La cité - La cité, T01 de Stella Gemmell

La cité - La cité, T01 de Stella Gemmell

Récit

Construite sur des milliers d'années, faite d'une multitude de niveaux, la Cité est aussi vaste qu'ancienne. Au fil des siècles, elle s'est étendue au-delà de ses remparts, menaçant sans cesse les royaumes voisins. Au cœur de la Cité réside le sanguinaire Empereur, dont le visage reste un mystère et que la mort même semble craindre : certains vont jusqu'à douter de son humanité.
Une poignée de rebelles espérant mettre fin à ce règne de terreur placent leurs espoirs en un seul homme, dont le nom sonne comme une légende : Shuskara. Celui qui fut autrefois le général favori de l'Empereur. Un homme respecté, capable de provoquer un soulèvement et d'unir la Cité. Mais aussi un criminel trahi, emprisonné et torturé avant de disparaître...


Impression

N'ayant jamais lu de livre écrit par Monsieur (honte à moi, sans doute, mais il faut savoir faire des choix dans la vie ^^), j'aborde donc ce premier livre de Madame Gemmell sans aucune idée préconçue à son sujet autre que la lecture de quelques critiques avant de me lancer dans cette lecture.
Vous trouverez ainsi mon avis, indemne des comparaisons auxquelles on peut s'attendre habituellement, et sans préjuger du niveau que devrait avoir Madame dans la réalisation de ses écrits.

Parlons pour commencer du décor : une cité tentaculaire, que l'on commence à visiter par les égouts.
Superbe partie qui décrit au lecteur la vie cruelle et injuste des Habitants, ceux qui vivent dans ces tunnels où rode la mort et bien pire encore.
Toutefois, on n'est pas non plus dans le transcendantal. Je veux dire par là que la description et l'action qui s'y passent sont bien amenées, mais l'organisation qui y est décrite n'est pas originale et ne m'a pas surpris.

Ensuite nous passons à la surface... et principalement à ses frontières, là où une guerre qui traîne en longueur, voire même qui semble être faite pour durer, se passe. Impression qui perdure dans les quatre cinquième du roman sans que cela ne semble émouvoir grand monde... ça fait long quand même, surtout après les découvertes de fin de livre. Ça fait un peu guerre de Troie, mais sans assumer le caractère "les dieux font ça pour se divertir", ce qui rend à mon sens le modèle un peu bancal.

Ce qu'on y découvre aussi, c'est que quand on parle d'une grande ville, c'est "vraiment" grande ville... gigantesque, tentaculaire, dévorante et décadente conviendrait mieux. Et c'est un peu dommage qu'on s'en aperçoive tout compte fait qu'au détour de quelques descriptions, sans que rien ne soit fait pour que le lecteur en prenne réellement conscience.

Concernant l'organisation du récit, le récit suit une logique assez bizarre où s’enchaîne (sans préavis) des flash-back et des changement de points de vue.
Il est clair que la première fois c'est perturbant, mais ensuite je m'y suis fais. Je n'ai pas spécialement adhéré au principe, mais il ne m'a pas non plus gêné, et permet de donner un rythme au livre, sautant d'une histoire à l'autre, d'une époque à l'autre, et permettant au lecteur de réfléchir pour resituer tout cela dans le contexte.

Et il faut bien avouer que niveau rythme, ça a de l'intérêt. En effet, sans que les personnages soient (tous) mal dégrossi ou niais, leurs état d'âme traîne un peu en longueur. J'ai eu parfois l'impression de lire une lecture "jeunesse" tant les réflexions de certains protagonistes oscillaient entre l'évidence, la niaiserie ou l'inconscience. Là où habituellement ce genre de questionnement (pouvant être légitime) se traite en quelques lignes, ici ça peut s'étirer sur plusieurs pages... voire même sur plusieurs scènes.

Un autre point est l'impression de supériorité manifeste des soldats de la Cité... L'explication est fournie dans le livre certes, mais proche de la fin... ce qui fait que l'impression que les soldats de la Cité affrontent des paysans russes qui compensent leur faible entraînement par le nombre n'est levée quand quasiment tout est fini. Je trouve cela dommageable concernant la crainte qui en découle des affrontements avec l'ennemi... et donc de l'intérêt que peut susciter cette part de l'histoire.

Un autre point que je trouve pas hyper-crédible non plus c'est l'absence de légendes / rumeurs concernant l'empereur hors celle "officielle". Sans entrer dans les détails pour ne pas spolier, avoir aussi peu de rumeurs sur le personnage qui régit la vie d'une ville gigantesque... est difficilement crédible à mon goût, y compris en prenant en compte le "contexte" de l'ensemble des gens.

Cela étant, malgré tous ces défauts que j'ai pu pointer du doigt, l'histoire reste somme toute prenante. Le récit est basé sur des idées intéressantes, à défaut de les avoir trouvées innovantes, et les rebondissements sont plutôt bien amenés sur nombres de points. L'aspect "jeunesse" ne faisant que déséquilibrer l'univers mis en place.

Note

Un 12/20 pour ce livre. Au final un livre qui comporte de bonnes idées, plutôt bien amenées malgré quelques manques qui soit décrédibilisent l'histoire, soit aurait pu être condensés en mettant l'espace libéré à profit pour nous distiller des informations plus tôt sur ce qu'est la Cité et son fonctionnement. La découverte d'un monde "sur le tas" étant un procédé que j'aime bien, mais dans lequel les informations doivent pouvoir sourdre au fil des événements et non pas être artificiellement maintenues sous le boisseau.
Cela reste toutefois une lecture agréable. Je lierai sans doute la suite (s'il s'agit d'un diptyque) par curiosité, car certains élément m'ont laissé perplexe et j'attends de voir comment ça s'organise par la suite.