coup, elle est extrêmement juste et représente très bien toute la trame de cette histoire.
C'est rare. En tout cas, on comprend que les auteurs ont réussi leur coup en bataillant pour avoir cette illustration.
La beauté au service de l'histoire... et l'histoire au service de la beauté somme toute.

C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai choisi ce livre... chose rare car la couverture n'est souvent pas une raison d'acheter pour ce qui me concerne (mais plus une raison de ne pas acheter).

Pour entrer dans le vif du sujet, cette histoire consiste en suivre une enquête cherchant à retrouver une personne ayant participé à un attentat (évènement nommé le Satori), attentat qui a conduit à décimer une grande partie de l'humanité et réorganiser entièrement le mode de vie de l'humanité survivante.
Amateur de thrillers, vous devriez être conquis.

Mais commençons par avertir le futur lecteur alléché : ce livre est exigeant.
Un peu à l'instar du
Déchronologue, on a un mélange d'époques qui s'enchaînent au fur à mesure que l'enquête nous permet d’explorer des pistes, de retrouver des « traces » de la personne recherchée.
Cet enchaînement de périodes, non linéaire dans le temps demande un effort de concentration pour rassembler les différents éléments, ainsi que de reconstituer l'histoire dans notre tête, avec les différents liens entre eux.

Car en second lieu, on est lâché dans le récit, sans clef. Au lecteur de faire l'effort de découvrir les règles du jeu, de comprendre les tenants et aboutissants, d'accepter de ne pas tout connaître et de découvrir l'univers au fur et à mesure des éléments filtrants du récit.
C'est éprouvant... mais au combien agréable, de sentir l'univers prendre pied. De le sentir prendre sa place.
Personnellement je suis fan du procédé, même si cela implique de naviguer à l'aveugle au commencement.

Mais tous ces efforts valent le coup. Car pour récompense, on se retrouve à découvrir un univers post-apocalyptique (pour la période post Satori), mais qui n'en est pas moins dépourvue de poésie, bien au contraire. Comme un retour aux sources de l'humanité - quand cette dernière ne parcourait pas encore la Terre sans craindre de mauvaises rencontres. Dans un univers hostile et empli de choses non maîtrisées ou mal comprises.
Cette poésie est portée principalement par une description très fragmentée de ce monde, de notre monde plus exactement dans un futur pas trop (?) lointain. Cela laisse ainsi pleinement au lecteur la possibilité de remplir les trous à sa convenance et de ce fait de ne pas être trop déboussolé car très proche de notre monde actuel.

Un des points majeurs de cette histoire, en plus de la création d'un monde post-apo plein de poésie, est la gestion de la mémoire, de la réalité, des données. L'enquête slalome au sein de concepts particulièrement intrigants et bien traités - mais qui confèrent une couche supplémentaire de complexité, surtout si on a pas l'habitude de traîner ses guêtres dans le merveilleux monde de la science-fiction.

Côté histoire, celle-ci est très bien construite. Au fil de la lecture, on comprend pour commencer l'objet de cette recherche, de cette traque, ses enjeux.
Puis on en apprend sur les divers protagonistes, et plus les renseignements s'accumulent, moins les choses sont tranchées. Les méchants peuvent ne plus l'être tant que ça. Les gentils également. Les fous ne pas l'être tant que ça. Un merveilleux canevas de personnages, d'interactions entre eux, et d'évolution du motif conduisant à des changements de perspectives tout en subtilité.
Un véritable bijou de construction de personnages.

Et puis il y a les Élohims.
Et là je pense que chaque lecteur aura sa grille de lecture sur ce qu'ils sont.
Certains parlent d'extra-terrestres, moi je les ai conçus comme des condensations d'archétype de la psyché humaine (psychosphère) générée par les pensées humaines. Ce qui, à mon sens, explique bien mieux certains de leurs besoins et de leurs capacités, ainsi que leur compréhension de notre mode de pensée.
C'est une notion que j'ai rencontré dans la série Les Futurs Mystères de Paris de Roland Wagner (série que je vous encourage à lire) et dans laquelle l'apparition des élohims me semble bien s'insérer - le côté loufoque en moins par rapport à la psychosphère wagnerienne.
Toujours est-il que les élohims, véritables énigmes ambulantes, et pourtant au centre de l'histoire sans y être vraiment, sont une véritable réussite et un point d'accroche que j'ai beaucoup aimé.

Bref comme vous le voyez, difficile de parler concrètement de ce livre sans se perdre, et pourtant quel bohneur à lire.
À préciser enfin que l'écriture de l'ensemble est très bien faite, les auteurs arrivant à instiller différents styles d'écriture aux différents protagonistes avec brio.

Note

Vous l'aurez compris, un véritable coup de cœur pour ce livre, qui décroche un 19/20.
Pourquoi pas 20 me demandez-vous ? Peut-être parce que ce livre est vraiment exigeant à la lecture, ce qui parfois, peut nous faire sortir un peu du livre. Rien de grave, donc.

Si la peur de devoir lire de manière attentive, en prenant son temps et de découvrir un univers qui ne se livre que par petits morceaux, ne vous fait pas peur... Foncez !
Sinon... vous devriez essayer quand même.

L'Empire ultime - Fils-des-brumes T01 de Brandon Sanderson

Couverture livre - critique littéraire - L'empire ultime - Fils-des-brumes T01 de Brandon Sanderson

Récit

Les brumes règnent sur la nuit,
Le Seigneur-Maître sur le monde.

La jeune Vin ne connait de l’Empire Ultime que les brumes de Luthadel (sa capitale), les pluies de cendre, le regard d’acier des Inquisiteurs et le règne sans partage du Seigneur-Maître qui gouverne les hommes par la terreur depuis plus de 1000 ans. 


Mais Vin n’est pas une adolescente comme les autres. Et le jour où sa route croise celle de Kelsier, le plus célèbre voleur de l’Empire, elle est entraînée dans un combat sans merci. Car Kelsier, revenu de l’enfer, nourrit un projet fou : renverser l’Empire.

Impression

Après m'être fait presque molesté par la moitié de la blogosphère (ou du moins, la moitié que je connais) du fait que je n'avais jamais ouvert un livre du sieur Sanderson, voici l'affront réparé par la présente chronique.
Mais il faut dire, qu'un auteur autant conseillé, limite adulé, ça fait craindre à la découverte. Tant d'attente pour ce livre qui devait me faire passer un superbe moment... N'était-ce pas trop ?
Et bien à dire vrai... pas du tout. Ce livre est clairement au niveau de l'entrain qu'il suscite. Mais voyons ça plus dans le détail.

Pour commencer, on se situe dans de la high-fantasy pure et dure. Une quête visant à exterminer le mal absolu (l'Empereur... ça me rappelle quelque chose d'ailleurs). Un pays croulant sous de sombres nuages de cendres (non c'est le Dominion central, pas le Mordor). Une jeune fille dont les pouvoirs vont être révélés...
Je vous passe les détails... On est en plein dans le classicisme du genre. Et pourtant, tout colle, tout s'enchaîne. L'écriture aidant, on est clairement enferré par la découverte de ce monde, par la façon dont la Communauté de l'Anneau le petit groupe de voleurs va tenter de réussir l'exploit de renverser le tyran (qui siège depuis un millénaire quand même. On imagine donc qu'il a du répondant).

À titre de comparaison, je me suis retrouvé exactement dans la même sensation qu'à la lecture du
Dernier souffle de Fionna McIntosh.
Toute la force de l'auteur, est de réussir, malgré des éléments classiques de la High-fantasy, à nous conter une nouvelle histoire prenante.
Clairement, le style d'écriture y est pour quelque chose. Envoutant, à dire vrai, tellement la lecture de quelques lignes arrive à vous happer dans cette histoire. Ce style mêlé à un univers, somme toute pas difficile à comprendre, fait qu'on est immédiatement avalé par le texte.

Côté univers, on est donc dans l'archétype de la lutte du bien contre le mal (avec quelques nuances qui se font au fil de la lecture), où l'on voit s'opposer :
  • un tyran oppressif et son administration ;
  • des nobles n'ayant d'intérêt que leurs luttes pour le pouvoir ;
  • des skas - serfs des 2 précédents camps - soumis, désespérés et résignés qui permettent à tout ce beau monde de vivre.
L'histoire se servant des mécaniques qui permettent à cette société tri-partite de « fonctionner ».

Côté personnages, on est superbement servi. Alors pour sûr, chaque personnage suivi est « le haut du panier » de ce monde. Mais il faut dire aussi qu'avec les conditions de vie misérables pour qui n'est pas noble, ce monde fait fort de réaliser une sélection impitoyable.
On découvre donc des personnages hauts en couleur. Chacun amenant son expérience, sa spécialité, pour former une équipe de choc qui réussi à s'entraider là où le maître mot des habitants est généralement survie et égoïsme.
Tant présent que passé, nos protagonistes sont décrits avec densité et avec plus ou moins de mystère(s).

La vraie originalité de ce roman tient dans sa magie particulière et extrêmement bien pensée (à mon avis). La magie provient de la capacité de « brûler » des métaux (allomancie) ou bien d'y « enfermer » des capacités (ferrochimie).
Chaque métal (ou alliage) a une action particulière et quasi-unique. Les possibilités qui en sont tirées ne proviennent, principalement, que de la capacité du « mage » à tirer profit de cette capacité - et des limitations qui lui sont associées.
Ainsi globalement, on ne se dirige pas vers des pouvoirs totalement débridés, mais vers une utilisation quasi-scientifique des métaux et artistique quant à la manière d'en tirer leur substantifique moelle.
En bref, la magie ne permet pas de tout faire... ou alors grâce à l'astuce des utilisateurs.
Et là pour le coup, ça donne une « crédibilité » plus forte, et surtout de vrais enjeux qui ne seront pas régler par un Deus ex machina.

Enfin, cerise sur le gâteau, ce tome, bien que faisant partie d'un cycle de 3 tomes, se termine sur une vraie fin. On attend clairement la suite, mais pas en raison d'éléments qui seraient restés en suspens. Et ça, c'est agréable, surtout avec un livre de cette épaisseur (~ 900 pages en version poche).

Note

Un 19/20 pour ce livre qui a su enchanter mon esprit en fournissant un univers, certes classique, mais robuste et porteur d'une histoire entraînante. Ajoutons à cela des personnages bien décrits et attachants, chacun avec leur personnalité, et un système de magie innovant et bien posé en termes de possibilité d'utilisation, et vous avez un livre mémorable dont la lecture est plus que vivement conseillé.
Bref, la réputation de ce livre (auteur ?) n'est clairement pas usurpée.

Série : Fils-des-brumes et suite

Fils-des-brumes

  1. L'Empire ultime (chroniqué)
  2. Le puits de l’ascension (non lu)
  3. Le Héros des siècles (non lu)
  4. [Mistborn : Secret History (non traduit)]

Wax et Wayne

  1. L'alliage de la justice (non lu)
  2. Jeux de masques (non lu)
  3. Les bracelets des larmes (non lu)
  4. [The Lost Metal (non traduit)]



Le fou prend le roi - Le bâtard de Kosigan, tome 2 - de Fabien Cerutti

Couverture - Le fou prend le roi - Le bâtard de Kosigan, tome 2 - de Fabien Cerutti

Récit

1340, au cœur du comté de Flandre. Alors que les premiers feux de la guerre de Cent Ans s’allument, le Bâtard de Kosigan et ses Loups se voient confier, par le sénéchal d’Angleterre, la délicate mission de découvrir les tenants et aboutissants d’un complot qui se trame… autour du roi de France.
Une enquête surprenante et extrêmement dangereuse, mêlant trahisons et forces obscures, dans laquelle l’ascendance surnaturelle du Bâtard, habituellement son plus grand atout, pourrait bien se muer en talon d’Achille.

Cinq siècles et demi plus tard, à la fin de l’année 1899, l’enquête engagée par le lointain descendant du chevalier tente de faire la lumière sur l’inexplicable disparition des puissances magiques. Entre Bruges et Lens, peut-être mettra-t-elle à jour la nature des ombres qui se dissimulent derrière les échos cachés de l’Histoire.

Fabien Cerutti signe à nouveau un roman de fantasy historique, à cheval entre un Moyen Âge empreint de magie et un XIXe siècle scientifique et rationnel.

Combats de masse et subtiles investigations, poursuites à en perdre le souffle et réparties habiles, négociations serrées et manipulations ; on y retrouve le panache habituel de la lignée des Kosigan dans un univers qui ne cesse de gagner en richesse et en cohérence. De toute évidence, les secrets et les héros délicieusement irrévérents de cette série n’ont pas fini de nous surprendre !


Impression

Faisant suite au
premier tome, on suit de nouveau notre cher Bâtard et son lointain descendant.

L'histoire concernant le descendant, se passe fin XIXème siècle et fait directement suite au premier tome. Même si cette partie n'emporte toujours pas un très grand enthousiasme de ma part, je la trouve tout de même beaucoup plus entraînante que dans le premier tome.
Sans doute parce qu'on commence un peu mieux à cerner pourquoi le Bâtard a laissé des objets pour sa descendance et pourquoi tant de choses se passent autour de la découverte de l'héritage du Bâtard.
Cela permet de donner à tout le moins un lien plus tangible entre les aventure du Bâtard et ce qui arrive à son lointain descendant.

Du côté de Pierre Cordwain de Kosigan (le Bâtard), on le retrouve aux prémisses de la guerre de Cent Ans. Et pour le coup, du changement il y en a. Contrairement au premier tome où le Bâtard était à l'initiative, gérant son plan et avançant ses pions, on le retrouve plutôt dans une sale posture.

En effet, employé par les anglais, il se voit contraint de travailler pour la France... au risque de mettre en péril son premier employeur.
Le Bâtard devra réussir à mener avec brio ses 2 missions... qui se retrouvent mêlées à de sombres desseins.
Bref, chutes d'intrigues politiques emmêlées à prévoir... ainsi qu'une histoire pleine de rebondissements.

Côté « héros », le Bâtard a perdu son côté James Bondien. Peut-être est-ce la perte du contrôle de la situation qui le sort de sa zone de confort, ou bien l'auteur qui a voulu rectifié ce côté caractérisant le premier tome, mais clairement on est loin du « je m'en sors sans une égratignure ». Et moi, ça me plait. À noter que de Kosigan fait toujours montre de gouaille et d'astuce... pour notre plus grand bonheur.

Côté background, on retrouve l'univers du premier tome, la magie en plus discrète (mais non pas absente), puisque nous nous situons sur les terres du roi de France, qui désire plutôt l'éradication de l'ancien monde.
L'atmosphère se fait donc moins emprunte de magie et de poésie comme pouvaient l'être les terres de Champagne, mais on en apprend beaucoup plus sur l'ancien monde et les forces qui y siégeait.
On ne souffre donc pas de ce fait.

Un autre point d'amélioration sont les personnages secondaires qui sont clairement plus prégnant tant du point de vue utilité à l'intrigue, que du point de vue développement des personnages.
Fini le « de Kossigan-centrisme », place à plus d'âme chez les Loups du Bâtard que l'on peut réellement découvrir.

Enfin, comme le précédent tome, ce livre est un véritable page-turner : actions rocambolesques, humour et traits d'esprit, trahisons et contre-trahisons. Cela va sans dire, on ne s'ennuie pas une seule minute.
Encore une fois, la fin appelle impérativement à la lecture du troisième tome... Ça tombe bien, il vient de sortir récemment.

Note

Un 19/20 pour ce livre.
De belles amélioration comparativement au précédent tome sur l'aspect James Bondien du personnage principal et sur la densité des personnages secondaires, tout en conservant une ambiance mystique, des enchainements d'actions, des intrigues politiques à foison...
Bref je suis heureux !

Je lirai la suite sans aucun soucis... voire même j'y suis obligé.

Série : Le Bâtard de Kosigan

  1. L'Ombre du pouvoir (chroniqué)
  2. Le Fou prend le roi (chroniqué)
  3. Le Marteau des sorcières (chroniqué)
  4. Le Testament d'involution (chroniqué)

Les enfers virtuels - Cycle de la Culture, tome 09 / Iain M. Banks

Les enfers virtuels - Cycle de la Culture T09 de Iain M. Banks

Récit

Les Enfers virtuels sont une invention de certaines sociétés puritaines de la Galaxie. Dans ces géhennes virtuelles souffrent sans fin les avatars de ceux qui ont transgressé les règles de ces civilisations.
Les tenants et les opposants de ces Enfers se livrent des guerres sans merci. Jusque là dans le Virtuel. Sans morts ni blessés physiques. Mais cette guerre menace de se déplacer dans le Réel. Car les opposants aux Enfers sont prêts à faire monter les enchères. Et la Culture n’aime pas ça du tout.

Quel rôle joue Veppers, l’homme le plus puissant et le plus corrompu de son système stellaire, dans ce conflit ?
Et quel pourrait être le destin de Ledjedje qu’il a tuée, mais qui a été ramenée à la vie par un vaisseau de la Culture ?
La vendetta de Lededje pourrait avoir sa place dans les projets de Circonstances Spéciales.

Interlude

Les enfers virtuel est le second roman du cycle de la Culture dont je fais la critique dans ce blog - les précédents ayant été lus antérieurement à la tenue de ce blog.

Particularité de cette saga, c'est que chacun des tomes sont à la fois indépendant et traitant d'un pan différent de l'univers de la Culture. Même si la lecture "dans l'ordre", permet d'être plus familiarisé des protagonistes présents et des particularités de la civilisation culturienne, ce n'est clairement pas une exigence.
Vous perdrez tout au plus quelques spécificités - par exemple, le "running gag" sur les noms des vaisseaux de la Culture, où par réaction au fait qu'une civilisation trouvait que les noms attribués aux vaisseaux de la Culture manquait de sérieux, de « gravité », il est usuel de rencontrer au moins un vaisseau avec le terme « gravité » ou équivalent pour faire plaisir à cette civilisation en « mettant plus de gravité » dans les noms de ses vaisseaux.

Chaque roman étant indépendant, voici un petit laïus pour vous expliquer, de manière très sommaire, ce qu'est la Culture au cas où vous la découvriez.

La Culture est une civilisation d'humanoïdes et d'IA très avancée (environ 9000 ans d'existence) qui se complaît à se décrire comme étant anarchiste, tolérante et hédoniste.
Dans cette civilisation hautement égalitaire, les IA sont considérées comme des personnes à part entière. Humanoïdes et IA y vivent sans manquer de rien (l'argent n'y a d'ailleurs plus court, et pour obtenir des ressources, il suffit principalement de demander - charge à vous de convaincre pour que les culturiens adhèrent au projet et viennent vous aider... ou non).
Le niveau technologique de cette civilisation permettant de s'offrir à peu près tout ce que l'on peut espérer (de la vie éternelle au vaisseau spatial), l'essentiel est de savoir comment IA et humanoïdes vont dépenser leur temps (ce qui est un thème récurrent de la saga car lorsque l'on a tout, comment fait-on pour vivre ?).

Côté extra-terrestres, de nombreuses autres espèces existent, ont existé, et vont probablement exister dans le futur.
La Culture est une civilisation dite impliquée (c'est à dire qu'elle se mêle des affaires des autres) de haut niveau technologique - quasiment ce qui se fait de mieux pour une civilisation restant dans notre univers physique. Toutefois, ce n'est pas la seule  et d'autres civilisations tout autant évoluées (tant technologiquement que philosophiquement) existent. La Culture n'est donc ni seule, ni la plus « forte » (si ce terme peut vraiment convenir), ni la plus influente, ni la plus vieille, ni la plus jeune des civilisation. Elle est parmi tant d'autres.

Toutefois, la Culture a un trait de caractère assez particulier, qui est qu'elle aime fourrer son nez dans les affaires des autres sachant que l'objectif général visé est la paix, l'égalité et la justice. Et c'est ce qui permet d'avoir des histoires à raconter, puisque bien évidemment, tout ne se passe pas forcément selon les plans... voire la Culture n'est pas forcément la seule à « jouer ».

De manière générale, l'ensemble des livres tournent autour d'une petite composante de la Culture appelée Contact (i.e. le service diplomatique). Le rôle premier de cette dernière est d'entrer en contact avec des civilisations et avec les moins développée, d'essayer de s'assurer que ces dernières prennent « le bon chemin » de l'évolution... tout en limitant leur intervention. La morale des impliqués de haut niveau étant en effet de laisser les jeunes civilisations arriver là où elles le désirent (même si cela signifie guerres, massacres, etc. pour les espèces contactées). Contact est donc là pour donner des "petits coup de pouce" pour aider (c'est à dire, selon leur simulation, faire en sorte que ce chemin soit le plus court / propre possible). Parfois ça marche... parfois pas.

Parmi Contact, il existe des sous-sections dont celle qui est quasi-systématiquement associée aux livres, à savoir Circonstances Spéciales (CS pour les intimes, i.e. nos services de renseignements type NSA/CIA). CS est la partie qui s'occupent, entre autre, de régler / orienter les choses quand la diplomatie et les informations seules ne suffisent plus. Bref, ce sont ceux qui se salissent les mains... de manière plus ou moins raffinée et avec plus ou moins de retenue / remords... toujours dans le but de défendre la vision d’équité, de justice et de paix de la Culture. Il s'agit donc de la partie de la Culture qui au nom de la Morale et la Justice... vont employer des moyens que Justice et Morale - justement - réprouvent.

C'est évidemment qu'une très courte description de ce qu'est la Culture, mais ça permet de planter le paysage. Si vous voulez plus de précisions, les commentaires sont à vous.
Après ce (long) interlude, attaquons-nous à cette histoire particulière.

Impression

Dans Les enfers virtuels, plusieurs thèmes sont abordés.

Côté Culture, on va pouvoir découvrir le dispositif de défense / survie mis en place par la Culture dans le cas où une espèce belliqueuse serait amenée à détruire la Culture. On y suit donc les conséquences des guerres idiranes sur la psychologie de la Culture, et on y découvre ici un rôle qui n'était que très peu apparent de la section Contact de la Culture et de sa sous-section Circonstances Spéciales.

Le thème principal de l'histoire est la gestion des âmes puisqu'il est question ici de civilisations ayant la technologie pour sauver « l'âme » d'une personne et capables de faire tourner des réalités virtuelles dans lesquelles ces âmes peuvent être mises. Je vous laisse découvrir le traitement, que j'ai trouvé dense et intéressant, des conséquences que peuvent avoir ce genre de technologie sur les croyances religieuses, mais aussi la gestion de l'« après-vie » quand on est mort, mais pas vraiment.

On y découvre aussi 3 nouvelles sous-section de Contact, à savoir les sous-sections :

  • Quietus : en charge de gérer les entités s'étant retiré d'une existence biologique vers une existence numérique et celles qui sont décédés et qui se sont vues ramener à la vie. L'ambiance change des coups fourrés de Circonstances Spéciales (CS) - puisqu'on est censé y œuvrer avec la dignité souvent associée à ceux qui travaillent avec les morts.
  • Numina : en charge d'être en contact avec les entités s'étant sublimées (c'est à dire étant passée à un niveau supérieur d'existence... pour ce que ça signifie).
  • Restoria : en charge de gérer et éliminer les menaces d'essaims auto-répliquant correspondant à des entités dont le seul but est de se reproduire et de détruire ce qui n'est pas eux. Il s'agit d'une des rares sections de la Culture a avoir une mission aussi simplement définie - c'est un fait à noter.

Bien entendu, CS n'est jamais loin non plus, il faut se l'avouer.

L'histoire en elle-même est dense et intéressante, pleine de rebondissement tant sur la scène philosophique, qui nous pousse à réfléchir sur la gestion de l'au-delà, que sur le plan « space-opera » clairement présent dans cet opus.

On y suivra des personnages truculents, denses et complexes, et dont les trames sauront se réunir en vue d'assembler toutes leurs histoires dans un final explosif.
Mon seul regret tient dans l'histoire d'un des personnages principaux (Lededje) dont l'histoire, pourtant particulièrement prométeuse, tombe à plat je trouve.
C'est dommage car c'est le seul faux pas que je trouve à cet opus.

Suite à cette description, vous vous douter que j'ai adoré cette histoire, qui bien qu'en ayant un rythme assez lent, arrive à combiner densité des personnages, complexité de l'univers, bonds et rebondissements de l'histoire et réflexions sur la condition humaine et ses modes de pensée dans un paquet de space-opera / cyberpunk sans même friser la hard-science.
Car même si l'univers est complexe, que les éléments présentés sont en parfaite cohérence avec l'ensemble des concepts déjà présentés dans ce cycle, Iain M. Banks a le talent de réussir à expliquer l'ensemble de manière simple et élégante.
Et pourtant, on y parle IA, virtualité, âme, vaisseaux spatiaux, armement, nanomachines... et j'en passe... le tout l'air de rien.
Vous qui avez peur de la Hard-Science et de SF par trop scientifique... venez, vous y trouverez votre compte.

Un des meilleurs tome du cycle de la Culture, malgré une histoire avançant lentement et un poil moins compliquée que celle des précédents tomes : ici même sans trouver tous les rebondissements, l'histoire générale est somme toute, assez bien visible.
En tout état de cause, un merveilleux voyage.

Par rapport aux précédents opus, on pourra y découvrir (encore !) un nouveau pan de la Culture qui n'avait été qu'effleurer dans un tome précédent du cycle.

Note

Un 19/20 pour cet opus, qui frôle la perfection (oui, oui, y en a qui sont encore meilleurs dans ce cycle). Encore un tome qui vous fera réfléchir, tout en vous révélant un nouveau pan de l'organisation de la Culture, matinée d'une histoire prenante.

Série : Cycle de la Culture

  1. L'Homme des jeux (lu et non chroniqué)
  2. L'Essence de l'art (lu et non chroniqué)
  3. L'Usage des armes (lu et non chroniqué)
  4. Une forme de guerre (lu et non chroniqué)
  5. Excession (lu et non chroniqué)
  6. Le Sens du vent (lu et non chroniqué)
  7. Trames (chroniqué)
  8. Les Enfers virtuels (chroniqué)
  9. La Sonate hydrogène (chroniqué)
  • Inversions (lu et non chroniqué) - roman hors cycle pouvant être lu à nimporte quel moment après L'homme des jeux

Déraison et sentiments - La première loi, tome 2 - de Joe Abercrombie

Couverture livre - La première loi, tome 2 : Déraison et sentiments de Joe Abercrombie

Récit

Le tocsin de la guerre résonne aux portes de l’Union. L’armée du monde libre, inexpérimentée, mal équipée, divisée par les querelles intestines que se livrent ses chefs incompétents, semble inconsciente du danger qui la guette. Face à elle, sur le front du Nord, les barbares de Bethod se chauffent d’un tout autre bois...

Au Sud, les forces du Gorkhul se massent au pied de la cité de Dagoska. Alors que la ville bouillonne des préparatifs pour la bataille, l’inquisiteur Glotka – affecté là après la disparition suspecte de son prédécesseur – découvre une conspiration visant à livrer la ville à l’ennemi sans combat. Menacé à chaque instant, Glotka a besoin de réponses, et vite.

Pendant ce temps, la poignée de héros réunie par Bayaz prend la route du Vieil Empire, à destination du bord du Monde. Le mage espère y trouver la Graine, une relique surpuissante, jadis responsable de la destruction de plusieurs villes, et peut-être aujourd’hui l’unique voie de salut pour l’Union. Mais encore faut-il pouvoir s’en emparer... et la contrôler !


Impression

Suite de
Premier sang - premier tome que j'ai déjà chroniqué, j'ai commencé cette lecture avec plaisir en me rappelant la beauté du monde dépeint par ce premier tome.
À savoir, on commence directement à la suite du premier tome. Pas de rappel et de sentiments, pensez à relire un peu vos notes si votre lecture date un peu, car pour le coup, on reprend la situation peu de temps après la fin du tome d'introduction.

Dans une première partie, les différents groupes de protagonistes se placent (le front Nord entre l'Union et les « barbares », le front Sud entre l'Union et le Gorkhul et enfin l'expédition mystérieuse organisée par Bayaz dit le premier Mage.
Dans une seconde partie, l'action se déroule, les premiers combats et premières difficultés étant chassés par les suivant(e)s au rythme des pages que l'on tourne.

Pas de rythme effréné, mais une délicate balance entre scènes de réflexions / introspection et scènes d'actions.En tout état de cause, l'auteur sait très bien mener sa barque, et jamais je ne me suis ennuyé, happé que j'étais par l'univers, par l'action et les différentes conséquences associées.

Côté personnages, on continue à en apprendre sur ces personnages si denses et complexes. On apprend leurs peurs, expliquant, en partie, certaines de leurs réactions ; leurs désirs, leurs espoirs... Tout se mêle pour découvrir toujours plus ces personnages hauts en (mé)faits.
On assiste aussi aux changements que les évènements vécus produisent sur chacun d'eux. Et force est de constater que je trouve ces changements parfaitement crédibles, tant ils sont amenés au fur et à mesure des épreuves.
Toujours à propos des personnages, on se balade toujours dans les zones de gris. Ce qu'on apprend ne permettant que de rentre plus humain encore ces êtres d'encre et de papier.

Côté plume, cette dernière est toujours aussi fluide et acérée tout en gardant cette « justesse » en toute chose qui arrive à rendre cet univers si vivant et réaliste (enfin en tant qu'univers de Fantasy s'entend).

Ce second tome, pleinement dans la poursuite du premier, augmente en intensité et en enjeux.
Car si l'histoire avance, des trames se tissent et se défont. Si on en apprend toujours plus sur l'univers de cette série et les motivations de chacun, on reste toutefois suspendu à la suite tant rien n'est résolu à la fin de ce tome... et qu'on sent planer l'œuvre d'éminences grises... restant encore à dévoiler.

Questionnement

Ah oui tout de même, petit aparté, je n'ai rigoureusement pas compris le pourquoi de ce titre. Si quelqu'un peut m'éclairer de ses lumières ?
Parce qu'autant le premier tome, avec Premier sang, ça correspondait bien à l'esprit d'une mise en place, autant là, c'est capillotractée pour arriver l'expliciter.

Note

Un 19/20 pour ce livre qui en plus de tout le bien que j'ai pu dire du premier tome, continue sur la lancée en s'améliorant avec plus d'actions et plus de suspens sans rien perdre dans la complexité de l'univers et des personnages.

En fait, je vais même directement continuer avec le dernier opus pour avoir le fin mot de l'histoire.
Vous vous en doutez donc, je ne peux que vous en conseiller la lecture.

Série : Univers de la Première loi

Première loi

  1. Premier sang (avis)
  2. Déraison et sentiments (avis)
  3. Dernière querelle (avis)

Romans indépendants

  • Servir froid (non lu)
  • Les héros (non lu)
  • Pays rouge (non lu)

La mer éclatée

  1. La moitié d'un roi (non lu)
  2. La moitié d'un monde (non lu)
  3. La moitié d'une guerre (non lu)

Dark Vador et sa petite princesse de Jeffrey Brown

Couverture livre - critique littéraire -  Dark Vador et sa petite princesse de Jeffrey Brown

Récit

Après le succès de Dark Vador et fils, voici le nouveau petit bijou d’humour pop signé Jeffrey Brown et Lucasfilm. Car le plus célèbre méchant de la galaxie ne doit seulement ici élever ce petit garnement de Luc mais il doit aussi gérer les émois de sa sœur, Leia Skywalker, une petite princesse jusqu’au bout des ongles.... Et l’adolescence est toujours un âge ingrat. Surtout du Côté obscur de la Force !

Impression

Une fois n'est pas coutume, voici une chronique concernant une BD qui m'a été offerte.
Cette BD reprend avec humour la gestion par Dark Vador de sa fille Leia, si celle-ci avait été élevée par lui-même.

Cette BD reprend donc des scènes de vie que connaissent (ou connaîtront) tous parents sur la gestion des petits copains, les coups de fils à ses amies, etc - mais transposées dans les mains du célèbre seigneur noir des Sith.
Déjà, on peut s'imaginer que cela risque d'être marrant. Mais en plus l'auteur aime à reprendre des phrases cultes de la saga et qui, placées dans le contexte d'une éducation parentale, donnent vraiment la pleine saveur de cette petite BD.

À titre d'exemple, on peut retrouver l'une des célèbres scènes où l'on découvre Dark Vador en action, lorsqu'il "excuse" pour la dernière fois le capitaine Needa après la perte du Faucon Millenium dans le champs d'astéroïdes.
Et bien imaginez la même scène, sauf que pendant que Dark Vador prononce sa fameuse réplique "Excuses acceptées" tout en étranglant à mort le capitaine, au dernier moment, on voit surgir une petite Leia, courant pour s’agripper aux jambes de son "papa" en lui disant "Je t'aime papa !".

Personnellement, ça m'a beaucoup fait rire, et en tant que fan de la franchise, voir Darkie ainsi malmené par sa petite princesse, j'ai trouvé ça énorme.

Note

Un 19/20 pour cette BD qui allie esprit StarWars tant par les personnages que par les citations cultes et humour bien dosé.

Série : La famille Vador

  1. Dark Vador et fils (avis)
  2. Dark Vador et sa petite princesse (avis)
  3. Au lit Dark Vador (non lu)
  4. Dark Vador et compagnie (non lu)