Les enfants du ciel - Zones of Thought T03 de Vernor Vinge

Les enfants du ciel - Zones of Thought T03 de Vernor Vinge

Récit

Issus du peuple Straumli, Joanna et Jeffri, encore enfants, ont fui à travers la galaxie une Perversion quasi divine éveillée par une expédition imprudente. La Perversion a détruit des civilisations entières. 
Mais le navire portant les deux enfants a réussi à gagner les Lenteurs, une région où les systèmes informatiques les plus performants, et même les si lentes intelligences biologiques, subissent une perte de leurs facultés. Et il a atteint une planète dont le développement est comparable à celui de notre Moyen-Âge, habitée par des meutes de chiens intelligents, les Dards. 
Dix ans plus tard, ayant survécu aux conflits féodaux des Dards, Joanna et Jeffri ont été rejoints par Ravna et son vaisseau. Ravna tire de leur hibernation les derniers rescapés Straumli, les enfants du ciel. Ceux-ci, ayant grandi sous sa tutelle, sont devenus, avec leur science et leur technologie, l'enjeu majeur des querelles des Dards. 
Tandis que la Perversion fonce vers la planète à la vitesse de la lumière... Mais si la frontière des Lenteurs se déplace, elle peut fondre sur eux en quelques mois.

Historique de la saga

3ème opus de la saga des Zones de pensée (Zones of Thougth), la répartition entre les différents tomes est assez... particulière.

Pour commencer, Vernor Vinge est le spécialiste des romans tendance hard-SF visant l’événement de la
Singularité technologique, dont il sait tirer des histoires qui font réfléchir aux éventuels conséquences de son atteinte.
Il est par ailleurs bien trop méconnu en tant qu'auteur de science-fiction. Faut que ça change !

  1. Le premier tome, Un feu sur l'abîme, est un superbe space-opera / hard-science, dont je ne peux que vous conseiller la lecture, puisqu'il s'agit d'une de mes meilleures lectures SF, avec une imagination impressionnante.

  2. Le second tome (Au tréfonds du ciel), appartient à cette saga du fait qu'il se passe dans le même univers et avec un des personnages centraux en commun, mais il se passe dans le passé par rapport au premier tome. Il s'agit d'un excellent space-opera / planet-opera / hard-science, tout à fait indépendant du premier opus en termes d'ordre de lecture.
    Non chroniqué sur ce site (parce que lu bien avant sa tenue), c'est aussi un tome dont je vous conseille la lecture, qui bien que légèrement en-deçà de l'excellentissime Un feu sur l'abîme, est vraiment à lire aussi. L'univers développé y est réellement époustouflant (entre autre).

  3. Le troisième opus, objet de cette chronique, est la suite directe du premier tome... mais peut être lu de manière indépendante, puisque les éléments importants pour sa compréhension sont explicités dans le troisième tome. Juste que la menace de la Gale restera très vague pour vous. Car, et c'est là que le bas blesse, même s'il s'agit de la suite directe d'Un feu sur l'abîme, Les enfants du ciel ne concernent que la partie «dardienne» de l'histoire, et la menace de la Gale et son éventuelle résolution reste en suspens.
    Et clairement, c'est cette partie là dont j'attendais la suite. Une grande déception donc sur ce plan.

Impression

Suite directe du premier tome, où l'on s'arrêtait avec le sacrifice de Pham Nuwen et les effets de la «contre-mesure», l'aspect spatial d'Un feu sur l'abîme - et les différentes structures spatio-technologiques mises en place - est totalement délaissée, ne restant présent qu'à l'arrière-plan pour justifier les orientations de développement technologique recherchées par Ravna, l'un des personnages qui combattent la Perversion activement dans le précédent opus.

L'histoire continue donc sur le monde des Dards, espèce de «chiens / loups» présentant une intelligence collective à l'échelle de meutes. Comme dans le premier opus où l'on découvre cette espèce, il est très agréable de pouvoir continuer à découvrir cette espèce, ses mœurs et la façon dont ils se développent, surtout avec l'apport du savoir encyclopédique de l'ordinateur de bord du vaisseau des «enfants du ciel».

Le récit est donc moins grandiose, l'univers créé étant de fait plus étriqué que ce que Vernor Vinge avait produit dans le premier opus, mais l'ensemble présente une cohérence totale. On retrouve ainsi le côté hard-science mais cette fois-ci appliquée au développement d'une société. Cohérence du développement technologique, cohérence des limitations de chaque espèce.

Toutefois, le récit ne présente pas moins des rebondissements, le tout tournant principalement autour d'intrigues politiques tant côté humain que dardien, avec ses jeux d'alliances et de trahisons. L'ensemble ne manque pas d'action et entraîne le lecteur à vouloir connaître comment cela va se terminer, même si les inquiétudes sont relativement modestes : lorsqu'à mi-chemin du livre, on a toujours pas de lien avec ce qui pourrait être fait dans le but de vaincre la Perversion, on se doute bien que l'on attendra une suite pour clore le cycle.

On notera que ce livre tient plus de l'étude du développement d'une société perturbée par l'arrivée de connaissances technologiques autres (mais sans base technique pour les exploiter) ainsi que des différences entre la pensée au niveau individuel (humain) et la pensée collective (dards) - et des différentes conséquences associées.

Enfin, attention, spoil à ne lire que si vous avez déjà lu le livre (ou que vous ne souhaitez pas le lire ^^) :
Un gros défaut que je vois à ce récit, est que globalement, je trouve qu'il existe une façon évidente et triviale pour les humains de ramener les dards à l'âge de pierre, qui n'est pas même évoquée alors que Névil ne rêve que de contrôler et soumettre les dards.
Le moyen est de plus totalement à la portée technologique des humains : les meutes ne fonctionnant que si elles s'entendent et en intra-meute. Il suffit de ce fait de générer sur la bonne plage de fréquence un bruit blanc qui annihilera totalement la pensée de la meute (comme lorsqu'elle est envahie par une autre meute). Du coup on ne retrouverait à gérer que des individus... ne faisans pas preuve d'intelligence.
Ça resterait dangereux comme utilisation (il faut ensuite affronter une bête sauvage), mais moins compliqué qu'une meute intelligente... Et puis quel moyen de pression !
Je ne comprends vraiment pas pourquoi personne ne met le doigt dessus, alors que le problème de pouvoir "penser" est au cœur de pas mal de scènes...

Note

Un 14/20 pour ce tome qui même s'il sait mettre en jeu admirablement un univers parfaitement cohérent avec une race à la pensée de groupe, il perd énormément d'attrait par rapport au premier opus qui avait su mettre en place un univers bien plus dense, surprenant et spectaculaire, tout en gardant cet aspect totalement cohérent.
Cette suite ne fait clairement pas le poids par rapport au premier tome, mais reste agréable à lire, pour peu que la partie concernant les dards vous ait plu dans le premier tome.

Dans tous les cas, déception de ne pas avoir trouvé la suite que j'attends impatiemment, celle traitant de la Perversion. En espérant que cette suite arrive un jour.

Série : Zone of Thought

  1. Un feu sur l'abîme (avis)
  2. Au tréfonds du ciel (lu et non chroniqué)
  3. Les Enfants du ciel (avis)
  4. [After the Battle on Starship Hill: Prologue to The Children of the Sky (non traduit)]
  5. {Traitement du combat contre la Gâle (sera-t-il écrit un jour ?)}

Un feu sur l'abîme - Zones of Thought T01 de Vernor Vinge

Un feu sur l'abîme - Zones of Thought T01 de Vernor Vinge

Récit

L'expédition straumlienne est tombée sur un trésor aux confins de la Galaxie : une mine de programmes inconnus dans les Archives d'une civilisation disparue.
Mais, en l'explorant, elle éveille une Perversion, une Intelligence Artificielle qui ne songe qu'à soumettre et à détruire. Toutes les civilisations. Toutes les formes de vie.
Deux enfants parviennent à s'échapper. Ils emportent avec eux le seul remède possible. Mais ils sont incapables de diriger leur navire...


Impression

Début de la série "les zones de pensée" (Zones of Thougt) les différents romans qui le constituent sont en fait des romans tout à fait autonome. Ici pas de cliff hanger à la fin. Cette histoire est autoporteuse... et ça fait du bien.
Dans ce tome, nous sommes plongés dans du grand space opéra.
La hard-SF n'est pas de rigueur : ici quelques lignes directrices permettant de planter le décor et imposer un cadre à ce qui est faisable ou non. Le comment n'est clairement pas expliqué.

Nous sommes dans notre belle galaxie, peuplées de nombreuses races extraterrestres. Les humains du domaine Strauli, archéologue de leur temps fouillent des archives d'une ancienne race disparue... et tombent sur un os. Une Perversion dont le but est de contrôler la galaxie.
Toutefois un antidote existe... mais il va faloir aller le chercher.

Une histoire somme toute classique sur le genre quête pour survivre à un grand désastre (plus proche d'une quête de fantasy). Mais c'est le voyage qui importe. En effet, on y découvre l'organisation de la galaxie entre différentes races. L'existence des zones de pensées... qui limitent les technologies utilisables. Et quelques espèces extraterrestres, dont les Dards, qui ne sont intelligents que par meutes de 4 à 6. Une vraie découverte.

L'on suit donc cette épopée à travers la galaxie, les zones de pensées, et les âges technologiques... à un rythme qui ne s'essouffle jamais. Batailles (spatiales), commerce, communications, invasions,... On se prend très vite dans cet univers... et on ne lâche plus le livre avant la fin. Superbe

Note

Un 20/20 pour ce superbe space-opera qui a le brio de s'appuyer sur les classiques du genre et qui arrive pourtant à nous happer dans cette histoire sans déjà vu ou perte d'intérêt. Les pages passent en vitesse, malgré les 800 et quelques pages du livre. À lire assurément.


Série : Zone of Thought

  1. Un feu sur l'abîme (avis)
  2. Au tréfonds du ciel (lu et non chroniqué)
  3. Les Enfants du ciel (avis)
  4. [After the Battle on Starship Hill: Prologue to The Children of the Sky (non traduit)]
  5. {Traitement du combat contre la Gâle (sera-t-il écrit un jour ?)}

Rainbows End de Vernor Vinge

Rainbows End de Vernor Vinge

Récit

Au milieu du XXIe siècle, le virtuel a subverti le réel. Grâce à ses vêtinfs, ses lentilles de contact, chacun communique avec tous, peut se déplacer sous forme d'avatar à l'autre bout du monde ou en recevoir informations et images.
Robert Gu, illustre poète américain, a sombré dans la nuit de l'esprit. Grâce à un traitement miraculeux, il émerge de son Alzheimer et peut quitter la maison de retraite de Rainbows End. 
Mais il va lui falloir se familiariser avec ces machines à distiller de l'information dont il s'est toujours méfié. Lui qui a toujours tant aimé les livres découvre un horrible projet, le Bibliotome : tout numériser au prix de la destruction physique de l'imprimé.

Impression

Ce livre nous invite à découvrir un futur possible, que l'on pressent comme parfaitement crédible. Une omniprésence des réseaux, extension de nos smartphones reliés à internet où l'on est relié au monde virtuel à l'aide de ses vêtements et de lentilles permettant de visualiser le virtuel... qui devient au final plus réel que la réalité bassement matériel. Se promener, voyager virtuellement, calquer des univers fantastiques sur la réalité,... voilà le lot quotidien des hommes de ce futur proche.

Le personnage principal, Robert, autour duquel ce livre tourne, est un ancien poète, revenu d'un Alzeihmer. Mais entre-temps le monde a changé et nous suivons ce personnage, ayant toujours refusé la technologie, dans l'apprentissage obligé de ce nouveau monde (et donc de ses technologies). L'on peut ainsi se figurer la révolution qu'ont dû accepter (ou non) les personnes passant du papier au tout informatique. Ici c'est du réel au virtuel que l'on est forcé de passer.

Par ailleurs, l'histoire suit une sombre affaire de terrorisme, où les gentils ne sont pas forcément ceux que l'on pense... Ce "pauvre" Robert est impliqué dans cette danse, où il jouera un rôle majeur (mais je vous laisse découvrir le fin mot de l'histoire).

Thriller avec en fil rouge cette affaire de terrorisme, découverte d'un monde proche du notre, mais avec des codes, un fonctionnement différent... et pourtant si proche.

J'ai vraiment pris plaisir à m'immerger dans cet univers, et de le découvrir au fil de la lecture, en suivant la mise en place de l’Événement. Vernor Vinge nous fait vraiment plonger dans ce monde qui pourrait bien être pas si éloigné du notre dans quelques décennies.
Rien de très innovant, où l'on ne sort pas des sujets déjà traités dans d'autres livres, mais une histoire où l'on prend plaisir à se plonger, et qui nous fait réfléchir sur ce que demain pourrait être.


Note

18/20 : très bon style d'écriture, immersion et crédibilité totale de l'univers dépeint.
Une lecture très agréable donc, mais où il ne faut pas s'attendre à des éléments innovants.