La Forêt sombre - La Trilogie des trois corps, tome 2 / Liu Cixin

Couverture livre - critique littéraire - La Forêt sombre, tome 2 de la Trilogie des trois corps de Liu Cixin

Récit

L'humanité le sait désormais : dans un peu plus de quatre siècles, la flotte trisolarienne envahira le système solaire. La Terre doit impérativement préparer la parade, mais tout progrès dans les sciences fondamentales est entravé par les intellectrons.

Grâce à eux, les Trisolariens peuvent aussi espionner toutes les conversations et tous les ordinateurs, en revanche ils sont incapables de lire dans l'âme humaine. Parallèlement aux programmes de défense classiques visant à lever des armées spatiales nationales, le Conseil de défense planétaire imagine donc un nouveau projet : le programme Colmateur.
Quatre individus seront chargés d'élaborer chacun de leur côté des stratégies pour contrer l'invasion ennemie, sans en révéler la nature. Ils auront à leur disposition un budget presque illimité et pourront agir comme bon leur semble, sans avoir besoin de se justifier. Livrés à eux-mêmes, ils devront penser seuls, et brouiller les pistes.

Trois des hommes désignés sont des personnalités politiques de premier plan et des scientifiques éminents, mais le quatrième est un parfait anonyme. Astronome et professeur de sociologie sans envergure, le Chinois Luo Ji ignore totalement la raison pour laquelle on lui confie cette mission. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il est désormais l'un des Colmateurs, et que les Trisolariens veulent sa mort.

Impression

Suite au premier tome, on le sait : l'invasion de la Terre par les Trisolariens est en cours, et va mener à l'éradication - à moyen terme - de l'espèce humaine. Reste 400 ans avec l'arrivée de ces joyeux lurons, plus une génération à vivre donc. Ambiance.
Ajoutons que les Trisolariens ont bloqué tout développement de la physique fondamental (acquisition de nouveaux concepts théoriques) à l'espèce humaine, et vous pouvez vous imaginez l'état d'esprit de l'Humanité au début de ce tome.

Dans ce dernier, nous suivrons l'évolution sur environ 200 ans de cette humanité, tant dans le domaine scientifique et militaire, que dans le domaine sociétal. Car outre les efforts que va devoir déployer l'Humanité pour se défendre, tout l'aspect sociologique de « Comment réagir face à une menace d'extinction, mais qui arrive que dans 400-500 ans ? ».
Un récit brillamment mené, retraçant, parfois un peu vite, parfois de manière trop appuyée, ces différentes phases de prise de conscience, de peur et d'espoir qui découlent de tout cela, ainsi évidemment que la course effrénée à l'armement.

À côté de cela, on suit principalement l'histoire des 4 Colmateurs, personnages désignés pour essayer de mettre à mal le plan des Trisolariens dans le cas où le développement technique humain ne suffirait pas en utilisant leur principal point faible : leur méconnaissance de l'esprit humain et leur incapacité à fourvoyer un adversaire.
Les personnages associés sont plus ou moins intéressants en tant que tels, mais décrivent des stratégies et tactiques intéressantes, non seulement pour la trame de l'histoire, mais aussi dans l'exploration de la sociologie humaine ou du « jusqu'où peut-on aller et est-ce que la fin justifie tous les moyens ».
On suit aussi l'histoire de Zhang Baihai, mon préféré, sans doute parce que la clef qui gouverne ses actions est fourni dès le début de sa rencontre, mais sans indice complémentaire. Ce n'est qu'en agrégeant les éléments que la chose éclate au moment opportun.

Côté déroulement de l'histoire, l'auteur prend (souvent) un poil trop son temps. Ça peut donner un côté poétique à la narration, en contre-point avec le sous-jacent hard-science, mais ça fait surtout que ça tire un poil en longueur, un peu à la Peter F. Hamilton, surtout que les actions de la partie adverse sont toujours connues avec une bonne marge de temps de réaction, ce qui retire la montée rapide en tension dans une très grande partie du livre.

Côté sciences, le sous-jacent hard-science est clairement respecté. L'ensemble des évolutions et manœuvres décrites se basant sur l'application des lois scientifiques ou sur ce qui est indiqué comme tel pour les parties dépassant notre science actuelle.
Néanmoins, y a quand même un gros bémol, pas tant sur la science, mais sur l'utilisation de cette dernière par les militaires humains.

En effet, pour une planète se vouant à la guerre, les manœuvres militaires sont totalement ubuesques. Je veux dire, j'entends le sentiment de supériorité qui est présent à ce stade, mais sous-estimé son ennemi ne veut pas dire exposer l'ensemble de son armada à une défaillance de mode commun. Surtout quand on n'a pratiquement aucune info sur son ennemi alors qu'on sait que lui suit en quasi temps réel ce qui se passe chez vous.
Et surtout si tout le monde ne dépend pas d'un seul et même commandement.

Pour une civilisation supposée bien plus rusée que l'autre, on tombe bien trop facilement dans le panneau. En tant que lecteur⋅trice, j'ai hurlé en entendant les ordres émis...

Par ailleurs le titre de ce tome, La Forêt sombre, fait référence à une théorie qui fait froid dans le dos... et qui reste plausible au regard de nos connaissances actuelles. Cette théorie, bien que très amorale et qui peut clairement être discutée, n'en est que plus effrayante.

Note

Un 18/20 pour ce livre.
Suite d'un coup de cœur, ce livre, toujours très hard-science, continue très bien la lancée du premier tome.
Les théories exposées et les évolutions sociétales et technologiques décrites sont très intéressantes. L'histoire traîne un peu en longueur, mais n'empêche pas d'apprécier pleinement ce livre qui, si on n'est pas allergique à la hard-science, vaut vraiment le coup.

On se revoie pour la suite ?

Série : La Trilogie des trois corps

  1. Le Problème à trois corps (avis)
  2. La Forêt sombre (avis)
  3. La Mort immortelle (non lu)
  • HS 1. Le Problème à trois corps X ou La Rédemption du temps (non lu)

Les Tentatules du mal - Les Mondes d'Ewilan, tome 3 / Pierre Bottero

Couverture livre - critique littéraire - Les Tentacules du mal, tome 3 des Mondes d'Ewilan de Pierre Bottero

Récit

Avec ses amis, Ewilan poursuit son périple vers Valingaï afin de rendre Illian à sa famille, retrouver ses parents et contrer la méduse qui envahit l’Imagination.

Parvenus à Hurindaï, cité-état qui subit les assauts de l’armée de Valingaï et la magie des prêtres d’Ahmour, ils manquent y être tués.
Ils reprennent leur voyage jusqu’à Valingaï, la mystérieuse cité où ils sont emprisonnés.

Sur le sable de l’arène, les destins d’Ewilan, de ses compagnons et de la Sentinelle félonne Eléa Ril’ Morienval sont-ils scellés ?

Avant-propos

Suite de la lecture de cette saga à mes enfants, cette chronique se fait donc dans l'optique d'une lecture à des enfants et non pas une lecture adulte.

Impression

À la fin du second tome, on apprend qu'Ewilan est la dernière à être en aptitude de dessiner, et on sent bien qu'arrivera rapidement le duel entre la façon de dessiner de Gwendalavir et celle de ce continent. Est-ce la force brutale et implacable ou la délicatesse, la souplesse et la beauté qui saura s'imposer ?
Cruel dilemme pour mes enfants.

Ce tome conclue ce second arc en résolvant les différents éléments encore en place.
Le dénouement final avec Eléa, ainsi que les différents éléments expliquant son aversion particulière pour Ewilan.
La fin pour nos différents héros, ainsi que leur devenir (plus ou moins sombre).
Et bien évidemment le triomphe du Bien sur le Mal, ça va sans dire, on n'est pas dans le Dark Fantasy, aucun mystère là-dessus.

La plume de Pierre Bottero est toujours aussi belle, et le final dans l'arène amène à des dépassements de soi de la part de nombre de protagonistes, qui s'ils convenus dans le cadre d'un final de série, offrent de beaux effets et des situations qui restent dans la mémoire.

Un tome qui reste dans le convenu d'une fin de cycle High Fantasy pour enfants, mais qui le fait d'une très belle manière, et surtout accordant sa place à chacun des protagonistes, y compris Artis - ce qui n'était pas joué d'avance au regard de ses compétences.
Chacun aura sa fin, plus ou moins spectaculaire, mais une fin dans tous les cas.

Un petit point sans réelle importance dans le récit, mais qui m'a bien marqué⋅e, c'est la découverte des Fils du vent en une complémentarité avec la voie des Marchombres telle que décrite par Ellana et qui fait régner un vent de liberté et d'insouciance malgré les enjeux.

Note

Un 18/20 pour ce livre.
Une jolie fin, convenue mais convaincante, dans l'esprit de la High-Fantasy pour enfants. Cette fin clos le cycle et la majorité des questions soulevées depuis le premier tome de la saga.

Il va sans dire que j'ai été convaincu⋅e par ce cycle et qu'il me tarde de découvrir le Pacte des Marchombres qui devrait nous faire découvrir la vie d'Ellana et des Marchombres.

Série : Chroniques d'Ewilan - Univers de Gwendalavir

La Quête d'Ewilan

  1. D'un Monde à l'autre (avis)
  2. Les Frontières de glace (avis)
  3. L'Île du destin (avis)

Les Mondes d'Ewilan

  1. La Forêt des captifs (avis)
  2. L'Œil d'Otolep (avis)
  3. Les Tentacules du mal (avis)

Le Pacte des Marchombres

  1. Ellana (non lu)
  2. Ellana : l'envol (non lu)
  3. Ellana : la prophétie (non lu)

L'Autre

  1. Le Souffle de la hyène (non lu)
  2. Le Maître des tempêtes (non lu)
  3. La Huitième porte (non lu)

Romans indépendants

  • Les Âmes croisées (non lu)
  • Le Chant du troll (non lu)
  • Isayama (non lu)
  • Les Aigles de Vishan Lour (non lu)

La Forêt des captifs - Les Mondes d'Ewilan, tome 1 / Pierre Bottero

Couverture livre - critique littéraire - La Forêt des captifs, tome 1 des Mondes d'Ewilan de Pierre Bottero

Récit

Tandis que ses parents explorent des territoires sauvages de l’autre monde, Ewilan se retrouve prisonnière sur Terre d’une sinistre institution.
Au cœur de ce laboratoire clandestin, la Sentinelle félonne Eléa Ril’ Morienval fomente son retour en Gwendalavir qu’elle cherche plus que jamais à conquérir.

Réduite à l’impuissance par de terribles expériences, Ewilan ne peut compter que sur le courage de Salim pour s’échapper.

Avant-propos

Suite de la lecture de cette saga à mes enfants, cette chronique se fait donc dans l'optique d'une lecture à des enfants et non pas une lecture adulte.

Impression

Enfin le calme… Enfin pour certains plus que pour d'autres.
Les Ts’liches et Eléa Ril' Morienval ont été battues. Ewilan étudie à l'académie d'Al Jeit. Salim étudie sous la houlette exclusive d'Elanna. Les autres protagonistes ont retrouvé leurs occupations habituelles (certes pour Edwin, ça doit correspondre à sauver Gwendalavir, mais bon, on a les hobbies qu'on a, c'est pas bien de juger).
On se sent revenir dans le quotidien de jeunes gens étudiant et cherchant à apprendre.
On a grandi aussi. Manifestement le poids des épreuves passées a fait son œuvre sur la psychologie de chacun.

Cette fois-ci on rentre dans un livre traitant une thématique plus noire. Expérimentations subies, enlèvements et torture. C'est plus noir, mais ça n'a pas choqué mes enfants. De fait, si les thématiques sont abordées, les traits les plus durs sont passés sous silence et laisse au soin du lecteur de remplir les trous s'il en ressent le besoin.
Ça reste aussi un livre pour enfants : la crédibilité est soumise au consentement « goonies », c'est à dire que d'attaquer à deux une forteresse n'est pas un critère de non-faisabilité. Et les alliés arrivent à point nommé. On reste donc dans un récit pour enfants.

Ce livre se veut globalement plus psychologique. La psyché des héros est plus accessible et on peut y voir évoluer les conséquences des épreuves, passées et présentes, auxquelles nos héros ont été confrontés.
Une mention spéciale pour le personnage de Maximilien qui arrive à instaurer, avec ses terres, une aura de patience apaisante presque palpable à la lecture. Un moment fort agréable.

Difficile de raconter des éléments sur ce livre sans divulgâcher l'histoire. Cette dernière se passant principalement sur notre monde, pas de grande découverte en devenir, mais une histoire qui reste agréable à suivre, malgré les évidentes facilités scénaristiques.

Ce livre marque clairement une transition entre le précédent arc narratif et un nouveau. On grandit, mais on sent aussi poindre le danger, ce qui ne présage que du bon pour la suite.

Note

Un 18/20 pour ce livre.
Un livre qui se positionne en ouverture d'arc narratif, tout en faisant évoluer les personnages.
C'est toujours très clairement orienté jeunesse mais ça reste très bon.

Vite, vite, la suite !

Série : Chroniques d'Ewilan - Univers de Gwendalavir

La Quête d'Ewilan

  1. D'un Monde à l'autre (avis)
  2. Les Frontières de glace (avis)
  3. L'Île du destin (avis)

Les Mondes d'Ewilan

  1. La Forêt des captifs (avis)
  2. L'Œil d'Otolep (avis)
  3. Les Tentacules du mal (avis)

Le Pacte des Marchombres

  1. Ellana (non lu)
  2. Ellana : l'envol (non lu)
  3. Ellana : la prophétie (non lu)

L'Autre

  1. Le Souffle de la hyène (non lu)
  2. Le Maître des tempêtes (non lu)
  3. La Huitième porte (non lu)

Romans indépendants

  • Les Âmes croisées (non lu)
  • Le Chant du troll (non lu)
  • Isayama (non lu)
  • Les Aigles de Vishan Lour (non lu)

Les Frontières de glace - La Quête d'Ewilan, tome 2 / Pierre Bottero

Couverture livre - critique littéraire - Les Frontières de glace, tome 2 de la Quête d'Ewilan de Pierre Bottero

Récit

En Gwendalavir, Ewilan et Salim partent avec leurs compagnons aux abords des Frontières de Glace pour libérer les Sentinelles garantes de la paix. Ils repoussent en chemin les attaques de guerriers cochons, d’ogres et de mercenaires du Chaos, résolus avec les Ts’liches à tuer Ewilan, mais se découvrent un peuple allié : les Faëls. Salim se lit d’amitié avec une marchombre aux pouvoirs fascinants, tandis qu’Ewilan assoit son autorité et affermit son Don. Mais pour prétendre délivrer les Sentinelles, elle devra d’abord percer le secret du Gardien.

Avant-propos

Suite de la lecture de cette saga à mes enfants, cette chronique se fait donc dans l'optique d'une lecture à des enfants et non pas une lecture adulte.

Impression

Comme le premier tome, on reste dans un récit archétypal de high-fantasy jeunesse. De fait, le lecteur adulte trouvera sans doute l'histoire « facile », dans le sens où les obstacles rencontrés sont toujours assez facilement dépassés par la troupe, chacun aillant la bonne aptitude au bon moment à faire valoir.
Cela étant dit, quand j'en parle à mes enfants, c'est plutôt de l'anxiété à chaque épreuve qui ressort et du soulagement à leur résolution. Le public ciblé est donc parfaitement pris dans l'histoire, et cela m'a permis, par ailleurs, de ne pas avoir à rassurer les enfants sur le fait que les « Gentils » gagnent toujours dans les livres jeunesses.
On est donc parfaitement calibré sur le public cible. Par ailleurs, on peut noter que bien que l'histoire m'ait semblé facile, elle n'en reste pas moins intéressante à lire : on voit venir les dénouements à l'avance, mais l'histoire reste agréable à découvrir dans les détails.

Côté plume, on reste sur un niveau vocabulaire élevé pour de jeunes lecteurs. C'est toujours un point qui me satisfait : une lecture qui élève l'esprit tout en étant à portée du jeune lecteur.
Toujours des passages empreints d'humanité qui font aussi le charme de cette lecture « naïve ».

Côté histoire, on continue de découvrir l'univers de Gwendalavir de par la progression de notre équipée qui vont traverser plusieurs régions différentes de l'Empire. Une grosse claque concernant la description de l'Arche puis peu après de la capitale de l'Empire. C'est flamboyant tout en étant relativement concis dans la description.

Les relations entre nos personnages principaux continuent de se développer, et l'équipée récupère d'autres éléments au cours de leur quête. Le tout rassemblant des personnes d'origines sociologiques, raciale ou d'érudition différente, on sent bien, en tant qu'adulte, la volonté de promouvoir le respect des autres dans leur différence... D'autant plus que les différences sont, évidemment, ce qui permettra aux personnages de réussir à résoudre les embûches que le hasard ou les Ts'liches auront mis sur leur chemin.

Note

Un 18/20 pour ce livre.
Un très bon second tome. Toujours très clairement orienté jeunesse, le découvrir auprès de mes enfants est une vraie source de plaisir.
On continue de découvrir un univers intéressant en suivant une quête archétypale du genre de la High-Fantasy... Mais n'est-ce pas ce qu'il faut pour faire découvrir le genre à un lectorat qui n'est pas censé avoir particulièrement de référence dans le domaine ?

La réussite du premier tome se confirme clairement, et la lecture reste toujours agréable pour un adulte qui s'attend à une histoire jeunesse.

Série : Chroniques d'Ewilan - Univers de Gwendalavir

La Quête d'Ewilan

  1. D'un Monde à l'autre (avis)
  2. Les Frontières de glace (avis)
  3. L'Île du destin (avis)

Les Mondes d'Ewilan

  1. La Forêt des captifs (avis)
  2. L'Œil d'Otolep (avis)
  3. Les Tentacules du mal (avis)

Le Pacte des Marchombres

  1. Ellana (non lu)
  2. Ellana : l'envol (non lu)
  3. Ellana : la prophétie (non lu)

L'Autre

  1. Le Souffle de la hyène (non lu)
  2. Le Maître des tempêtes (non lu)
  3. La Huitième porte (non lu)

Romans indépendants

  • Les Âmes croisées (non lu)
  • Le Chant du troll (non lu)
  • Isayama (non lu)
  • Les Aigles de Vishan Lour (non lu)

Les Tours de minuit - La Roue du temps, tome 13 / Robert Jordan et Brandon Sanderson

Couverture livre - critique littéraire - Les Tours de minuit, tome 13 de la Roue du temps de Robert Jordan et Brandon Sanderson

Récit

La Roue du temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leur sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes.

Alors que des hordes de Trollocs déferlent de la Flétrissure, les premières secousses de l’Ultime bataille ébranlent une partie du monde. Les sceaux de la prison du Ténébreux faiblissant de plus en plus, la Trame elle-même menace de se détisser.

Hanté par les fantômes de son passé, Perrin est dans une impasse. Pour en sortir, il devra dominer le loup qui est en lui. Sinon, il se perdra à jamais dans la folie qui a déjà détruit plus d’un homme aux yeux jaunes.

Avec ses alliés, Mat se prépare au défi le plus risqué de sa vie. Car la tour de Ghenjei l’attend avec ses secrets, ses dangers… et ses surprises.

Le dénouement approche. Il est temps de jeter les dés.

Impression

Côté écriture, on reste dans le même ton que le douzième. Ciselé, vif, rapide. Que du très bon donc.

Côté histoire, si le précédent tome laissait la part belle à Rand et Egwene, dans ce tome, c'est au tour de Mat et Perrin d'être à l'honneur. Enfin à l'honneur, disons qu'ils rattrapent la Trame, vu que chronologiquement, les événements de ce tome se passent en même temps, voir avant, le précédent.
Une fois qu'on a compris ça, ça se déroule bien, mais j'avoue qu'on s'en aperçoit au détour d'une conversation qui ne colle pas avec ce qu'on sait, ça aurait pu être plus marqué pour ne pas perdre le lecteur. Car même si ce n'est pas la première fois que le procédé est employé (le nettoyage du Saidin par Rand et Nynaeve en est un bon exemple), il ne touchait que quelques éléments éparts et en toile de fond.

Mat va clore une grande partie des intrigues qui tournent autour de lui, à savoir :

  • La première évidente concernant Moraine Sedai, où Mat (et ses 2 autres compagnons - d'ailleurs j'ai été étonné⋅e de ne pas voir Olver se la ramener) va devoir affronter son destin dans la tour des Renards et serpents.
  • La seconde concernant les cloches et les canons : arrivera-t-il à faire fabriquer ses fameux canons, et surtout, à quel prix ?
  • Enfin on connaîtra le fin mot de l'histoire concernant Verine Sedai et sa fameuse lettre. Et où on verra que l'orgueil des Aes Sedai reste toujours démesuré et que manifestement, Mat a de la concurrence côté prise de risque et flambage (sic).

Le traitement de ces intrigues se fait de manière naturelle, et il est toujours vraiment sympa de suivre Mat (oui c'est mon chouchou de l'histoire, je n'ai pas d'objectivité).

Côté Perrin, les choses se décantent, le personnage grandit et va enfin faire des choix et s'assumer. Là encore, on va régler ce qui traîne :

  • entre sa femme et lui (et ce n'est pas trop tôt) ;
  • entre les loups et lui (bis repetita) ;
  • entre les Blanc manteaux et lui ;
  • son statut dans la géopolitique du coin. Parce que bon, on a quand même un forgeron à la tête d'une force insurrectionnelle, presque à la tête d'une des armées du Dragon réincarné (quand les matriarches sont dans le coin, il ne faut pas trop se faire d'illusion) et ayant un pays comme vassal, tout en trimballant la mère de la reine du pays dont il dépend officiellement...

Egwene va avoir à traiter les Couteaux laissés par les Seanchaniens après leur retraite. Mais j'avoue que cette partie m'a laissé sur la faim. Egwene est vraiment devenue Aes Sedai jusqu'au bout des ongles, et le traitement de cette menace et de l'histoire associée m'a semblé particulièrement idiot de sa part. Comme quoi, le pouvoir corrompt bien tout.

Rand semble réussir à faire la paix avec lui-même et semble presque prêt pour l'Ultime bataille.

On fera aussi un petit tour côté des pays du Nord, où Lan fait sa chevauchée contrainte, où la Flétrissure déborde et où bien peu semble pouvoir être sauvé.
On aura aussi une vue sur la façon dont le Car'a'carn risque (va ?) détruire les Aiels.

Brandon Sanderson rassemble dans ce tome l'écheveaux d'intrigues encore en suspens et en résout un certain nombre en vue de tout mettre à plat pour le dernier tome, pour l'Ultime bataille donc.
L'ensemble se fait de manière cohérente, sans Deus ex machina, ce qui est très agréable, et de manière plutôt intelligente : on sait tous que le dernier tome sera l'Ultime bataille, il met donc les choses à plat pour s'y préparer.
Au final, il resterait (liste non exhaustive et basée sur mes seules déductions) :

  • Le positionnement de la femme de Mat dans le conflit, sachant qu'elle entend soumettre le Dragon réincarné à un a'dam.
  • Le rapport de force d'Egwene contre Rand sur le sort des derniers sceaux du tombeau du Ténébreux (même si selon moi, c'est plié d'avance face à un taveren - seule la Fille des Neuf lunes a su y résister jusqu'à présent).
  • N'oublions pas Fain, qui a toujours une dent (dague ?) contre Rand et qu'il ne faut sans doute pas oublier.
  • De la même façon, il y a Quelque chose de pourri au royaume de la Tour noire (oui, y a de la subtilité dans le titrage) - et Mazrim Taim est soit un Réprouvé en mission d'infiltration, soit doit au moins avoir des liens avec l'un d'entre eux.
  • Le rôle que Moiraine Sedai va s'accaparer... je n'imagine pas qu'on l'ait sortie des délices de la tour pour rien...
  • Les plans de Cadsuane Sedai, parce que même si elle semble rouler pour le côté de la Lumière, elle a les idées bien arrêtées, et on dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions.
  • Le plan du Nae'blis Moridin (aka Ishamael) qui ne s'amuse certainement pas à foutre la honte aux autres Réprouvés pour le plaisir (enfin pas que j'imagine). D'autant qu'il est un stratège, contrairement à d'autres, et qu'il tient à prendre la belle sur Rand / Lews Terrin.
  • Les ogiers... je doute que Loial soit parti faire un discours pour rien. Et quand on voit ce que peuvent faire les Jardiniers de l'Impératrice (puisse-t-elle être éternelle), je doute que ça ne soit le fruit du hasard.
  • Enfin, que va faire Lanfear, maintenant Cyndale de ce que j'en comprends, qui a sans doute une dent contre Rand ( dont elle est folle (au sens premier) amoureuse) mais qui éprouve sans doute bien pire à l'encontre de Moridin vu comme il la traite - d'autant plus qu'à première vue, ce n'est pas le Grand Seigneur qui est intervenu pour son retour, et ça doit donc résulter d'un mauvais souhait auprès des Renards...

Note

Un 18/20 pour ce treizième tome.
Très bon opus qui réussie à remettre en place les pièces de l'Ultime bataille à venir, s'en sacrifier à la résolution d'intrigues en cours. Un très bon opus, bien qu'un brin moins enthousiasmant que le précédent (mise en place oblige) qui présage que du bon pour l'Ultime tome.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

D'un Monde à l'autre - La Quête d'Ewilan, tome 1 / Pierre Bottero

Couverture livre - critique littéraire - D'un Monde à l'autre, tome 1 de la Quête d'Ewilan de Pierre Bottero

Récit

Quand Camille vit le poids lourd qui fonçait droit sur elle, elle se figea au milieu de la chaussée. Son irrépressible curiosité l'empêcha de fermer les yeux et elle n'eut pas le temps de crier… Non, elle se retrouva couchée à plat ventre dans une forêt inconnue plantée d'arbres immenses.

Te voici donc, Ewilan. Nous t'avons longtemps cherchée, mes frères et moi, afin d'achever ce qui avait été commencé, mais tu étais introuvable…

Avant-propos

Et voilà que je commence à chroniquer une série jeunesse. Que m'arrive-t-il ? Et bien simple : enfin mes enfants sont en âge de partager cette lecture avec moi, et c'est donc avec un grand plaisir que j'ai choisi de découvrir cette série avec eux - cet auteur revenant très régulièrement dans les bons conseils fantasy en jeunesse.
Montez donc avec nous dans cette session lecture, regardée à l'aune du public qu'il vise : les enfants.

Impression

Ce livre est une ode à la high-fantasy jeunesse.
Une héroïne qui découvre ses pouvoirs. Un empire à sauver. Des ennemis facilement identifiables, à priori aux motivations claires et nettes. Une tripotée d'aides pour guider notre héroïne sur le chemin que le destin trace pour elle.
Oui on est dans l'archétype de la high-fantasy. Mais, c'est clairement de la bonne came au regard du public visé.

L'héroïne, Camille ou Ewilan selon, est l'archétype du héros : pure, intelligente, se voyant imposer son destin et dotée d'une grande puissance.
Elle est accompagnée de son compagnon de voyage, Salim, antinomique en bien des aspects, mais surtout très complémentaire.
Je passe les compagnons de quête qu'elle se découvre, chacun ayant une psychologie stéréotypée mais clairement reconnaissable et relativement fouillée - pas de surprise sur le sujet.

Côté univers, on a en premier lieu notre monde, vu côté petite ville en périphérie de Paris avec ses clivages sociétaux : pauvreté / richesse, racisme, faits divers. C'est amené, je trouve, de manière subtile. Ça dépeint notre univers connu, en mettant en avant ces clivages, sans trop insisté dessus. Comme un décor planté qui donne un aspect de réalité, sans qu'on ne fasse le focus dessus. Pour l'adulte c'est évident, mais ça permet aux enfants de se poser quelques questions sur la « justice » de tout cela.
En second lieu on y découvre le monde de Gwendalavir (enfin une partie de ce monde). Ce dernier est bien amené. On le découvre in media res, puisqu'on l'appréhende en suivant Camille qui n'a aucun souvenir d'y avoir déjà mis les pieds par le passé.
Rien de très original pour ceux qui connaissent la thématique, mais sa découverte est joliment orchestrée. Sans être d'une variété importante, le monde décrit est loin d'être anecdotique et donne matière à faire travailler l'imagination des jeunes lecteurs, les dépaysant sans pour autant les perdre.

Côté histoire, on est sur du classique, mais bien orchestré. L'histoire ne bouge ni trop rapidement (on n'est pas dans un triller) ni se complaît dans des descriptions. Ça avance au rythme des découvertes, des aventures et des réflexions. Rien qu'un lecteur adulte ne voit pas venir à des kilomètres, mais qui a su tout de même m'intéressé⋅e et surtout conquérir les enfants.

Côté plume, c'est le point surprise du livre. Même si c'est clairement écrit à la destination de jeunes lecteurs, le vocabulaire y est somme toute élevé. C'est un parti pris que j'ai beaucoup aimé : ça donne l'impression que l'auteur ne prend pas les jeunes lecteurs pour des idiots et leur permet d'acquérir du vocabulaire en profitant d'une belle histoire. C'est top.
Rajoutons des passages empreints d'humanité qui passent tout seul auprès des enfants mais qui offre une vision touchante pour le⋅a lecteur⋅rice plus adulte.

Au final, on a un tome clairement orienté jeunesse. L'histoire, la psychologie des personnages et la structuration de l'histoire sont clairement destinées à ce public. Pour autant la simplicité qui en découle n'altère aucunement l'intérêt de suivre l'histoire, ni d'y ajouter des pointes de poésie qui font que l'adulte y trouve aussi son compte.

Note

Un 18/20 pour ce livre.
Un excellent premier tome. Clairement orienté jeunesse, le découvrir auprès de mes enfants est une vraie source de plaisir.
L'histoire certes rentre dans l'archétype d'une histoire de high-fantasy, mais n'est pas pour autant plaisante à découvrir.
C'est donc une véritable réussite que ce premier tome, répondant clairement à son public, mais aussi au-delà dès lors qu'on ne s'attend pas à y trouver un récit machiavélique.

Série : Chroniques d'Ewilan - Univers de Gwendalavir

La Quête d'Ewilan

  1. D'un Monde à l'autre (avis)
  2. Les Frontières de glace (avis)
  3. L'Île du destin (avis)

Les Mondes d'Ewilan

  1. La Forêt des captifs (avis)
  2. L'Œil d'Otolep (avis)
  3. Les Tentacules du mal (avis)

Le Pacte des Marchombres

  1. Ellana (non lu)
  2. Ellana : l'envol (non lu)
  3. Ellana : la prophétie (non lu)

L'Autre

  1. Le Souffle de la hyène (non lu)
  2. Le Maître des tempêtes (non lu)
  3. La Huitième porte (non lu)

Romans indépendants

  • Les Âmes croisées (non lu)
  • Le Chant du troll (non lu)
  • Isayama (non lu)
  • Les Aigles de Vishan Lour (non lu)

Le Poignard des rêves - La Roue du temps, tome 11 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - Le Poignard des rêves, tome 11 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

La Roue du Temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leur sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes.

Prisonnière des Shaido dans la cité de Malden, Faile use de toutes ses armes pour survivre. Résolu à la sauver, Perrin commet l’impensable : pactiser avec les Seanchaniens à l’insu de Rand. L’équivalent de vendre son âme au Ténébreux ? Peut-être, mais la vie de sa femme n’a pas de prix.

Sur les routes de l’Altara, Mat tente d’échapper aux Seanchaniens et continue de courtiser la Fille des Neuf Lunes. Mais face à cette beauté-là, tout ce qu’il croit savoir sur les femmes ne sera pas suffisant.

Pour Rand, retranché en Tear, Egwene, prisonnière à la Tour Blanche, et Elayne, sur le fil du rasoir à Caemlyn, tout se complique encore… alors que l’Ultime Bataille approche.

Impression

Dernier tome écrit par Jordan himself puisqu'il décédera en 2007 des suites d'une maladie orpheline. Il a néanmoins laissé des notes pour qu'un autre que lui puisse terminer sa saga s'il n'arrivait pas à la finir lui-même. Cela nous permettra de découvrir la fin de cette saga sur la base de ses propres idées, Brandon Sanderson ayant repris le flambeau pour nous faire découvrir la fin.

Ce tome marque un renouveau dans la narration. Les pièces ayant été placées dans le précédent tome, les choses vont s'accélérer.

Rand va se voir mis à l'épreuve. Les alliances qu'il essaye de forger n'arrivent pas à la conclusion qu'il désire et surtout, malgré qu'il ait purifié la Source masculine, son état ne semble pas s'améliorer. De même quant à son état mental qui est mis en avant, ce qui ne va pas dans le sens de l'apaisement des craintes sur la folie de Rand. Les craintes se font de plus en plus prégnantes avec l'approche de Tarmon Gai’don et des signes qui en annoncent l'arrivée, si l'on en croit les prophéties (mais qui se sont plutôt révélés très précises jusqu'à présent). D'autant qu'il est difficile de savoir qui est le pire ennemi de Rand : Cadsuane, les Aes Sedai, les Seanchaniens, Taim, Lews Therin, les Réprouvés ou bien Rand lui-même ? Oui, il en a des ennemis ou alliés douteux à gérer sur ses épaules ce pauvre berger. Heureusement, sans doute, qu'il sait pouvoir compter sur Min... sauf pour ce qui s'agit de lui obéir (mais ça lui rappelle sans doute la maison vu le comportement d'Egwene et Nynaeve).

Du côté de Perrin ça se décante enfin. Fini de compter les jours depuis sa séparation avec Faile, il est temps de recoller les morceaux ou bien de mourir en s'y essayant. Prêt à tout, il a fait alliance avec des alliés peu recommandables. Aussi qui du Prophète, des Seanchaniens ou des Shaido faut-il se méfier le plus ? Arrivera-t-il à tirer son épingle du jeu ?
Et côté Faille, aura-t-elle réussi à survivre le temps que Perrin arrive ? Se sera-t-elle fait la malle avant que son époux ne vienne la délivrer ?
En tout état de cause, vous aurez la réponse dans ce tome.

Mat quant à lui, cherche à honorer sa promesse de ramener sa sans-doute future promise aux Seanchaniens. Oui mais ces derniers lui compliquent la tâche quand il devient manifeste que ceux qui recherchent Tuon ne semblent pas particulièrement lui vouloir le plus grand bien - sans doute en lien avec la subite mort de l'Impératrice et de toute sa descendance, Tuon mis à part. Même en retrouvant la Compagnie de la Main Rouge et avec ses dons en stratégie militaire, saura-t-il combattre les troupes de l'Impératrice à la recherche de Tuon ?
Mieux, saura-t-il se dépêtrer des rets dans lesquels Tuon semble s'amuser à emmêler Mat ?
En tout cas, pour la première fois, on a accès à Tuon en tant que narratrice, ce qui donne un changement de perspective savoureux ainsi qu'un début de réponse sur ses agissements.

Côté Elayne, les choses se décantent aussi. Les alliances politiques se font et se défont et les batailles s'engagent. En tout cas, ça bouge enfin aussi de ce côté, ainsi que du côté de l'ost des Frontaliers.

Un très bon moment s'ouvre à nous avec Egwene. Celle-ci prisonnière, loin de désarmée, mène le combat à sa façon pour tenter de gagner la bataille de la Tour Blanche depuis l'intérieur. Y réussira-t-elle sans y laisser la vie ? En tout cas, elle sait transformer une défaite avec sa capture en une opportunité et on voit à quel point elle a réussi à prendre sur elle le rôle d'Amyrlin, et c'est bien d'égale à égale qu'elle compte se mesurer à Elaida.

Les Manteaux blancs ne semblent quant à eux pas avoir dit leur dernier mot, et on assiste à un tournant qui pourrait les faire revenir dans la danse. Reste à savoir de quel côté ils risquent de faire pencher la balance.

Enfin Taim et ses suivants semblent bien vouloir rentrer dans la danse, et manifestement il n'a pas abandonné ses espoirs d'être lui-même le vrai Dragon Réincarné. Est-ce que former des Asha’man valait le risque qui semble émerger ?

Et pour finir, une ola pour Nynaeve qui avec Lan réussi un superbe coup qui me semble aussi important pour le futur que la montée en grade de Tuon elle-même.

Note

Un 18/20 pour ce onzième tome.
Ça y est, tout se décante, les choses se mettent en mouvement, et c'est du très bon qui nous arrive. Certaines situations se clarifient, d'autres moins, mais les signes ne trompent pas, l'heure de Tarmon Gai’don s'approche et les forces de la Lumière ne semble clairement pas être encore à la hauteur de la tâche qui les attend.
Il n'y a plus qu'à espérer que la suite, faite certes par un superbe auteur et sur les notes de Jordan, saura donner une fin à la hauteur de ce qui a été créé et mis en branle.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

Une Couronne d'épées - La Roue du temps, tome 07 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - Une couronne d'épées, tome 7 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

Après avoir échappé à la Tour Blanche, Rand a réussi un exploit : obtenir la fidélité de certaines Aes Sedai renégates. Mais il est toujours pris en tenaille entre les Suppôts des Ténèbres et les Seanchaniens, une pression dont il se passerait bien alors qu'il réunit ses forces pour s'attaquer au bastion de Sammael.

De leur côté, Elayne et Nynaeve cherchent un moyen de briser l'emprise du Ténébreux sur le climat. Quant à Egwene, elle conduit une armée vers Tar Valon.

L'Ultime Bataille approche.

Impression

Un tome plus centré politique. Je vous avais parlé de Rand qui jonglait avec ses conquêtes ? Et bien peut-être a-t-il rajouter le couteau de trop. En tout cas, ça donne pas mal de personnage aux intentions plus ou moins claires à gérer. Moi j'adore, mais ça peut perdre certain⋅e⋅s lecteur⋅rice⋅s.

Dans ce tome, on retrouve nos amis Seancheaniens qui ne vous veulent que du bien, pourvu que vous juriez fidélité à l'Impératrice, ce qui n'arrange pas top les affaires de Rand en plein dans sa campagne pour la conquête de l'Illian et de comment débusquer Samael de sa place forte sans y perdre la vie.
Heureusement la venue de Min semble parfois lui redonner le sourire parce que le fait d'essayer de frayer avec les Aes Sedai après s'être fait enfermé et molesté lui est quelque peu difficile. Et l'arrivée de la légendaire Cadsuane dans ce jeu de quille n'est pas pour simplifier tout cela.

Côté filles, Elayne et Nynaeve partent défier le Ténébreux et sa modification du climat. Toujours aussi têtes de mule et mauvaise foi, nous aurons toutefois l'immense bonheur de les voir devoir s'excuser auprès de Mat, et même lui demander un petit coup de main. Dire que ça leur coûte est un euphémisme.
Ah et oui, Lan revient dans le coin.

Egwene, après avoir été élue Chair d'Armylin en exil, cherche avant tout à ne pas se faire manipuler comme le pantin que les Aes Sedai veulent qu'elle soit et accessoirement trouver une armée pour reconquérir la Tour Blanche. Un programme ambitieux que la prise de la seule ville ayant résister aux aiels et même à Arthur Pendrag lui-même.

Enfin, on retrouve Mat, qui comme à son habitude, a le don pour se mettre dans des situations difficiles. Et pour une fois, il semble avoir trouvé quelqu'un à la hauteur de ses talents. Un véritable plaisir (et pas - que - parce que Mat est mon personnage préféré).
Le final du tome le concernant est haletant.

On passera aussi un peu de temps auprès du peuple de la Mer et de ses mystères.

Note

Un 18/20 pour ce septième tome.
Un tome fort réjouissant pour ceux qui n'ont pas du mal à suivre les multiples interlocuteurs. Le final des filles et de Mat est haletant. Celui de Rand beaucoup moins - sans doute parce qu'on l'attend depuis déjà quelques temps. Un très bon tome après un précédent tome par trop statique.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

Le Dragon réincarné - La Roue du temps, tome 03 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - Le Dragon réincarné, tome 3 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

Rand al’Thor se résigne peu à peu à son sort : il est le Dragon réincarné, que ça lui plaise ou non, et il devra honorer son rendez-vous avec le Ténébreux – une sanglante affaire de gloire, d’honneur et de salut du monde.
Totalement dépassé par ses nouveaux pouvoirs, il décide alors de laisser ses amis derrière lui et de partir seul pour Tear, la fabuleuse cité où l’attend Callandor, l’épée légendaire qu’il est censé brandir lors de l’Ultime Bataille. C’est là que les fils du destin se noueront une fois pour toutes…

Impression

Dans la continuité des deux premiers tomes, ce tome va se focaliser sur les autres personnages que Rand bien que ce dernier sera toujours présent, au moins en filigrane. Ce qui est très bien car ainsi le Dragon Réincarné laisse de la place a ses ami⋅e⋅s d'enfance qui ont, d'évidence, tous leur importance dans la Trame que veut tisser la Roue. Mais du coup j'ai trouvé que le titre du livre était moins approprié pour ce tome-ci, même si la justification de ce titre est assez évidente au regard des actions à Tear.

On reste toujours sur le fil rouge de la lutte du Bien contre le Mal mais les zones de gris s'étendent sur qui fait partie de quel camps, ce qui est de nature à renforcer les intrigues tant politique⋅s que d'alliance⋅s que nos héros vont découvrir au fil de leurs aventures.

L'auteur continue de développer son univers. Nouvelles régions, nouveaux peuples, nouveaux comportements. Un plaisir que de découvrir ces us et coutumes par les yeux de nos paysans. Qui plus est quand elles sont aussi différentes des peuples déjà découverts précédemment.
C'est vraiment une grande force de ce récit que de réussir à décrire tous ces peuples différents et leurs interactions.

Tout ça sans parler des nouvelles menaces qui émergent, et toujours cette recherche de compréhension de ce que signifie les Prophéties et des façons d'apprécier le verbiage des Aes Sedai.

Les personnages restent toujours bien fouillés et continuent à évoluer. Toutefois il est bon de relever que la confrontation homme / femme, qui se retrouve de facto à travers le Pouvoir des hommes (souillés, rendant fou et inconnu) et des femmes (pur et connu), est par contre par trop insistant notamment vis à vis du comportement des filles de Deux-Rivières qui manient la mauvaise foi comme les Aes Sedai les demi-vérités.
Un peu c'est sympa, trop c'est redondant. Cela dit, pas assez pour rendre la lecture désagréable ni même rompre la magie de l'histoire qui est contée.

Comme précédemment, l'écriture de l'auteur est fluide et agréable. Il arrive à la fois à rendre des descriptions précises de son monde, et à le faire vivre au travers de scènes plus actives.

Ce tome continue dans le chemin tracé par le second tome.
L'ensemble présente toujours un souffle épique et on ne peut que se demander, à la fin de ce troisième tome, dans quels nouveaux problèmes ils vont réussir à s'empêtrer en voulant soit porter leur fardeau, ou au contraire le refuser.

Note

Un 18/20 pour ce troisième tome.
Très jolie suite qui poursuit le sillon du second tome en vue de continuer cette histoire qu'on ne peut que désirer continuer.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

La Grande Quête - La Roue du temps, tome 02 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - La Grande Quête, tome 2 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

La Roue du Temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leur sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes.

À peine arrivé à la forteresse de Fal Dara, le jeune Rand n’a déjà qu’une idée en tête : fuir les noirs secrets qu’il a appris sur lui-même. Moiraine, la puissante magicienne qui seule pourrait lui fournir des réponses, l’évite désormais comme la peste.
Rand sait qu’il devrait quitter ces lieux, partir où personne ne le connaît et où il ne pourrait faire aucun mal. Mais il est trop tard : les Aes Sedai l’ont enfermé et son seul espoir d’obtenir de l’aide à présent est Egwene, la femme qu’il pensait épouser un jour… et qui est en train de devenir elle-même une Aes Sedai.

Impression

Toujours dans la High-fantasy avec ce tome 2. Mais on se démarque du Tolkien-like, puisque les personnages principaux ayant été introduit dans le tome 1, l'auteur peut densifier son univers, déjà bien développé, en nous introduisant des éléments spécifiques à l'univers et qui tendent par ailleurs à complexifier la trame d'ensemble - ce qui est agréable tant l'univers se prête à avoir une histoire un minimum tortueuse et faite de rebondissements.
On reste toujours sur le fil rouge de la lutte du Bien contre le Mal... même si on commence à découvrir plus amplement que les méchants ne sont pas nécessairement ceux que l'on croit, voir ce qu'on croit. Et inversement.

Côté univers, on est très bien servi : le monde complexe déjà présenté dans le premier tome continue de vivre sous nos yeux et l'auteur rajoute de quoi le densifier et joue avec le lecteur en mettant quelques éléments propices aux retournements de situation. Pas d'incohérence, et les éléments supplémentaires s'insèrent dans la trame sans aucun accroc, qu'ils soient là pour consolider nos connaissances de l'univers ou pour apporter de nouveaux enjeux / protagonistes.

Les personnages restent toujours bien fouillés, et on a le plaisir de les voir évoluer - principalement les amis de Rand dont le côté Taveren est mis en valeur au même titre que la place du Dragon Réincarné.

Concernant Mat, Rand et Perrin, on pourra d'ailleurs noter une constante qui se comprend : ils refusent ce qui leur arrivent. Plutôt logique quand on voit ce qui leur tombe sur le coin du nez - surtout qu'on insiste lourdement pour leur faire comprendre qu'ils doivent sauver le monde... et que tout est déjà écrit. Enfin on se comprend : tout est déjà écrit sur ce qu'ils doivent faire. Pas sur le comment, le pourquoi, à quel prix, etc.
Leur refus de leur situation « dirigée » est donc cohérent, et n'évolue pas de la même façon pour chacun d'eux ce qui est agréable.
Il est juste un poil dommage que, sachant qu'ils sont têtus, ça les pousse à faire régulièrement l'opposé de ce qu'il faudrait faire. Cela peut agacer il est vrai, néanmoins si on se rappelle que les héros arrivent tout juste à l'âge d'adulte, qu'ils sont coachés par Moiraine Sedai dont la pédagogie consiste principalement à te dire que tu dois faire ce qu'on te dit et qu'elle n'a pas à se justifier et encore moins expliquer. J'en connais plus d'un⋅e qui réagirait par le rejet.
Ça n'évitera pas de vouloir distribuer des baffes à nos adolescents, comme il se doit, tant les rustres conseils sont tout de même fait avec bon sens (du moins en général).

Un point tout de même, c'est la place des femmes en général chez Jordan : leur attitude montre qu'elles ont toujours raison sur la gente masculine. Ce point en lui même n'est pas spécifiquement bloquant, mais il a tendance à être un poil redondant, ce qui est dommage car peut desservir une position féministe de la High-Fantasy.

Avec tout ceci, on rajoutera qu'il faut toujours en profiter pour décortiquer les phrases prononcées par les Aes Sedai qui ont toujours l'obligation de dire la vérité... enfin « selon un certain point de vue » comme dirait un certain maître Jedi. Tout reste dans la subtilité et il est amusant de chercher à savoir à quel point la vérité a été déformée (ou pas) dans ces propos.

L'écriture de l'auteur est fluide et agréable. Il arrive à la fois à rendre des descriptions précises de son monde, et à le faire vivre au travers de scène plus active.

Ce tome est plus actif que le précédent, l'univers et les personnages étant posés, l'histoire peut donc s'envoler à un rythme moins contemplatif, même si les descriptions restent de mises, mais toujours en apportant des informations sur l'univers, ce qui ne me les rend pas indigestes.
L'ensemble présente toujours un souffle épique, le final étant à la fois sympathique à cet effet, et ouvrant plein de questions pour la suite.

Note

Un 18/20 pour ce second tome.
Jolie suite qui sait conter une aventure, tout en ajoutant de la connaissance sur l'univers, et sans fausse note d'intégration.
Cet ouvrage fait plaisir à lire et j'attaquerai la suite avec plaisir.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

L'Œil du monde - La Roue du temps, tome 01 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - L'Œil du monde, tome 1 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

La Roue du Temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leur sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes.

C’est la Nuit de l’Hiver dans la contrée de Deux-Rivières et, en ce soir de fête, l’excitation des villageois est à son comble. C’est alors qu’arrivent trois étrangers comme le jeune Rand et ses amis d’enfance Mat et Perrin n’en avaient jamais vu : une dame noble et fascinante nommée Moiraine, son robuste compagnon et un trouvère.

De quoi leur faire oublier ce cavalier sombre et sinistre aperçu dans les bois, dont la cape ne bougeait pas en plein vent…
Mais, quand une horde de monstres sanguinaires déferle et met le village à feu et à sang, la mystérieuse Moiraine devine qu’ils recherchaient quelqu’un : pour les trois amis l’heure est venue de partir. Car la Roue du Temps interdit aux jeunes gens de flâner trop longtemps sur les routes du destin...

Interlude

Pour ceux qui auraient découvert cette saga via la série TV, sachez que même si dans l'ensemble la première saison reste « dans l'esprit » du tome 1, il en diverge assez rapidement (comprendre dès le trailer). Les faits restent globalement les mêmes, mais au-delà des habituelles restrictions liées au portage à l'écran, des éléments parfois important pour la trame de l'histoire sont modifiés, dont certains de manière peu compréhensible pour votre dévoué⋅e contributeur.
Bref, hésitez pas à lire ce livre même en ayant vu la série, non seulement vous comprendrez plein de choses bien mieux, mais des évènements majeurs y différent... de quoi vous conserver de la surprise.

Impression

Bienvenue dans de la High-fantasy à la papa comme on pourrait dire. Dans la droite lignée de Tolkien, on s'offre avec cette saga une plongée dans la high-fantasy dans ce qu'il y a de plus pure.
La lutte du Bien contre le Mal, ici de la Lumière contre les Ténèbres, est clairement le fil rouge de cette saga que débute ce tome. Pour rester dans l'archétype, on suivra les aventure de 5 paysans qui se découvrent un destin pour sauver le monde.
La petite touche originale par rapport au modèle de Tolkien : une foison de personnages dont il est difficile de garantir à qui va leur fidélité.

Côté univers, on est très bien servi : un monde complexe se dessine dans ce premier tome, monde qu'on apprend à connaître en même temps que les personnages principaux, car il faut bien dire qu'ils étaient à l'abri de la plupart des ennuis dans leur village reculé de tout.
Le monde dépeint est grand, et l'auteur prend bien soin d'inculquer des différences ne serait-ce qu'à l'échelle des villages entre eux, où l'on retrouve cette rivalité avec le village voisin qui est complètement « différent », comme de bien entendu... mais où les personnages découvriront bien vite que ces différences ne sont rien par rapport à celles qu'ils découvriront en parcourant le monde.
Pour instaurer cet univers il y a forcément beaucoup de descriptions, mais je n'ai personnellement pas eu à m'en plaindre. La découverte du monde les nécessite d'une part, et elles s'alternent bien avec les séances plus actives, ce qui les rend réellement intégrées au récit.

Les personnages sont bien fouillés, leur psychologie bien décrite.
On y retrouvera principalement nos 5 autochtones à savoir :

  • Rand, Mat et Perrin : 3 amis d'enfances (et ils en sortent à peine). Différent les uns des autres, et pourtant lier par une indéfectible amitié. Ils ont chacun leurs qualités et leurs défauts, qui se complètent (pour le meilleur comme pour le pire).
  • Nynaeve la sage-dame (autrement dit la guérisseuse) : une forte tête (en partie du fait de l'accession à son rôle à un âge fort réduit) qui compte bien guider tout le monde à la baguette et malheur à celui qui ira contre son avis. Un personnage à la fois très appréciable, mais dont le caractère est parfois par trop tranché si je puis m'exprimer ainsi.
  • Egwene, la « promise » de Rand. Personnage que j'aime le moins car très « enfant gâté » je trouve, mais qui a son importance dans le récit.

À tout ceci, on rajoutera la nécessaire Moiraine, Aes Sedaï (magicienne) de son état, qui va venir sauver, ou bien manipuler je vous laisse juge, ces jeunes gens dans un but qui s'éclaircira au fil du récit et son fidèle Champion que l'on nommera Face de pierre, parce que ça lui sied bien. Notez que les Aes Sedaï ne peuvent mentir... Ce qui ne les empêche pas de tordre la vérité selon leur besoin. Il est d'ailleurs assez intéressant de prendre bien soin d'étudier les réponses de Moiraine aux différentes questions... Tout est dans la subtilité.

L'écriture de l'auteur est fluide et agréable. Il arrive à la fois à rendre des descriptions précises de son monde, et à le faire vivre au travers de scène plus active.

Ce tome reste soft dans l'histoire. Elle monte tranquillement en intensité et les forces en présence sont relativement facile à situer entre les Ténèbres et la Lumière, même si les Fils de la lumière viennent d'ores et déjà montrer que les teintes de gris existent clairement... et ce n'est qu'un prémisse du reste de la saga.

L'ensemble présente un souffle épique à la Tolkien, dans un très bel univers à découvrir... et j'avoue que renouer avec un récit dans l'archétype de la High-fantasy fait le plus grand bien (sentiment que j'avais déjà éprouvé avec la saga du Dernier Souffle que je ne peux que vous recommander en passant.

Seule la fin a pour moi un goût de raté : trop rapide, trop gros dès le premier tome... Comme si le tome devait terminer la Saga. Un conseil : oubliez cette fin, gardez le reste et foncer pour lire les autres tomes !

Note

Un 18/20 pour ce premier tome.
Découverte d'un superbe univers, joli high-fantasy et surtout prélude à un univers vaste et plein d'incertitudes. Ce tome n'est qu'une première tranche d'un dessert. Goûtez-y et vous aurez envie d'en reprendre une part... ça tombe bien, il y en 14 autres !

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (avis)
  6. Les Tours de minuit (avis)
  7. Un Souvenir de lumière (avis)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

Danseuse de corde - La Lyre et le glaive, tome 2 / Christian Léourier

Couverture livre Danseuse de corde de Christian Léourier, tome 2 de La Lyre et le glaive - critique littéraire -

Récit

Si Kélia n’a pas hérité du don de son père, diseur de mots, elle se découvre très tôt un autre talent : elle sera danseuse de corde. Or, défier les lois de l’équilibre peut se révéler plus risqué qu’on le croie. Tout dépend où aboutit la corde sur laquelle on marche, et de la notion qu’on a de l’équilibre, quand tout se révèle instable.
C’est ainsi que Kélia sera amenée à jouer un rôle décisif dans la bataille qui oppose les adeptes des anciens dieux aux partisans de l’Unique.

Pourtant, elle ne demandait rien d’autre qu’un peu de bonheur auprès de la personne dont elle s’est éprise, comme toutes les jeunes filles de son âge. Mais il est vrai que toutes ne choisissent pas pour amant un dieu de l’Axe-divin...

Impression

Fidèle à ce qu'avait été le premier tome, trois mots président à cette lecture : mais quelle plume !
La plume de Ch. Léourier est juste envoûtante. Des mots qui tombent justes. Des mots qui emportent. Des mots qui continuent à créer un monde plein d'exotisme.
Un pur délice qu'il est fort agréable de retrouver et qui m'a immergé⋅e tout au long de cette lecture.

Côté rythme, sans être trépidant, on a perdu l'aspect comtemplatif du précédent opus. Ce rythme est remplacé par des évènements plus actifs (guerres, etc.) qui permettent de tirer les conséquences géopolitiques de ce que le premier tome avait lentement instauré.

L'histoire en elle-même se rapproche de nos guerres de religions et de la christianisation de l'Europe, mais avec un aspect prophétique accru par l'ensemble de la thématique fantasy de ce dyptique. De ce fait, le déroulé de l'histoire n'est pas spécifiquement original, et pourtant la mélodie des mots parfaitement choisis de l'auteur emporte et nous enjoint à suivre la campagne de christianisation au rythme des mots.

En termes de magie, celle que j'ai tant adorée n'est plus réellement présente, notre Diseur ayant bel et bien disparu, ouvrant la voie à la magie de sa fille, danseuse de corde qui embraye au pouvoir de son père en vue de l'accomplissement d'un cycle dont elle n'a pas conscience.

Côté personnages, les principaux personnages sont très bien dépeints, et on retrouve le charme (mais aussi la difficulté) des noms publique et privé de chacun d'entre eux et qui sont utilisés alternativement par l'auteur selon les situations. Comme dans le premier tome, la confusion n'est que rarement de mise tant chaque personnage est dépeint avec une « saveur » particulière. Rien qu'à la lecture d'un dialogue ou d'un comportement, on sait de suite qui est l'objet du récit.
On pourra par ailleurs mentionner spécifiquement le personnage d'Hòggni qui ressort encore mieux que dans le précédent opus ainsi que celui de Deux-Bigornes que j'ai trouvé touchant malgré ce qu'il représente.

Note

Un 18/20 pour ce livre.
Au final une fidèle suite au premier tome, qui a su faire sa mue pour partir d'un univers de découverte vers la narration d'une histoire permettant d'en clore la trame.
On retrouve la poésie des mots qui étaient le cœur du premier tome et c'est avec un grand plaisir que je peux dire que je n'ai pas été déçu⋅e par le traitement du second tome, malgré un scénario calqué sur la christianisation de l'Europe.

Si vous aviez aimé le premier tome, il vous faut clore ce dyptique, tout simplement.

Série : La Lyre et le glaive

  1. Le Diseur de mots (avis)
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Royaume de vent et de colères - Univers du Royaume de vent et de colères, tome 1 / Jean-Laurent del Socorro

Couverture livre - critique littéraire - Royaume de vent et de colères de Jean-Laurent del Socorro

Récit

1596.
Deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi.

À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme.

Les pions sont en place. Le mistral se lève. La pièce peut commencer.
Mais pas de panique, ne faisons pas un plat de cette catastrophe planétaire : il s'en produit constamment.

Impression

Ce roman est court, mais intense.

Pour commencer, parlons de cette plume. Saisissante, elle plie le récit de manière condensée, rapide et précise. C'est un style que j'adore, alors forcément quand c'est bien manié comme ici, ça donne un rythme et une concision qui sert particulièrement ce livre.

Côté background, on se retrouve dans le terrain de la fantasy historique.
Ainsi notre histoire prend place au sein de la ville de Marseille, du temps d'Henri IV où elle forme le dernier bastion résistant à l'oppresseur catholique.
Cela place à la fois le cadre historique, mais aussi l'ambiance et la découverte de cette ville, qui semble parfois un personnage par contre-coup, ne serait-ce parce qu'elle préside aux évènements qui se passent.

Certains trouveront que la description de la ville est pauvre, rapport à l'écriture condensée et la faible épaisseur du livre, moi j'y ai trouvé une description succincte mais prenante. Une description qui laisse le lecteur remplir les trous tout en précisant les points saillants. J'aime, que dis-je, j'adore, ce style descriptif succinct.

Côté personnages, on est superbement servi par des personnages en profondeur que la vie à plus ou moins malmené, mais surtout qui ont fait des choix, choix que peu d'entre eux ne regrettent pas en partie.
Sur cette base, les personnages sont épais, et je dirai même que j'aurai lu ce roman court rien que pour en découvrir un peu plus pour ces personnages.

Car parmi nos protagonistes nous avons notre chevalier anciennement protestant et reconverti, une maîtresse de guilde d'assassin, une ancienne mercenaire qui a décidé de tenir une taverne, des « mages » aux amours impossibles,…
Une mention toute spéciale pour le chevalier dont la situation a su vraiment me toucher et bien entendu le truculent Turc dans lequel je ne dois pas être le seul à avoir su y retrouver la gouaille et l'humour de
Benvenuto du sieur Javorski.

L'histoire suit la trame historique. Pour peu qu'on connaisse ce qui s'est passé, nulle uchronie à y voir, d'autant que l'apport fantasy reste relativement léger dans ce récit, et surtout se fait dans le sens de la vraie Histoire. Du coup, on lit ce roman en sachant à l'avance l'inéluctable, ce qui permet de craindre pour nos personnages, tout en donnant corps à l'univers.

La structure du récit s'appuie sur le suivi des pensées des différents protagonistes, tour à tour, et en découvrant ce qui les amène à leur situation actuelle par de multiples flash-back. C'est bien amené et agréable à souhait pourvu qu'on aime le procédé tout en ajoutant de la nervosité par l'utilisation de chapitres brefs.

Note

Un 18/20 pour ce livre.
Je pense que les choses sont claires : j'ai été emporté par ce roman qui a su faire de sa concision une force.
Sans nous emporter dans une récit d'intrigues et de politique, il sait parfaitement utiliser celles de l'Histoire, posées comme background, pour y faire évoluer des personnages saisissants, profonds et attachants, tous emplis d'amertume et de colère.

Sur ce je vous laisse, en vous conseillant moultement de lire ce livre... et de découvrir ces colères qui se dévoilent sous le Mistral qui se lève.

Série : Univers du Royaume de vent et de colères

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