Un Lever de ténèbres - La Roue du temps, tome 04 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - Un Lever de ténèbres, tome 4 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

Forteresse réputée imprenable depuis des millénaires, la Pierre de Tear est tombée, conquise par Rand al’Thor et un groupe d’Aiels, ces terribles guerriers du désert qui se voilent le visage pour combattre.

Désormais en possession de l’épée mythique Callandor, Rand peut clamer à la face du monde qu’il est le Dragon Réincarné.
Un grand pas en avant, certes, mais vers quelle destinée ?

Censé sauver le monde, le jeune homme doit d’abord apprendre à maîtriser le saidin. Hélas, cette moitié masculine du Pouvoir de l’Unique est une arme à double tranchant. Car elle condamne à la folie et à la mort les hommes à qui elle offre la gloire et la puissance…

Impression

S'agissant pour l'instant d'une relecture de mes jeunes années, ce tome est celui qui m'a le plus marqué⋅e. En effet, il s'agit du tome faisant découvrir comment vivent les aiels, ces guerriers sauvages, indomptables, mystérieux et sans peur. Une image qui m'est resté depuis lors et qu'à la relecture j'ai pu redécouvrir avec un grand plaisir.

Avec la découverte du peuple Aiel, on continue d'agrémenter cet univers d'un background riche, ensorcelant et parfaitement intégré au reste. L'histoire de ce peuple est fascinante et c'est vraiment le point central de ce tome.

Néanmoins, même si la part belle est donc donnée à Rand qui les découvre, ses 2 taveren de compagnies n'en sont pas en reste pour autant.
Ainsi Perrin verra sa destinée se concrétiser contre son gré si on peut dire, et Mat prend du corps dans ce tome, quittant l'archétype de farceur irrévérancieux pour un peu plus que ça.

Par ailleurs, un des axes de ce tome concernant l'ajah noire, c'est un nouveau pan concernant les Aes Sedai qui s'ouvre, offrant de multiples ouvertures à des éléments qui risquent d'être douloureux pour celles qui se prennent pour les maîtresses du monde. Je me dis juste que pour des êtres ayant le soupçon et la manipulation facile, leur arrogance surpasse tout cela.

Comme toujours, l'écriture de l'auteur est fluide et agréable. Il arrive à la fois à rendre des descriptions précises de son monde, et à le faire vivre au travers de scènes plus actives. Un point qui se perpétue dans ce nouveau tome.

Note

Un 19/20 pour ce quatrième tome.
On continue à grande voile vers de nouvelles découvertes tant du monde que des adversités que Rand risque de rencontrer un jour. Ce tome est riche en nouveaux éléments et rebondissement. Un plaisir à lire... en attendant la suite.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (non lu)
  6. Les Tours de minuit (non lu)
  7. Un Souvenir de lumière (non lu)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

La Sonate hydrogène - Cycle de la Culture, tome 10 / Iain M. Banks

La Sonate hydrogène - Cycle de la Culture T10 de Iain M. Banks

Récit

La Galaxie est peuplée d'un grouillement de civilisations plus ou moins avancées parmi lesquelles la Culture tient une très bonne place. Lorsqu'une de ces civilisations, humanoïde ou autre, atteint un très haut niveau de développement, elle choisit généralement la Sublimation, c'est à dire qu'elle accède collectivement à un niveau supérieur de l'être. Personne ou presque n'est jamais revenu pour en parler ou ceux, très rares, qui l'ont fait se sont montrés incapables d'en dire quelque chose d'intelligible.
Une forme de transcendance ? Peut-être. Mais physique puisqu'il s'agit de passer aux dimensions supérieures que nous annonce la théorie des cordes et dans lesquelles s'ouvriraient une infinité de possibles que les Non-Sublimés ne peuvent même pas imaginer.

Les Gziltes, humanoïdes, alliés de la Culture mais qui n'y ont jamais adhéré, ont atteint ce stade et se préparent à une Sublimation générale. Mais les choses ne sont pas simples. Malgré leur très haut niveau de civilisation, les Gziltes ont développé une espèce de complexe de supériorité : dans leur plus haute antiquité, un Livre Sacré leur promettant un destin manifeste leur a été remis par les Zihdren, une civilisation depuis Sublimée qui leur a servi de Mentor.
Ce Livre Sacré avait une particularité : il contenait des prévisions scientifiques qui allaient se révéler exactes. De là à se considérer comme une espèce élue, il n'y avait qu'un pas que certains Gziltes ont franchi.

À la veille de leur Sublimation, un vaisseau Zihdren se présente qui doit délivrer un message. Il est détruit. Puis est détruit également le Quartier Général des Gziltes.
Tout cela ne concerne apparemment en rien la Culture. Mais quelques-uns de ses vaisseaux et de leurs Mentaux s'inquiètent du conflit possible et apprécient peu le funeste sort fait à l'envoyé Zidhren.
Parmi les Gziltes eux-mêmes, certains veulent savoir la vérité.

Impression

Et voilà... Dernier tome du Cycle de la Culture, dernier tome aussi écrit par l'auteur qui s'en est allé ensuite...
J'ai mis du temps à lire ce tome, parce que quelque part, pour moi, cela ferme un cycle que j'avais découvert durant ma jeunesse. Tristesse et joie mêlées donc à la lecture de ce dernier tome.

Et alors donc ?
Et bien il est bien le-dit tome. Pas le meilleur, mais bien.

Le thème principal de l'histoire est la recherche de vérité et ce que d'autres peuvent mettre en place pour que cette vérité ne soit pas trouvée.
Et quand il s'agit de chercher, manipuler ou enterrer la vérité, la Culture n'est jamais loin pour y ajouter son grain de sel voire son humble avis.

Ce tome nous met en scène une espèce voulant sublimé. Et de ce fait tout un tas d'espèces gravitent autour de cet évènement. Certaines comme voulant dire aurevoir à une civilisation amie. D'autres pour le fait historique et certaines parce qu'on ne connaît pas grand chose concernant ce qui se passe quand une espèce a sublimé.
Mettez tout ce petit monde ensemble, agitez le tout avec des actes apparament étranges, et ceci constitue un superbe appat pour la curiosité de la Culture et une nouvelle histoire rocambolesque.

Et puis le plaisir de découvrir un être ayant connu le début de la Culture, ça n'arrive pas tous les jours.

Note

Un 16/20 pour cet opus qui clôt de jolie manière un cycle. Parlant d'espèce ayant fait leur temps et partant pour un autre voyage, c'est thématique tant de la fin de ce cycle que de la fin de l'auteur.

Série : Cycle de la Culture

  1. L'Homme des jeux (lu et non chroniqué)
  2. L'Essence de l'art (lu et non chroniqué)
  3. L'Usage des armes (lu et non chroniqué)
  4. Une forme de guerre (lu et non chroniqué)
  5. Excession (lu et non chroniqué)
  6. Le Sens du vent (lu et non chroniqué)
  7. Trames (chroniqué)
  8. Les Enfers virtuels (chroniqué)
  9. La Sonate hydrogène (chroniqué)
  • Inversions (lu et non chroniqué) - roman hors cycle pouvant être lu à nimporte quel moment après L'homme des jeux

Les Feux du ciel - La Roue du temps, tome 05 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - Les Feux du ciel, tome 5 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

La Roue du Temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leur sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes.

La menace rebelle gronde au pied du Mur du Dragon.
À peine élu chef suprême par les Aiels, Rand doit réagir vite s’il veut être prêt pour l’Ultime Bataille.

Mais à ses côtés, ses alliés affrontent leurs propres démons : décidé à renoncer à son destin de héros, Mat se montre de plus en plus imprévisible, et Aviendha, la jeune et belle Aielle qui s’est liée à Rand, garde tout son mystère.

Désormais, ce n’est qu’une question de temps avant que le Ténébreux ne s’échappe de sa prison…

Impression

Un très bon cru que ce tome. Rand ayant rallié les aiels à sa cause, enfin une partie, se doit de gérer l'autre partie ainsi que tout le reste.
Entre les Réprouvés qui s'agitent et les dissensions habituels des seigneurs cherchant à s'arroger toujours plus de pouvoir, on assiste dans ce tome à un Rand qui doit trouver sa voie parmi cet embroglio. En sortira-t-il vainqueur ? Probablement vu nombre de tome qu'il reste, mais à quel prix ? Tel est l'intérêt de ce tome.
Dans tous les cas, on verra Rand s'affirmer de plus en plus. Faut dire qu'il ne manque pas de personnes pour essayer de lui dire ce qu'il faut faire ou non, et que le voir un peu secouer tout cela ne se fait pas sans un certain plaisir.

À côté de Rand, on rentre une nouvelle fois un peu dans la tête de Mat, un personnage "secondaire" que j'aime toujours autant.
Cherchant toujours à fuir son rôle, arrivera-t-il à sortir de l'ombre de Rand pour aller voguer là où les dés, les femmes et la tranquilité sont de mise ? Vous en doutez ? Vous avez raison...

Évidemment, on naviguera aussi avec le quatuor de manieuse de Saidar, avec comme toujours une mention spéciale tête à claque pour Nynaeve, qui ne cesse de confondre responsabilité, commandement et mauvaise foi qui gagne haut la main, même face à Elayne et ses habitudes d'enfant gâté.

Dans ce tome, l'action prend beaucoup d'ampleur. Les éléments politiques sont toujours d'actualité et même si bon nombre de force ne sont toujours pas positionnées sur l'échiquier (je pense notamment au Seanchinien et aux Blanc-Manteaux), on sent que les choses commencent à se décanter... et promètent des situations explosives sous peu.

Les personnages restent toujours bien fouillés et continuent à évoluer.
Comme d'habitude, malheureusement, la dualité homme / femme et même femmes entres elles en train de se crêper le chignon sont par trop présentes.

Note

Un 20/20 pour ce troisième tome.
Très jolie suite qui poursuit l'histoire et on ne peut que vouloir continuer de voir où Rand va nous mener prochainement.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (non lu)
  6. Les Tours de minuit (non lu)
  7. Un Souvenir de lumière (non lu)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

À Dos de crocodile / Greg Egan

Couverture livre - critique littéraire - À Dos de crocodile de Greg Egan

Récit

Des milliers de races extraterrestres et posthumaines cohabitent harmonieusement dans la méta-civilisation de l'Amalgame. Seul le noyau central, occupé par les Indifférents, des êtres qui refusent tout contact, est un milieu hostile.

Avant de mourir, Leila et Jasim, mariés depuis dix mille trois cent neuf ans, souhaitent en savoir davantage sur les mystérieux Indifférents.

Impression

Greg Egan nous propose dans cette nouvelle un objectif à la hauteur d'êtres vivants dans un monde si avancé que la mortalité n'est plus une limite. Que faire lorsque plus de 10 000 balais sont déjà rangés dans le placard pour donner un sens à sa vie ?
Voici ce que nous propose Greg Egan dans cette nouvelle que je jugerai sans prétention.

En effet, le propos d'une civilisation tellement évoluée que vie, mort et besoin matériel ne sont plus une problématique est bien mieux mis en valeur dans le Cycle de la Culture que dans cette nouvelle.

Ainsi sans révolutionner le genre, Greg Egan nous raconte une jolie histoire, teintée hard-science, sur comment couroner sa vie avant de se retirer de cet univers.

Le ton est, je trouve, un peu mou. Les descriptions convaincront les amateurs de Hard-Science, mais la thématique est clairement mieux mise en valeur par d'autres auteurs et même si cette lecture a été agréable, elle ne m'a pas particulièrement emporté⋅e.

Peut-être est-ce le format qui ne me convient pas, et que dans un format plus long cela m'aurait mieux convenu. À voir dans le futur en mode roman donc.

Note

Un 13/20 pour ce livre.
La thématique, à mon sens, ne ressort pas grandi par cette nouvelle, qui sans être mauvaise, n'apporte rien qui puisse marquer le lecteur.

Le Dragon réincarné - La Roue du temps, tome 03 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - Le Dragon réincarné, tome 3 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

Rand al’Thor se résigne peu à peu à son sort : il est le Dragon réincarné, que ça lui plaise ou non, et il devra honorer son rendez-vous avec le Ténébreux – une sanglante affaire de gloire, d’honneur et de salut du monde.
Totalement dépassé par ses nouveaux pouvoirs, il décide alors de laisser ses amis derrière lui et de partir seul pour Tear, la fabuleuse cité où l’attend Callandor, l’épée légendaire qu’il est censé brandir lors de l’Ultime Bataille. C’est là que les fils du destin se noueront une fois pour toutes…

Impression

Dans la continuité des deux premiers tomes, ce tome va se focaliser sur les autres personnages que Rand bien que ce dernier sera toujours présent, au moins en filigrane. Ce qui est très bien car ainsi le Dragon Réincarné laisse de la place a ses ami⋅e⋅s d'enfance qui ont, d'évidence, tous leur importance dans la Trame que veut tisser la Roue. Mais du coup j'ai trouvé que le titre du livre était moins approprié pour ce tome-ci, même si la justification de ce titre est assez évidente au regard des actions à Tear.

On reste toujours sur le fil rouge de la lutte du Bien contre le Mal mais les zones de gris s'étendent sur qui fait partie de quel camps, ce qui est de nature à renforcer les intrigues tant politique⋅s que d'alliance⋅s que nos héros vont découvrir au fil de leurs aventures.

L'auteur continue de développer son univers. Nouvelles régions, nouveaux peuples, nouveaux comportements. Un plaisir que de découvrir ces us et coutumes par les yeux de nos paysans. Qui plus est quand elles sont aussi différentes des peuples déjà découverts précédemment.
C'est vraiment une grande force de ce récit que de réussir à décrire tous ces peuples différents et leurs interactions.

Tout ça sans parler des nouvelles menaces qui émergent, et toujours cette recherche de compréhension de ce que signifie les Prophéties et des façons d'apprécier le verbiage des Aes Sedai.

Les personnages restent toujours bien fouillés et continuent à évoluer. Toutefois il est bon de relever que la confrontation homme / femme, qui se retrouve de facto à travers le Pouvoir des hommes (souillés, rendant fou et inconnu) et des femmes (pur et connu), est par contre par trop insistant notamment vis à vis du comportement des filles de Deux-Rivières qui manient la mauvaise foi comme les Aes Sedai les demi-vérités.
Un peu c'est sympa, trop c'est redondant. Cela dit, pas assez pour rendre la lecture désagréable ni même rompre la magie de l'histoire qui est contée.

Comme précédemment, l'écriture de l'auteur est fluide et agréable. Il arrive à la fois à rendre des descriptions précises de son monde, et à le faire vivre au travers de scènes plus actives.

Ce tome continue dans le chemin tracé par le second tome.
L'ensemble présente toujours un souffle épique et on ne peut que se demander, à la fin de ce troisième tome, dans quels nouveaux problèmes ils vont réussir à s'empêtrer en voulant soit porter leur fardeau, ou au contraire le refuser.

Note

Un 18/20 pour ce troisième tome.
Très jolie suite qui poursuit le sillon du second tome en vue de continuer cette histoire qu'on ne peut que désirer continuer.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (non lu)
  6. Les Tours de minuit (non lu)
  7. Un Souvenir de lumière (non lu)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

La Grande Quête - La Roue du temps, tome 02 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - La Grande Quête, tome 2 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

La Roue du Temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leur sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes.

À peine arrivé à la forteresse de Fal Dara, le jeune Rand n’a déjà qu’une idée en tête : fuir les noirs secrets qu’il a appris sur lui-même. Moiraine, la puissante magicienne qui seule pourrait lui fournir des réponses, l’évite désormais comme la peste.
Rand sait qu’il devrait quitter ces lieux, partir où personne ne le connaît et où il ne pourrait faire aucun mal. Mais il est trop tard : les Aes Sedai l’ont enfermé et son seul espoir d’obtenir de l’aide à présent est Egwene, la femme qu’il pensait épouser un jour… et qui est en train de devenir elle-même une Aes Sedai.

Impression

Toujours dans la High-fantasy avec ce tome 2. Mais on se démarque du Tolkien-like, puisque les personnages principaux ayant été introduit dans le tome 1, l'auteur peut densifier son univers, déjà bien développé, en nous introduisant des éléments spécifiques à l'univers et qui tendent par ailleurs à complexifier la trame d'ensemble - ce qui est agréable tant l'univers se prête à avoir une histoire un minimum tortueuse et faite de rebondissements.
On reste toujours sur le fil rouge de la lutte du Bien contre le Mal... même si on commence à découvrir plus amplement que les méchants ne sont pas nécessairement ceux que l'on croit, voir ce qu'on croit. Et inversement.

Côté univers, on est très bien servi : le monde complexe déjà présenté dans le premier tome continue de vivre sous nos yeux et l'auteur rajoute de quoi le densifier et joue avec le lecteur en mettant quelques éléments propices aux retournements de situation. Pas d'incohérence, et les éléments supplémentaires s'insèrent dans la trame sans aucun accroc, qu'ils soient là pour consolider nos connaissances de l'univers ou pour apporter de nouveaux enjeux / protagonistes.

Les personnages restent toujours bien fouillés, et on a le plaisir de les voir évoluer - principalement les amis de Rand dont le côté Taveren est mis en valeur au même titre que la place du Dragon Réincarné.

Concernant Mat, Rand et Perrin, on pourra d'ailleurs noter une constante qui se comprend : ils refusent ce qui leur arrivent. Plutôt logique quand on voit ce qui leur tombe sur le coin du nez - surtout qu'on insiste lourdement pour leur faire comprendre qu'ils doivent sauver le monde... et que tout est déjà écrit. Enfin on se comprend : tout est déjà écrit sur ce qu'ils doivent faire. Pas sur le comment, le pourquoi, à quel prix, etc.
Leur refus de leur situation « dirigée » est donc cohérent, et n'évolue pas de la même façon pour chacun d'eux ce qui est agréable.
Il est juste un poil dommage que, sachant qu'ils sont têtus, ça les pousse à faire régulièrement l'opposé de ce qu'il faudrait faire. Cela peut agacer il est vrai, néanmoins si on se rappelle que les héros arrivent tout juste à l'âge d'adulte, qu'ils sont coachés par Moiraine Sedai dont la pédagogie consiste principalement à te dire que tu dois faire ce qu'on te dit et qu'elle n'a pas à se justifier et encore moins expliquer. J'en connais plus d'un⋅e qui réagirait par le rejet.
Ça n'évitera pas de vouloir distribuer des baffes à nos adolescents, comme il se doit, tant les rustres conseils sont tout de même fait avec bon sens (du moins en général).

Un point tout de même, c'est la place des femmes en général chez Jordan : leur attitude montre qu'elles ont toujours raison sur la gente masculine. Ce point en lui même n'est pas spécifiquement bloquant, mais il a tendance à être un poil redondant, ce qui est dommage car peut desservir une position féministe de la High-Fantasy.

Avec tout ceci, on rajoutera qu'il faut toujours en profiter pour décortiquer les phrases prononcées par les Aes Sedai qui ont toujours l'obligation de dire la vérité... enfin « selon un certain point de vue » comme dirait un certain maître Jedi. Tout reste dans la subtilité et il est amusant de chercher à savoir à quel point la vérité a été déformée (ou pas) dans ces propos.

L'écriture de l'auteur est fluide et agréable. Il arrive à la fois à rendre des descriptions précises de son monde, et à le faire vivre au travers de scène plus active.

Ce tome est plus actif que le précédent, l'univers et les personnages étant posés, l'histoire peut donc s'envoler à un rythme moins contemplatif, même si les descriptions restent de mises, mais toujours en apportant des informations sur l'univers, ce qui ne me les rend pas indigestes.
L'ensemble présente toujours un souffle épique, le final étant à la fois sympathique à cet effet, et ouvrant plein de questions pour la suite.

Note

Un 18/20 pour ce second tome.
Jolie suite qui sait conter une aventure, tout en ajoutant de la connaissance sur l'univers, et sans fausse note d'intégration.
Cet ouvrage fait plaisir à lire et j'attaquerai la suite avec plaisir.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (non lu)
  6. Les Tours de minuit (non lu)
  7. Un Souvenir de lumière (non lu)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

Issa Elohim / Laurent Kloetzer

Couverture livre - critique littéraire - Issa Elohim de Laurent Kloetzer

Récit

Europe. Demain.

Dérèglements climatiques, terrorisme et guerres confessionnelles secouent les restes d'un ordre mondial en miettes et jettent des millions de réfugiés sur les routes. L'horizon est fluctuant ; le monde se recroqueville face à un futur incertain et menaçant.

Et puis il y a les Elohim — ou prétendus tels. Des êtres exceptionnels, mystérieux, porteurs d'un espoir nouveau, et qui semblent s'incarner sur Terre de manière aléatoire.
Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Que sont-ils ?

Valentine Ziegler est pigiste. Lorsque, depuis sa Suisse natale aussi préservée que sécurisée, elle entend parler de la présence possible d'un de ces êtres dans un camp de réfugiés tunisien géré par l'agence européenne Frontex, elle auto-finance en hâte son voyage dans l'espoir d'un reportage digne d'intérêt.

Valentine est toutefois très loin d'imaginer au devant de quoi elle se précipite, l'étendue de la révolution à laquelle elle va se mesurer. Une possible épiphanie à même de changer sa vision du monde, si ce n'est le monde tout entier…

Impression

Suite à la lecture coup de cœur de l'Anamnèse de Lady Star, j'ai plongé tête la première dans ce récit, avide de découvrir ce que les l'auteur (et oui, cette fois-ci c'est sans sa femme que Laurent a écrit) nous propose autour du concept d'Elohim, êtres si mystérieux dans l'Anamnèse, alors qu'ils en étaient l'un des points focaux.

Et s'il y a une réussite dans cette novella, c'est d'à nouveau avoir réussi à faire un livre ayant pour personnage principal un Elohim... sans en fournir beaucoup plus à leur sujet.
Du coup de la déception, en effet, absolument rien de nouveau n'est fourni et le caractère de notre Elohim est moins... attrayant que celui de Lady Star. Il faut dire que l'enjeu présent dans l'Anamnèse n'est clairement pas là, puisque le Satori n'a pas encore eu lieu et les humains commencent tout juste à découvrir les Elohim (c'est à dire qu'ils en savent encore moins... c'est dire).

Cette novella a plus pour objet de décrire le contraste des réfugiés - ici principalement des réfugiés climatiques, ce qui résonne avec notre actualité - et des sociétés européennes qui tiennent à conserver leur bonheur en évitant l'entrée de ces réfugiés en Europe - là encore d'une triste résonance avec l'actualité politique pré-présidentielle.

Et c'est sans doute là que je n'ai pas accroché. Description certes de sujets polémiques, mais avec l'approche douce et poétique qui transparaissait dans l'Anamnèse. Une critique qui passe parfois proche de l'acceptation.
Rajoutons que côté futur, on est très proche de ce qui se fait aujourd'hui, et on sort assez rapidement de mon rayon de prédilection.

Au final, on reste pour le côté poétique de cette aventure, ce côté un brin naïf je trouve, qui tranche avec ce qui se fait aujourd'hui.
On reste aussi pour essayer de mieux cerner cet Elohim et essayer de découvrir ce qu'il est. Peine perdu certes, mais l'auteur sait comment renverser des situations et, tout en suggestion, laisse au lecteur se faire son avis sur ce qu'est Issa.

Note

Vous l'aurez compris, déçu⋅e de ne pas avoir pu en découvrir plus sur un pan important d'un véritable coup de cœur, c'est la douche froide.

Il n'en reste pas moins que le récit est bien écrit, et que l'auteur réussi de nouveau à construire un récit autour d'un objet quasi pas défini.

Sans véritable révélation, dans une histoire de SF Anticipation trop proche de notre monde actuel, cela n'a pas suffit pour m'emballer.

Une note de 12/20 donc, qui présente un récit qui se lit bien, mais que j'oublierai très vite et qui ne m'a pas fait vibré⋅e.