Danseuse de corde - La Lyre et le glaive, tome 2 / Christian Léourier

Couverture livre Danseuse de corde de Christian Léourier, tome 2 de La Lyre et le glaive - critique littéraire -

Récit

Si Kélia n’a pas hérité du don de son père, diseur de mots, elle se découvre très tôt un autre talent : elle sera danseuse de corde. Or, défier les lois de l’équilibre peut se révéler plus risqué qu’on le croie. Tout dépend où aboutit la corde sur laquelle on marche, et de la notion qu’on a de l’équilibre, quand tout se révèle instable.
C’est ainsi que Kélia sera amenée à jouer un rôle décisif dans la bataille qui oppose les adeptes des anciens dieux aux partisans de l’Unique.

Pourtant, elle ne demandait rien d’autre qu’un peu de bonheur auprès de la personne dont elle s’est éprise, comme toutes les jeunes filles de son âge. Mais il est vrai que toutes ne choisissent pas pour amant un dieu de l’Axe-divin...

Impression

Fidèle à ce qu'avait été le premier tome, trois mots président à cette lecture : mais quelle plume !
La plume de Ch. Léourier est juste envoûtante. Des mots qui tombent justes. Des mots qui emportent. Des mots qui continuent à créer un monde plein d'exotisme.
Un pur délice qu'il est fort agréable de retrouver et qui m'a immergé⋅e tout au long de cette lecture.

Côté rythme, sans être trépidant, on a perdu l'aspect comtemplatif du précédent opus. Ce rythme est remplacé par des évènements plus actifs (guerres, etc.) qui permettent de tirer les conséquences géopolitiques de ce que le premier tome avait lentement instauré.

L'histoire en elle-même se rapproche de nos guerres de religions et de la christianisation de l'Europe, mais avec un aspect prophétique accru par l'ensemble de la thématique fantasy de ce dyptique. De ce fait, le déroulé de l'histoire n'est pas spécifiquement original, et pourtant la mélodie des mots parfaitement choisis de l'auteur emporte et nous enjoint à suivre la campagne de christianisation au rythme des mots.

En termes de magie, celle que j'ai tant adorée n'est plus réellement présente, notre Diseur ayant bel et bien disparu, ouvrant la voie à la magie de sa fille, danseuse de corde qui embraye au pouvoir de son père en vue de l'accomplissement d'un cycle dont elle n'a pas conscience.

Côté personnages, les principaux personnages sont très bien dépeints, et on retrouve le charme (mais aussi la difficulté) des noms publique et privé de chacun d'entre eux et qui sont utilisés alternativement par l'auteur selon les situations. Comme dans le premier tome, la confusion n'est que rarement de mise tant chaque personnage est dépeint avec une « saveur » particulière. Rien qu'à la lecture d'un dialogue ou d'un comportement, on sait de suite qui est l'objet du récit.
On pourra par ailleurs mentionner spécifiquement le personnage d'Hòggni qui ressort encore mieux que dans le précédent opus ainsi que celui de Deux-Bigornes que j'ai trouvé touchant malgré ce qu'il représente.

Note

Un 18/20 pour ce livre.
Au final une fidèle suite au premier tome, qui a su faire sa mue pour partir d'un univers de découverte vers la narration d'une histoire permettant d'en clore la trame.
On retrouve la poésie des mots qui étaient le cœur du premier tome et c'est avec un grand plaisir que je peux dire que je n'ai pas été déçu⋅e par le traitement du second tome, malgré un scénario calqué sur la christianisation de l'Europe.

Si vous aviez aimé le premier tome, il vous faut clore ce dyptique, tout simplement.

Série : La Lyre et le glaive

  1. Le Diseur de mots (avis)
  2. Danseuse de corde (avis)

Les Marées de minuit - Le Livre des Martyrs, tome 05 / Steven Erikson

Couverture livre - critique littéraire - Les Marées de minuit, tome 5 du Livre des Martyrs de Steven Erikson

Récit

Après des décennies de guerres intestines, les tribus des Tistes Edur se sont enfin unies sous la férule du Roi-Sorcier des Hiroths. La paix s'est établie, mais à quel prix : un pacte conclu avec un pouvoir secret aux motifs au mieux suspects, au pire meurtriers.

Au sud, le royaume expansionniste de Lether, désireux d'accomplir l'antique prophétie qui le verrait renaître en tant qu'Empire, a asservi tous ses voisins moins civilisés que lui. Tous, sauf les Tistes Edur.
Mais ce n'est qu'une question de temps avant qu'eux aussi ne tombent, qu'ils soient écrasés sous le poids étouffant de l'or ou passés au fil de l'épée. C'est du moins ce que la destinée a décrété.

Pourtant, alors que les deux parties se réunissent afin de conclure un traité crucial dont personne ne veut vraiment, d'anciennes forces se réveillent.
Car le conflit qui couve n'est que le pâle reflet d'une lutte autrement plus primordiale : une confrontation avec la blessure encore à vif d'une vieille trahison qui, plus que jamais, aspire à la vengeance dans son cœur bouillonnant...

Impression

Nouveau tome. Cinquième tome même, soit le milieu de cette décalogie. Vous vous demandez c'est la suite de quel tome cette fois-ci pour ceusses qui connaissent déjà les 4 premiers ? Et bien aucun. On pourrait même dire que c'est le prélude à tout ce beau monde.

En effet plongée dans le passé, pour revenir aux sources de la scission des Tistes Edur (les tistes de l'Ombre) et Tistes Andii (les tistes des Ténèbres). Déchirure fraternelle qui sera l'une des thématiques de ce tome puisqu'on la retrouve au niveau de l'ensemble des protagonistes de ce tome :

  • comme je viens de le mentionner on revient sur la séparation entre l'ombre et les ténèbres chez les tistes et des conséquences sur des temps plus proches (le tome 5 se déroule un peu avant le tome 1 chronologiquement parlant) ;
  • les divergences d'opinion (et de voie) entre les 3 frères d'une grande famille de Lether (Brys, Hull et Tehol);
  • la destinée de 4 frères (Fear, Binadas, Trull et Rhulad) d'une des plus grandes familles côté Tistes Edur.

Au travers de ces effets miroirs de fratries, Steven Erikson nous plonge dans un nouvel environnement avec comme protagonistes :

  • Le royaume de Lether, humains avides d'or et de conquêtes qui veulent accomplir leur prophétie visant à instaurer un empire.
  • Le regroupement tribal des Tistes Edur, rassemblé sous le joug de leur roi sorcier, qui cherche à retrouver la splendeur perdue des Tistes Edur et à recréer leur empire sur ce domaine.

Mais avec Steven rien n'est aussi simple, et ce tome nous fait découvrir les sous-jacents de ces situations. Nous fait suivre les luttes primaires de ces 2 empires en devenir ainsi que les luttes alambiquées des dieux... et des liens entre tout ce petit monde que l'on pourra qualifier de tout sauf d'honnête.

Un récit sombre, addictif et sans concession de ceux qui manipulent les autres en vue d'obtenir leur dû. Un récit de trahisons et de grandeur. Un récit d'honneur et de décisions cornéliennes. Un récit de destinée et de fatalité. Le tout mené de main de maître puisque la trame de l'histoire est encore et toujours conservée. Ce tome s'insérant dans l'univers créé par les 4 premiers tomes, et comme à son habitude vient à la fois consolider cette histoire gigantesque... tout en fournissant d'autres points de vue sur le passé... et de facto sur ce qu'on croyait avoir compris des autres tomes.
Comme d'habitude des moments de pure jubilation quand enfin tout s'assemble à la force de ses neurones (car rien n'est donné, les éléments sont offerts, au lecteur de tout rassembler).

Par-dessus tout ça, nous découvrons principalement de nouveaux personnages (même si Trull Sengar nous était déjà apparu dans le précédent tome et que des références existent à d'autres personnages).
Et parmi tout ce beau monde, de vraies pépites : le duo Tehol et Bugg, où comment intégrer l'absurde et l'humour à une trame si noire.
Une des lames de la Garde pourpre passe aussi par là.
Et j'avoue que la rencontre de certains non-morts est particulièrement exquise.

Ajoutons à tout cela qu'on en apprend toujours plus sur l'univers, le complexifiant dans ses tenants et aboutissants mais nous le rendant toujours plus compréhensible pourtant.

Enfin, une sublime couverture vient parachever cette œuvre. On ne peut que remercier (de nouveau) Marc Simonetti pour la beauté des couvertures qu'il produit pour cette édition. Qu'il continue !

Note

Un 19/20 pour ce tome.

Ce tome, est superbe, prenant, plein de découverte et apportant des personnages très sympathiques.
Alors pouquoi pas un 20 ? Et bien peut être parce qu'il se rapproche plus de la tradition des tragédies classiques sans doute. Même si l'univers est vaste, les volontés de chacun prenant plus de tours et détours que la route du vin, il n'en reste pas moins que je trouve sa structuration plus classique.
Cela dit ne nous trompons pas, c'est juste magistral et il faut absolulement le lire.

Au final, et comme d'habitude, je ne peux que vivement vous encourager à lire cette saga et ce tome. Du plaisir à l'état pur.

Complexe, riche, et ô combien bien construit. Continuez avec moi dans ce superbe univers !

Série : Le cycle malazéen

Le livre des Martyrs

  1. Les Jardins de la Lune (avis)
  2. Les Portes de la Maison des morts (avis)
  3. Les Souvenirs de la glace (avis)
  4. La Maison des chaînes (avis)
  5. Les Marées de minuit (avis)
  6. Les Osseleurs (avis)
  7. Le Souffle du Moissonneur (non lu)
  8. La Rançon des Molosses (non lu)
  9. Poussières de rêves (prévu 2022)
  10. Le Dieu estropié (prévu 2022)

The Kharkanas Trilogy

  1. [Forge of Darkness (non traduit)]
  2. [Fall of Light (non traduit)]
  3. [Walk in Shadow (en cours d'écriture)]

Novels of the Malazan Empire

  1. [Night of Knives (non traduit)]
  2. [Return of the Crimson Guard (non traduit)]
  3. [Stonewielder (non traduit)]
  4. [Orb Sceptre Throne (non traduit)]
  5. [Blood and Bone (non traduit)]
  6. [Assail (non traduit)]

La Voie de l'Ascendance

  1. La Complainte de Danseur (non lu)
  2. [Deadhouse Landing (non traduit)]
  3. [Kellanved’s Reach (non traduit)]
  4. [The Jhistal / Forge of the High Mage (forthcoming)]

The Witness Trilogy

  1. [The God is Not Willing (non traduit)]
  2. [No Life Forsaken (forthcoming)]
  3. [- (forthcoming)]

Tales of Bauchelain and Korbal Broach

  1. [Blood Follows (non traduit)]
  2. [The Healthy Dead (non traduit)]
  3. [The Lees of Laughter's End (non traduit)]
  4. [Crack’d Pot Trail (non traduit)]
  5. [The Wurms of Blearmouth (non traduit)]
  6. [The Fiends of Nightmaria (non traduit)]
  7. [Upon a Dark of Evil Overlords (non traduit)]
  8. [Goats of Glory (non traduit)]


Nouveau printemps - La Roue du temps, tome 00 / Robert Jordan

Couverture livre - critique littéraire - Nouveau printemps, tome 0 de la Roue du temps de Robert Jordan

Récit

Vingt ans avant les événements de L'Œil du monde, Moiraine n'est qu'une jeune femme qui va bientôt passer les épreuves pour devenir Aes Sedai. Mais les temps sont troublés. Au pied des murailles de la cité de Tar Valon, face aux armées ennemies, se dresse un défenseur hors du commun, un guerrier qui se bat avec le cœur d'un roi sans couronne. Les destins de cette magicienne et de cet homme d'armes se mêleront lorsque naîtra un enfant du destin, celui que certains augures désignent comme le sauveur tant attendu...

Interlude

Lors de ma jeunesse, j'ai eu la chance de découvrir cette superbe saga, mais qui malheureusement, n'avait pas vu sa traduction poussée jusqu'au bout. Et vu mon âge de l'époque, lire en anglais s'avérait encore plus tendu qu'aujourd'hui - le fait que je n'avais pas alors commencé l'apprentissage de l'anglais en est sans doute la clef.
Avec la réédition et la traduction complète engagée par les éditions
Bragelonne, j'ai craqué et ai acheté les livres au fur et à mesure. La sortie de la saga sous les projecteurs d'Amazon m'ont permis de lancer ma relecture.

Je n'aurai donc pas la frustration de vous indiquer pendant encore trop longtemps mon fameux « lu et non chroniqué » pour les anciens tomes... vu que je me relance depuis le début.

Impression

Préquelle de la Roue du temps, ce tome est principalement un tome visant à éclaircir ou statuer sur des éléments entourés de mystères ou flous qui ont pu émerger de la narration de la trame principale.
En cela il rempli parfaitement son objectif, retraçant les débuts de Moiraine Sedai et d'où vient le fameux caractère de Lan, ainsi que l'ensemble de ce qui a trait à ce que j'appellerai les préliminaires de la quête du Dragon Réincarné.

Les personnages sont bien fouillés, leur psychologie bien décrite, d'autant plus que la jeunesse de Moiraine n'est pas encore frappée du bon coin des intrigues (encore que) que tissent sans cesse nos « Servantes de tous » (la signification du terme Aes Sedai).

L'écriture de l'auteur est fluide et agréable et est bien dans la continuité de la saga, comprendre par là qu'il ne s'agit pas d'une encyclopédie à l'usage des fans, mais bien une mise en scène de ce matériau brut, ce qui en rend la lecture très agréable.

Par contre, vous n'y trouverez pas le souffle de la saga, ni même une histoire vraiment emballante. Il est sûr que l'histoire sert de mise en valeur pour les réponses apportées plutôt que l'inverse. Ce n'est pas pour moi rebutoire, au contraire je note l'effort pour mettre en scène ce qui n'est, de fait, que des réponses à des questions non résolus sur certains points de l'univers.

Note

Un 14/20 pour cette préquelle.
Ce tome sert pleinement son but qui est de répondre sur la provenance de Moiraine et Lan ainsi que tout ce qui tourne sur les débuts de la quête du Dragon Réincarné.
Par contre, l'histoire, sans être absente, n'est pas ce qui brille dans ce tome, même si elle permet clairement d'avoir une lecture agréable et digeste des informations délivrées par ce tome.

Si vous êtes fan de la saga, cette lecture est un vrai plaisir. Si vous commencez la saga, je ne peux que vous conseiller de lire quelques tomes avant d'y revenir. Vous y aurez beaucoup plus d'intérêt, tout en conservant le plaisir de découvrir l'univers au fur et à mesure de nos paysans et bergers de Deux-Rivières.

Série : La Roue du temps

  1. Nouveau printemps (avis)
  2. L'Œil du monde (avis)
  3. La Grande quête (avis)
  4. Le Dragon réincarné (avis)
  5. Un Lever de ténèbres (avis)
  6. Les Feux du ciel (avis)
  7. Le Seigneur du chaos (avis)
  8. Une Couronne d'épées (avis)
  1. Le Chemin des dagues (avis)
  2. Le Cœur de l'hiver (avis)
  3. Le Carrefour du crépuscule (avis)
  4. Le Poignard des rêves (avis)
  5. La Tempête imminente (non lu)
  6. Les Tours de minuit (non lu)
  7. Un Souvenir de lumière (non lu)
  • HS 1. L'Univers de la roue du temps (non lu)

Royaume de vent et de colères - Univers du Royaume de vent et de colères, tome 1 / Jean-Laurent del Socorro

Couverture livre - critique littéraire - Royaume de vent et de colères de Jean-Laurent del Socorro

Récit

1596.
Deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi.

À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme.

Les pions sont en place. Le mistral se lève. La pièce peut commencer.
Mais pas de panique, ne faisons pas un plat de cette catastrophe planétaire : il s'en produit constamment.

Impression

Ce roman est court, mais intense.

Pour commencer, parlons de cette plume. Saisissante, elle plie le récit de manière condensée, rapide et précise. C'est un style que j'adore, alors forcément quand c'est bien manié comme ici, ça donne un rythme et une concision qui sert particulièrement ce livre.

Côté background, on se retrouve dans le terrain de la fantasy historique.
Ainsi notre histoire prend place au sein de la ville de Marseille, du temps d'Henri IV où elle forme le dernier bastion résistant à l'oppresseur catholique.
Cela place à la fois le cadre historique, mais aussi l'ambiance et la découverte de cette ville, qui semble parfois un personnage par contre-coup, ne serait-ce parce qu'elle préside aux évènements qui se passent.

Certains trouveront que la description de la ville est pauvre, rapport à l'écriture condensée et la faible épaisseur du livre, moi j'y ai trouvé une description succincte mais prenante. Une description qui laisse le lecteur remplir les trous tout en précisant les points saillants. J'aime, que dis-je, j'adore, ce style descriptif succinct.

Côté personnages, on est superbement servi par des personnages en profondeur que la vie à plus ou moins malmené, mais surtout qui ont fait des choix, choix que peu d'entre eux ne regrettent pas en partie.
Sur cette base, les personnages sont épais, et je dirai même que j'aurai lu ce roman court rien que pour en découvrir un peu plus pour ces personnages.

Car parmi nos protagonistes nous avons notre chevalier anciennement protestant et reconverti, une maîtresse de guilde d'assassin, une ancienne mercenaire qui a décidé de tenir une taverne, des « mages » aux amours impossibles,…
Une mention toute spéciale pour le chevalier dont la situation a su vraiment me toucher et bien entendu le truculent Turc dans lequel je ne dois pas être le seul à avoir su y retrouver la gouaille et l'humour de
Benvenuto du sieur Javorski.

L'histoire suit la trame historique. Pour peu qu'on connaisse ce qui s'est passé, nulle uchronie à y voir, d'autant que l'apport fantasy reste relativement léger dans ce récit, et surtout se fait dans le sens de la vraie Histoire. Du coup, on lit ce roman en sachant à l'avance l'inéluctable, ce qui permet de craindre pour nos personnages, tout en donnant corps à l'univers.

La structure du récit s'appuie sur le suivi des pensées des différents protagonistes, tour à tour, et en découvrant ce qui les amène à leur situation actuelle par de multiples flash-back. C'est bien amené et agréable à souhait pourvu qu'on aime le procédé tout en ajoutant de la nervosité par l'utilisation de chapitres brefs.

Note

Un 18/20 pour ce livre.
Je pense que les choses sont claires : j'ai été emporté par ce roman qui a su faire de sa concision une force.
Sans nous emporter dans une récit d'intrigues et de politique, il sait parfaitement utiliser celles de l'Histoire, posées comme background, pour y faire évoluer des personnages saisissants, profonds et attachants, tous emplis d'amertume et de colère.

Sur ce je vous laisse, en vous conseillant moultement de lire ce livre... et de découvrir ces colères qui se dévoilent sous le Mistral qui se lève.

Série : Univers du Royaume de vent et de colères

  • Royaume de vent et de colères (avis)
  • La Guerre des trois rois (non lu)
  • Le Vert est éternel (non lu)

Le Seigneur maudit - La Lame et le sang, tome 1 / Julien Schneider

Couverture livre - critique littéraire - Le Seigneur maudit, tome 1 de La lame et le sang, de Julien Schneider

Récit

La Lame et le Sang est une trilogie de romans se déroulant dans un Japon médiéval fantastique où samouraïs, kamis et yokaïs se côtoient, où de puissants daïmyos intriguent dans l’ombre et où pourtant l’amour peut fleurir.

Takeshi est le détenteur d’un étrange sabre maudit qui l’incite à verser toujours plus de sang. Devant lutter contre cette soif contre-nature, il cherche un moyen pour se libérer de ce fardeau.
Il croise la route de son ancien frère d’armes, Akira, un samouraï en manque d’aventure devenu le yojimbo de Mariko, une mystérieuse jeune noble dépossédée de ses terres qui cherche à les récupérer. Akira demande alors à son ancien condisciple de les aider.
Et quand la jeune fille lui propose des informations concernant son sabre, Takeshi accepte la mission.

Sans le savoir, il va participer à combattre un seigneur qui a toutes les armes en main pour renverser l’Empereur du Japon.

Impression

Ce premier tome d'une trilogie nous fait découvrir une histoire se passant au japon médiéval où se côtoient samouraï, kamis et autres sorciers.

La lecture en est agréable. On est clairement plongé dans les méandres du japon fantastique et l'auteur fait l'effort, tout en conservant les noms japonais pour rester dans la thématique, d'en expliquer les codes l'air de rien au cours du récit.
Ceux qui connaissent l'univers japonnais trouveront sans doute cela redondant, mais pour une personne découvrant les subtilités japonaises, c'est très agréable à lire.
De plus le voyage est bien dans la thématique, et c'est donc un agréable voyage japonisant qui nous est proposé.

Côté personnages, on est déjà plus dans l'archétypal. Même si la psychologie de ces derniers est bien explorée au cours du récit, il n'en reste pas moins qu'ils manquent (à mon sens) de subtilité, ou plus exactement de dualité, cette dernière étant présente plus par une imposition extérieure que provenant du caractère du personnage en tant que tel, qui semble plus ressasser sans cesse ce qui lui a été imposé et dont il a la charge aujourd'hui.

Côté scénario, ça se tient mais sans plus. L'histoire n'a pas de grand rebondissement et les points clefs plutôt téléphonés.
De même, on pourra retrouver l'écueil des ennemis qui, bien que plus forts, préjugent de la faiblesse de l'ennemi et s'exposent inutilement. C'est peut-être voulu pour donner un côté manga, mais je trouve ça un poil hors-sujet dans le cadre d'un roman qui demande un poil plus de subtilité.

On peut toutefois noter de jolies punchlines et un caractère bien trempé à notre personnage principal, avec de plus, une histoire d'amour qui sait ne pas tomber dans la mièvrerie, ce qui est particulièrement rafraichissant (et pour le coup dénote du côté manga).

Note

Un 14/20 pour ce livre.

Au final, malgré un scénario plutôt moyen et des personnages un peu trop caricaturaux, le livre procure tout de même un voyage enchanteur et une bonne introduction à l'univers du japon médiéval fantasy - notamment pour un lecteur ayant relativement peu de connaissances à cet effet.

Je lirai la suite lorsqu'elle sera publiée, la découverte de ce Japon médiéval fantasy étant indéniablement bien rendu.

Série : La Lame et le sang

  1. Le Seigneur maudit (avis)
  2. Les Masques de Chairs (non publié)
  3. Le Loup des dieux (non publié)

Confessions d'un elfe fumeur de lotus - Les Extraordinaires et Fantastiques Enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé, tome 3 / Raphaël Albert

Couverture livre - critique littéraire - Confession d'un elfe fumeur de lotus - Les Extraordinaires et Fantastiques Enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé T03 de Raphaël Albert

Récit

À Panam, le Paris à la fois steampunk et fantasy imaginé par Raphaël Albert, Sylvo Sylvain, le fameux elfe détective privé, est en proie au spleen. Dans une fumerie de lotus, hébété, allongé sur une natte usée, de pipe en pipe, il se perd dans les souvenirs de son enfance…

La Grande Forêt des Elfes se déploie, cruelle et merveilleuse et, dans la fumée épaisse du lotus, l’existence féérique de son peuple reprend vie. L’avenir, croyait Sylvo à cette époque, était tracé comme la hampe d’une flèche : il serait le prochain champion de la Grande Forêt. Mais le sort prendra une toute autre tournure.
Face à son destin, Sylvo deviendra son pire ennemi…

Impression

Cette série a été un véritable coup de cœur jusqu'ici. C'est donc avec truculence que je m'étais installé pour en lire ce troisième opus, malgré les avertissements d'un changement radical de style pour ce troisième opus.

Fatalitas, l'engouement pour ce tome n'a clairement pas été au rendez-vous, au point que j'ai dû m'y reprendre à 3 fois avant de pouvoir vraiment pénétrer dans ce tome (ce qui explique en partie le délais de lecture depuis le précédent tome).

Pourtant, sur le papier, tout était là pour réussir :

  • une superbe série ;
  • un personnage principal haut en couleurs (et surtout en nuances de gris) ;
  • un passé mystérieux à découvrir…
Mais rien n'y fit, sauf en partie le final qui se veut plus mouvementé. En effet, ce tome est emprunt de mélancolie, d'apitoiements et de regrets.
Et autant pénétrer dans la psyché et le passé de Sylvo est intéressant. Autant y aller quand il est en mode dépressif suicidaire à tendance « c'était mieux avant que je foire tout », ça m'a clairement rebuté et m'a fait complètement sortir du récit.
Pourtant dans ce récit, on apprend plein de choses intéressantes. Le fonctionnement de Toujours Verte, l'un des lieux de résidences des elfes. Le passé de Sylvo et aussi celui de Pixel.

Le background est clairement bien posé. Le fonctionnement de la forêt, plein d'elferies... mais aussi de noirceurs, rend sa découverte intrigante et enthousiasmante. Même si je m'y retrouve moins que dans la description de Panam des précédents tomes, Toujours Verte y est décrit dans l'intégralité de son fonctionnement. Us et coutumes, menaces, ses habitants. Une véritable découverte totalement différente du monde des hommes.

Mais las, la mièvrerie et l'autodestruction passive de Sylvo dans son récit m'ont fait rater l'immersion - à moins que ça ne soit lié à l'absence du cynisme que j'aimais tant chez Sylvo…
Le rythme du récit n'aide pas nécessairement. Ici point d'enquête. On retrace la vie de Sylvo, depuis sa naissance jusqu'à sa déchéance.
L'enquête peut éventuellement se faire au niveau du lecteur pour essayer de découvrir en avance qu'elle peut être l'origine de la faute qui l'a fait quitter Toujours Verte. À partir de quand il a acquis son cynisme dévastateur ?

Toujours est-il que l'histoire se veut lente, feutrée, l'auteur ayant très certainement à cœur de transmettre ainsi le rythme auquel bat le cœur de Toujours Verte.

Les personnages, nouveaux ou anciennes connaissances, sont particulièrement bien décrits et on a clairement le temps d'entrer dans la psychologie des personnages et d'en apprendre énormément sur eux.

Note

Un 14/20 pour ce livre.
Clairement déçu par ce rythme, la mièverie et le caractère dépressif de Sylvo qui m'ont clairement fait sortir de ce livre.

Néanmoins, on ne peut que tenir compte de la découverte faite de la vie chez les elfes et de la profondeur des personnages.
Ce n'est donc pas un mauvais livre, mais un livre auquel je n'ai pas accroché, doublé de l'acidité de la déception vis à vis du coup de cœur que j'ai eu avec les premiers opus.

Ceci explique le pourquoi d'une note aussi élevée... malgré ma déception à sa lecture.

Le quatrième tome renouant à priori avec les débuts, je m'en irai le lire... Je ne voudrai pas louper la fin de cette série.

Série : Les Extraordinaires et Fantastiques Enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé

  1. Rue Farfadet (chroniqué)
  2. Avant le déluge (chroniqué)
  3. Confessions d’un elfe fumeur de lotus (chroniqué)
  4. De bois et de ruines (non lu)

La Magnificence des oiseaux - Une Aventure de Maître Li et Bœuf Numéro Dix, tome 1 / Barry Hughart

Couverture livre - critique littéraire - La Magnificence des oiseaus, tome 1 des aventures de Maître Li et Bœuf Numéro Dix de Barry Hughart

Récit

Pour lutter contre une épidémie pour le moins singulière — puisqu'elle sait compter et ne touche que les enfants de son village — Bœuf Numéro Dix se rend à Pékin le jour de son dix-neuvième anniversaire. Là, il rencontre un vieil alcoolique, un sage qui bien des années auparavant fut célèbre sous le nom de Maître Li. De retour au village de Kou-Fou, tous deux découvrent sans mal que Fang le prêteur sur gage et Ma le Grigou ont empoisonné les enfants par erreur. Les deux coupables ont pris la fuite, mais il reste à guérir les enfants...

Ainsi commence la première enquête de Bœuf Numéro Dix et Maître Li, dans une Chine qui ne fut jamais, où la recherche de la Grande Racine de Pouvoir les conduira à briser la terrible malédiction qui pèse sur la princesse aux oiseaux...

Impression

Vous découvrez avec ce livre un conte. Plein d'humour, extravagant à souhait, le récit nous emmène découvrir une Chine mythique pour y suivre 2 personnages principaux dans des aventures plus ou moins loufoques.

Je ne m'y connais pas du tout en conte chinois, je ne m'avancerai pas à dire si la structure de ce livre reprend donc celle des contes chinois, mais on y retrouve un schéma très semblable à nos contes de par chez nous, le monde mirifique de la Chine en plus.
Et question imagination et immersion, le paris est gagné haut la main.

Côté histoire, 2 tendances coexistent. La première est un effet que j'appellerai « manga » : ce conte est une succession d'aventures (épreuves) que les protagonistes traversent et qui se répètent l'une après l'autre. C'est ici que l'effet manga se loge : la structure de chaque aventure est toujours la même, et force est de constater que si ça marche bien quand on est enfant, à la troisième itération, ça m'ennuie. Heureusement que je découvre l'univers des contes chinois donc.
La seconde tendance, c'est que malgré cette simplicité présentée par cette réitération de structure objectif / aventure / échec / victoire, la trame principale liant tous ces évènements est à contrario très bien posée et se laisse découvrir au fil de l'aventure. Et cette trame, sans être particulièrement originale, est bien amenée et permet de produire des rebondissements dans le questionnement d'où veut en venir l'auteur pendant la lecture.

Mais au final, la véritable force de ce récit tient, selon moi, dans les personnages truculents qu'on y rencontre.
Comment ne pas aimer le sage Maître Li, vieux puits de connaissances à la moralité douteuse et à la sagesse particulière qui ne cesse de regretter ses 90 ans (comme quoi la dive bouteille conserve, même en Chine - il faut dire que le divin touche la vacuité dans ce cas. [Comment ça jouer sur l'anagramme dive / vide est capilotracté ?]).
Bœuf Numéro Dix est quant à lui attachant dans sa naïveté et est à la fois un très bon contrepoint au sage Li mais aussi son parfait complément. Car là où la raison et l'intelligence de Li supplante Bœuf, il le supplante pareillement sur le plan physique et moral.
Et au-delà de ces 2 personnages principaux, on rencontrera des personnages secondaires tout aussi truculents, au point qu'on apprécie par avance l'arrivée de ceux qui sont récurrents (la structuration du récit aidant à savoir quand ils arriveront).

Note

Un 15/20 pour ce livre.
Ce conte chinois n'est pas parfait et la répétition des schémas objectif / épreuve / défaite / victoire peut lasser, néanmoins cet éceuil est clairement dépassé par la beauté de l'univers exposé (que je ne connais pas par ailleurs), la truculence des personnages croqués et dans une moindre mesure, un fil rouge qui relie parfaitement les différents évènements, donnant un sens à cette série d'éléments d'apparence stochastique.

Je lierai la suite, car somme toute, les personnages croqués sont particulièrement plaisants.

Série : Les Aventures de Maître Li et Bœuf Numéro Dix

  1. La Magnificence des oiseaux (avis)
  2. La Légende de la pierre (non lu)
  3. Huit honorables magiciens (non lu)

La Maison des chaînes - Le Livre des Martyrs, tome 04 / Steven Erikson

Couverture livre - critique littéraire - La Maison des chaînes, tome 4 du Livre des Martyrs de Steven Erikson

Récit

Au nord de Genabackis, un groupe d’incursion mené par trois guerriers teblors descend de la montagne dans le but de ravager les plaines méridionales occupées par les basse-terriens qu’ils honnissent. Pour le dénommé Karsa Orlong, ce raid marquera le début d’une extraordinaire destinée.

Quelques années plus tard, Tavore, la nouvelle Adjointe de l’Impératrice, débarque dans le dernier bastion de Sept-Cités encore aux mains des Malazéens après les événements dramatiques de la Chaîne des Chiens. Nouvelle à son poste de commandement, elle devra aguerrir douze mille soldats fraîchement recrutés pour la plupart — à l’exception d’une poignée de vétérans ayant survécu à la légendaire marche de Coltaine — afin de former une armée capable de renverser les hordes de l’Apocalypse qui se terrent au cœur du Saint-Désert.
Tandis que les Grands Prêtres et les généraux de Sha’ik se livrent à une lutte de pouvoir qui menace l’âme même de la Rébellion, d’obscures forces se rassemblent autour de Raraku et de son mystérieux Tourbillon.

Dans le Naissant, Onrack, un T’lan Imass perdu, libère de ses fers le Tiste Edur Trull Sengar, abandonné et banni par ses semblables ; tous deux vont dès lors se lancer dans une longue odyssée pour rejoindre leur domaine d’origine.

Sur Avalii la dérivante, une sanglante confrontation ravive les inimitiés qui règnent entre les trois garennes primordiales, forçant Ammanas et Cotillon à sortir de leur réserve. Et au cœur de Kurald Thyrllan, les Tistes Liosan sont aux abois : Osric, leur dieu, a disparu, et personne ne semble savoir où il est.

Un terreau propice à l’avènement de la Maison des Chaînes du Dieu Estropié qui, en secret, poursuit son inquiétant recrutement...

Impression

Quatrième tome de cette décalogie, nous voici faisant suite aux évènements ayant eu lieu dans Les Portes de la Maison des morts, c’est-à-dire le seconde tome. Car oui, Erikson semble vouloir se faire suivre 2 trames entre numéros pairs et impairs. La suite nous dira si ce schéma reste vrai.

Ce qui est sûr, c'est que dans le cadre du récit, l'auteur ne fait pas de redite. En effet, pour les grandes trames (très grosses mailles vu la densité des différents récits) :

  • Dans le premier tome, nous avions le droit à une bataille dantesque pour la prise d'une cité suivie d'une mission d'infiltration dans un panier de crabe.
  • Dans le second tome, c'était l'insurrection de Sept-Cités qui étaient à l'honneur avec principalement le périple d'une armée en fuite, son courage et tout ce qui tenait de l'épique à l'honneur.
  • Dans le troisième tome, c'était une guerre totale qui y était décrite, avec son lot de massacres et de résistances épiques.
  • Dans ce quatrième tome, on est sur la montée de tension liée à l'approche de grands événements, ainsi que la découverte d'un nouveau personnage qui possède à lui seul une bonne partie du récit - fait qui n'était jamais survenu jusqu'à présent.

Pas de doute, en termes de structuration du récit, Erikson sait varier les plaisirs.

Karsa Orlong

Karsa Orlong

La première partie du récit (les 250 premières pages quand même) ne concerne que la découverte de Karsa Orlong, un teblor (ou Telomen Toblakaï suivant les régions) avant de rejoindre les autres trames narratives de ce tome.
Karsa est un guerrier rude, malsain même, totalitariste pour lequel les valeurs comme tuer son ennemi, violer ses femmes et ne faire montre d'aucune faiblesse va de soi et doit s'imposer aux autres. Aux autres teblors d'ailleurs car il ne fait pas de doute que les humains qui ne sont pas trop loin de leur territoire ne sont considérés que comme du gibier et qu'il s'est mis en tête d'aller en massacrer pour l'honneur de ses dieux.

On a donc un personnage qui stigmatise totalement l'anti-héros, que l'on devrait détester et qui pourtant, dans son traitement par Steven Erikson se voit entouré d'une aura qui arrive à nous le faire apprécier (à défaut d'aimer) malgré ces quelques menus défauts - d'autant plus qu'on voie assez rapidement le fait qu'il se fait manipuler par de nombreux protagonistes.

Sept-Cités

Tavore Paran

En second lieu, nous nous retrouvons avec l'ajointe Tavore Paran, sœur de Ganoes qu'on a beaucoup rencontrée dans les tomes 1 et 3, mais aussi grande sœur de Félisine alias Sha'ik réincarnée, alias la chef de la révolte de Sept-Cités.

Dans cette partie, nous assisterons à la montée de la pression pour le futur affrontement entre les Malazéens (armée mal préparée et surtout inexpérimentée) et les insurgés (armée de vétérans mais rassemblant divers clans / tribus qui ne sont pas particulièrement copains comme cochons) avec pour chapeauter l'ensemble cette lutte sororicide.


Raraku

Un « personnage » émerge de plus en plus dans le roman, c'est le désert Raraku lui-même, notamment au travers de ce qu'il est réellement et de comment chacun veut l'utiliser. En effet, le désert n'est clairement pas un désert classique. Siège de la naissance du Tourbillon. Celui par qui les Brûleurs de Ponts ont été formés. Ce livre dévoile un petit pan de son histoire.

Raraku et le mur de sable de Dryjhna

Ça donne quoi alors ?

Et bien que du bon. Malgré tout ce que les 3 premiers tomes ont pu nous apprendre, force est de constater qu'on n'a fait qu'effleurer le contenu du background de cet univers. Et clairement, on voit qu'il se forme sur plusieurs (centaines de) millénaires et que les implications des premiers peuples sont encore en train de se jouer aujourd'hui.

Toujours le plaisir de voir les Dieux traités au même rang que les humains (comprendre que s'ils s'impliquent ils risquent gros, et que ceux qui ne font rien... peuvent se retrouver pris dans les plans d'un autre).

Le récit est plus lent que les précédents. On y voit monter la tension épique touche par touche. Et quelque part je trouve que c'est très bien joué. En effet, on a eu la marche de Coltaine pour la partie épique... là, la marche de Tavore nous apporte une tension qui monte et parrallèlement, on ne peut s'empêcher d'avoir en tête la Chaîne des chiens, et c'est ce qui rend cette tension tellement palpable, comme un fantôme qui suit la XIV armée.
Et le tout mâtiné de combats splendidement retranscrits et d'une bataille finale pleine de rebondissements.

L'histoire qui sous-tend la décalogie commence à se préciser : la lutte pour la survie de ce monde face aux forces que le Dieu Estropié met en branle, tout en étant rendue plus floue par l'interdépendance des inimitiés qui existent entre les grandes puissances. Et ce sans parler des intentions de chacun qui, tout en restant les mêmes, selon l'éclairage peuvent paraître plus ou moins légitimes, plus ou moins justes.
Les intrigues sont donc toujours de la partie, même si ce tome en apporte moins que les précédents tomes, sans doute lié au caractère de notre teblor qui a tendance à trancher dans le vif... même s'il n'est pas le dernier à y contribuer paradoxalement.

Enfin, ça devient une habitude, une sublime couverture vient parachever cette œuvre. On ne peut que remercier Marc Simonetti pour la beauté des couvertures qu'il produit pour cette édition.

Note

Un 20/20 pour ce tome.

Ce tome, plus lent que les précédents, manie principalement la tension qu'il fait naître chez le lecteur, nous précipitant petit à petit vers une situation qui nous semble inexorable. Une partie très réussie, sans compter l'histoire qui s'étoffe toujours plus, des intrigues qui se nouent et se dénouent et cette capacité de l'auteur à nous faire aimer ses personnages, même les plus odieux.
La découverte de l'univers continue de nous surprendre et est toujours un régal.

Au final, je ne peux que vivement vous encourager à lire cette saga et ce tome. Du plaisir à l'état pur.
Complexe, riche, et ô combien bien construit. Continuez avec moi dans ce superbe univers !

Série : Le cycle malazéen

Le livre des Martyrs

  1. Les Jardins de la Lune (avis)
  2. Les Portes de la Maison des morts (avis)
  3. Les Souvenirs de la glace (avis)
  4. La Maison des chaînes (avis)
  5. Les Marées de minuit (avis)
  6. Les Osseleurs (avis)
  7. Le Souffle du Moissonneur (non lu)
  8. La Rançon des Molosses (non lu)
  9. Poussières de rêves (prévu 2022)
  10. Le Dieu estropié (prévu 2022)

The Kharkanas Trilogy

  1. [Forge of Darkness (non traduit)]
  2. [Fall of Light (non traduit)]
  3. [Walk in Shadow (en cours d'écriture)]

Novels of the Malazan Empire

  1. [Night of Knives (non traduit)]
  2. [Return of the Crimson Guard (non traduit)]
  3. [Stonewielder (non traduit)]
  4. [Orb Sceptre Throne (non traduit)]
  5. [Blood and Bone (non traduit)]
  6. [Assail (non traduit)]

La Voie de l'Ascendance

  1. La Complainte de Danseur (non lu)
  2. [Deadhouse Landing (non traduit)]
  3. [Kellanved’s Reach (non traduit)]
  4. [The Jhistal / Forge of the High Mage (forthcoming)]

The Witness Trilogy

  1. [The God is Not Willing (non traduit)]
  2. [No Life Forsaken (forthcoming)]
  3. [- (forthcoming)]

Tales of Bauchelain and Korbal Broach

  1. [Blood Follows (non traduit)]
  2. [The Healthy Dead (non traduit)]
  3. [The Lees of Laughter's End (non traduit)]
  4. [Crack’d Pot Trail (non traduit)]
  5. [The Wurms of Blearmouth (non traduit)]
  6. [The Fiends of Nightmaria (non traduit)]
  7. [Upon a Dark of Evil Overlords (non traduit)]
  8. [Goats of Glory (non traduit)]


Mordre le bouclier - Chien du heaume, tome 2 / Justine Niogret

Couverture livre - critique littéraire - Mordre le bouclier de Justine Niogret

Récit

Castel de Broe, six mois ont passé depuis la mort de Noalle et Chien du heaume, anéantie par la perte de ses doigts, s’abîme dans la contemplation de sa griffe de fer, cadeau de Regehir le forgeron.

Bréhyr entend lui redonner vie et l’entraîne sur les routes à la recherche du dernier homme qu’elle doit tuer : Herôon. Parti en Terre sainte, celui-ci reviendra par le Tor, une tour mythique où le monde des vivants s’ouvre à celui des morts.

Les deux guerrières remontent alors le sillage de sang, de larmes et de pourriture des croisades, arpentant côte à côte la voie de la folie et de la vengeance.
Dans ce calvaire, Chien rencontrera Saint Roses, chevalier à la beauté d’icône, au savoir de maestre et dont la foi s’est érodée au pied des hautes murailles de Jérusalem. Une faible lueur qui annonce peut-être un espoir de rédemption.

Impression

Second tome d'un dyptique (cf. ici pour la critique du premier tome), la lecture du premier tome est indispensable. En effet, ce second tome reprend quelques mois après la fin de Chien du Heaume pour poursuivre l'histoire de la quête.

Dans ce second tome, on reste avec une histoire et une écriture dure et sans concession.
Les personnages restent particulièrement complexes, et même plus puisqu'on va pouvoir les voir aller jusqu'à leurs points de rupture psychologiques et voir ce qu'il en résulte.
Néanmoins on change de registre dans la façon dont l'histoire est contée. Finie le récit de morceaux de vie qui suivent un fil directeur. On rentre dans quelque chose de plus classique : cette fois-ci, on suit une intrigue d'un bout à l'autre.
Plus de passage de vie qui s'organisent autour d'un même fil rouge sans autre soucis que d'arriver à Chien du Heaume. Non, ici on suit sa quête réelle jusqu'à son terme. On est donc retourné dans un style de narration plus classique, ce qui n'est pas forcément un mal car, après le premier tome, on avait découvert déjà pas mal de chose sur le personnage ; même si on découvre toujours un peu plus Chien dans ce tome.

Dans ce tome, on met l'accent sur les limites des différents protagonistes. Que cela soit Chien, la Salamandre et Bréhyr que l'on a découvert dans le précédent tome, ou de nouveaux comme Saint-Roses et sa compagne de route.
Tous ont en commun d'être arrivé au point de rupture et le traitement de comment on en sort après cela est à la fois complexe mais bien amené - notamment par l'action qui évite de se morfondre dans une simple psychologie de personnages.

Question scénario, ce n'est clairement pas le point fort de ce roman. Le récit est somme toute très linéaire, et l'on a le temps de voir les choses arrivées.
On peut même considérer que ce dernier est très capilo-tracté car je n'ai clairement pas vu ce qui permettait tant d'assurer à chaque protagoniste la certitude de trouver sa Némésis si ce n'est une attitude mystique et fataliste encore plus prononcée que dans le premier tome.

Question background, on est sur une période moyenne-âgeuse, avec l'univers dur et rustre qui y est associé. Le côté Fantasy apparait plus dans ce second tome en partie sous la forme divinatoire, mais aussi en accompagnement de la folie, ce qui la rend difficile à distinguer des simples délires... mais ces derniers ayant des conséquences, difficile de ne les laisser qu'au coin des rêves animés.

Enfin, la plume de l'auteur est toujours aussi vive et acérée. L'atmosphère est clairement soutenue par cette écriture qui sait manier onirisme et réalisme du plus bas étage.

Note

Un 15/20 pour ce livre.

Cette suite est moins entrainante que le premier tome. On y perd principalement en revenant à un système de narration plus classique, ce qui est d'autant plus souligné que le scénario n'est toujours qu'une annexe à la découverte des personnages et de leur cadre de vie.

Un livre à lire principalement parce qu'il est la suite du précédent tome, et que ça serait dommage de ne pas connaître la fin, mais qui, même s'il est bon, est un ton en dessous du premier.
Mon conseil : lisez les deux l'un à la suite de l'autre. Ainsi vous n'aurez pas la perte de plaisir lié à un livre moins novateur que le précédent puisque, somme toute, ce n'est que la suite de la première histoire.

Série : Chien du heaume

  1. Chien du heaume (avis)
  2. Mordre le bouclier (avis)

Chien du heaume - Chien du heaume, tome 1 / Justine Niogret

Couverture livre - critique littéraire - Chien du Heaume de Justine Niogret

Récit

On l'appelle Chien du heaume parce qu'elle n'a plus ni nom ni passé, juste une hache ornée de serpents à qui elle a confié sa vie. La quête de ses origines la mène sur les terres brumeuses du chevalier Sanglier, qui règne sans partage sur le castel de Broe. Elle y rencontre Regehir, le forgeron à la gueule barrée d'une croix, Iynge, le jeune guerrier à la voix douce, mais aussi des ennemis à la langue fourbe ou à l'épée traîtresse. Comme la Salamandre, cauchemar des hommes de guerre...
On l'appelle Chien du Heaume parce qu'à chaque bataille, c'est elle qu'on siffle.

Dans l'univers âpre et sans merci du haut Moyen Âge, loin de l'image idéalisée que l'on se fait de ces temps cruels, une femme se bat pour retrouver ce qu'elle a de plus cher, son passé et son identité.

Impression

Pour commencer, une fois n'est pas coutume, autant vous dire qu'heureusement qu'on m'a conseillé la lecture de ce livre. En effet, je ne sais pas vous, mais moi c'est pas la lecture de la quatrième de couverture qui m'éclaire beaucoup sur le contenu de ce livre ni qui me donne spécialement envie.

Pour en revenir au contenu du livre, en premier lieu, Chien du heaume est un livre noir. Noir au sens où l'ensemble de l'histoire ressasse un sentiment prégnant, distillé par l'ensemble des personnages : la solitude.
Solitude des protagonistes qui, chacun pour leur⋅s raison⋅s, s'isole des autres, vivant avec eux, mais sans y être vraiment ou en se mentant à lui-même.
Solitude de la nature aussi où l'on suit Chien au gré de ses pérégrinations mais qui ne sont que des chemins esseulés entre villages (quand on a de la chance).
Solitude enfin car, dans ce récit, on sent bien qu'on raconte l'histoire d'un monde sur le point de changer. Dans ce tome, seul le sentiment existe, est ressenti. On ne pourra mettre les mots dessus qu'à la situation du second tome, où l'on peut déduire que l'histoire se passe au retour de la première Croisade. Néanmoins, même sans mots, on sent un monde qui se meurt, un monde d'un autre temps, un monde qui va bientôt cesser d'être pour laisser place à un nouveau... Laissant donc les derniers représentants de l'ancien monde... seuls justement.

Le point fort de ce livre, ce sont les personnages.
Durs, complexes, chacun ayant ses forces et ses faiblesses, mais surtout chacun ayant reçu une blessure profonde autour de laquelle s'est forgé son caractère, si ce n'est sa vie.
Alors évidemment, on suit Chien qui est une mercenaire, on n'est donc pas avec des enfants de chœur, mais avec des survivants. De ceux qui ont réussi à ne pas mourir de froid et de faim, qui ont appris à se battre.
Mais on les voit tous vaciller au gré de sentiments qui pourraient éreinter leur solitude et d'évènements qui érodent leurs certitudes. Certains les masquent, d'autres les vivent pleinement, d'autres enfin se voient comme ils ne sont pas. C'est un univers terne qui est dépeint et qui pourtant nous entraîne dans ce récit, dans la découverte de ce « monde », plein de rage et de fureur, mais aussi de moments lents à passer. Un monde accordé aux saisons. De fols étés et de longs hivers.

Le récit est très particulier. On a le récit d'un morceau de vie de Chien du heaume. Récit qui retrace ce morceau de vie, avec son objectif : retrouver son nom, mais surtout ses errances, ses aventures et ses doutes.
Le récit n'est pas guidé par un fil rouge directeur, retraçant une histoire, mais par le passage du temps au cours duquel les évènements vont s'agglutiner.
Et pour le coup, je parle bien d'objectif de vie et non de quête, parce que franchement, cet objectif est la fois la raison de vivre de Chien, mais n'est clairement pas le cœur de ce récit.
Il faut donc accepter de se laisser glisser au fil des pages, en notant pour après ces éléments qui referont surface plus tard.

De ce fait, question scénario, c'est pas ce qui se fait de mieux, et notamment de grosses ficelles sont visibles et parfois on se dit que la vie fait quand même bien les choses à certains égards.
Néanmoins ce livre se lit non pas pour le scénario mais pour son ambiance et ses personnages.

Question background, on est sur une période moyenne-âgeuse, avec l'univers dur et rustre qui y est associé. Le côté Fantasy apparaissant que de manière sous-jacente - principalement divinatoire, mais pas que, le chevalier Salamandre en est la preuve on ne peut plus physique.

La plume de l'auteur est vive, acérée, tranchante. L'atmosphère est clairement soutenue par cette écriture qui sait manier onirisme et réalisme du plus bas étage.

Note

Un 17/20 pour ce livre.
Un livre différent de ce que j'ai pu lire jusqu'à lors. On se surprend à suivre un conte, mais qui prend son temps, à la fois fait de sentiment gris et sombre en fond, mais émaillé de pointes de couleurs, de sentiments vifs et ardents. Un livre très plaisant à lire et qui amène à une découverte en termes de style de narration.

En tout état de cause je lirai la suite, ne serait-ce que pour connaître le fin mot de l'histoire, la fin étant sans doute la partie qui m'a le moins parlé dans cette histoire.
La suite est disponible
ici

Série : Chien du heaume

  1. Chien du heaume (avis)
  2. Mordre le bouclier (avis)

Les Souvenirs de la glace - Le Livre des Martyrs, tome 03 / Steven Erikson

Couverture livre - critique littéraire - Les Souvenirs de la glace, tome 3 du Livre des Martyrs de Steven Erikson

Récit

Le continent ravagé de Genabackis a donné naissance à un nouvel empire terrifiant : le Domin de Pannion. Telle une marée de sang corrompu, il dévore ceux qui refusent de se soumettre à la sainte parole de son tyran fanatique. Pour l'affronter, l'Ost de Dujek Unbras et les Brûleurs de Ponts de Mésangeai et de Ganoes Paran devront forger une alliance avec leurs vieux ennemis : les forces du seigneur de guerre Caladan Rumin, les Tistes Andii d'Anomander Rake et les Rhivis des plaines

Mais ce ne sont pas les seuls événements qui se trament.
Les clans T'lan Imass se sont également réveillés, répondant à l'appel de l'antique rassemblement qui scellera leur destinée.
Dans l'ombre, une infection se propage, corrompant les garennes, souillant la chair de Brûle, la Déesse Endormie elle-même.
À Morn, une déchirure écarlate porte la trace du Chaos, promesse d'une effroyable renaissance.

Et partout l'on raconte que le Dieu Estropié, désormais libéré de ses chaînes, chercherait à assouvir son impitoyable vengeance...

Impression

On attaque enfin un tome inédit en français... et donc inédit pour moi.

Allez hop, en voiture pour ce troisième tome qui prend sa place directement après le premier tome. On y retrouvera donc tous les protagonistes du premier tome, Kalam, Violain, Apsalar et Crockus en moins évidemment, puis qu'ils ont à faire à Sept-Cité (cf. le second tome).

K’Chain Che’Malle battaillant contre des T'lan Imass

Dans ce tome, nos protagonistes sont réunis face à un adversaire commun : le Domin de Pannion qui lève ses armées et semble prêt à ravager le continent.
D'ailleurs les anciens ennemis des Jardins de la Lune sont pour le coup réunis sous la même bannière face à cet ennemi.
Vous je ne sais pas, mais moi, voyant cela, ça sentait quand même la situation plus complexe qu'il n'y parait.
Parce que mine de rien, réunir Dujek, Mésangeai et les Brûleurs de Ponts d'un côté, avec Caladan Rumin, les Tiiste Andii et Anomander Rake de l'autre sous une même bannière, on sent bien que c'est pas fait par simple plaisir.
Et pour le coup, pas de doute, on est bien servi.

Plaine de Morn

On retrouve donc beaucoup de personnages introduits dans les Jardins de la Lune (y compris mon bon ami Kruppe - joie), ainsi qu'une palette de nouveaux personnages, tous très bien décrits avec leurs personnalités et leurs objectifs. Steven Erikson faisant ici montre de son imagination fertile en nous offrant de nouveaux protagonistes, sans redondances avec ceux déjà décrits.

On accède aussi à beaucoup d'explications.
Côté histoire du monde, on a ainsi le droit à des plongées de plus de 300 000 ans dans le passé où on peut voir à l'œuvre la formation d'anthropologue et archéologue de l'auteur dans ses descriptions et la densité des événements relatés. Le world-building y est particulièrement mis en exergue, tant sur le côté densité et « vraisemblance » (pour un univers dark-fantasy s'entend) que pour son utilisation dans les évènements contemporains de l'histoire.

Côté intrigues, on a aussi beaucoup d'explications qui tombent. Parfois mouchetées au fil de l'intrigue, parfois comme un barrage qui cède, nous faisant revoir complètement la situation telle qu'on croyait la connaître.
Et le pire ? C'est que malgré cette avalanche d'explications, ces dernières soulèvent plein de nouvelles questions, et renouvelle pleinement la géopolitique - et ce sans qu'on ait l'impression d'assister à la venue d'un deus ex machina.

Bataille de Capustan

Côté scénario, dans les précédents tomes, nous avions pu apercevoir les missions d'infiltration des Brûleurs de Pont du tome 1, les escarmouches et batailles d'usure du tome 2, ici, on va avoir de la bataille de siège. De la bonne boucherie qui vous met les tripes à l'air, dans tous les sens du terme.
Les batailles décrites sont « sublimes », les atmosphères étouffantes... Et de fait, on retient son souffle pour savoir comment tout cela va se terminer.

Car, on le voit bien avec Erikson, rien n'est jamais ce que l'on croit vraiment être, et même les dieux peuvent y laisser des plumes dans ces mouvements sur l'échiquier géopolitique de Genabackis.

Enfin, en aparté et pour couronner le tout, une sublime couverture vient parachever cette œuvre.

Je ne parlerai pas plus précisément des différents personnages, tant en parler risquerait de spolier une partie de cet opus, ce qui serait une grave atteinte au plaisir de sa lecture.

Note

Un 20/20 pour ce tome.
Ce tome manie l'épique avec maestria. Et qui plus est, sous une autre forme que le précédent tome qui était un chef-d'œuvre du genre.
Ce tome est très facile d'accès, se laissant lire encore plus facilement que les deux premiers opus (connaître une bonne partie des protagonistes aide il est vrai).

Outil T'lan Imass, Toc-le-jeune et Baaljagg

La découverte de l'univers continue de nous surprendre et est toujours un régal. Les intrigues se dénouent mais d'autres se nouent et l'ensemble se mélange pour recomposer le paysage que l'on a sous les yeux. Difficile de ne pas être subjugué par ce jeu d'intrigues, toujours au service de l'histoire et qui ne tombe jamais de rien.

Au final, je ne peux que vivement vous encourager à découvrir cette saga et ce tome. Du plaisir à l'état pur. Un cycle difficile à entamer car l'auteur ne prend pas le lecteur par la main, mais qui vaut pleinement l'investissement de s'y mettre dedans.

Complexe, riche, et ô combien bien construit. Continuez avec moi dans ce superbe univers !

Série : Le cycle malazéen

Le livre des Martyrs

  1. Les Jardins de la Lune (avis)
  2. Les Portes de la Maison des morts (avis)
  3. Les Souvenirs de la glace (avis)
  4. La Maison des chaînes (avis)
  5. Les Marées de minuit (avis)
  6. Les Osseleurs (avis)
  7. Le Souffle du Moissonneur (non lu)
  8. La Rançon des Molosses (non lu)
  9. Poussières de rêves (prévu 2022)
  10. Le Dieu estropié (prévu 2022)

The Kharkanas Trilogy

  1. [Forge of Darkness (non traduit)]
  2. [Fall of Light (non traduit)]
  3. [Walk in Shadow (en cours d'écriture)]

Novels of the Malazan Empire

  1. [Night of Knives (non traduit)]
  2. [Return of the Crimson Guard (non traduit)]
  3. [Stonewielder (non traduit)]
  4. [Orb Sceptre Throne (non traduit)]
  5. [Blood and Bone (non traduit)]
  6. [Assail (non traduit)]

La Voie de l'Ascendance

  1. La Complainte de Danseur (non lu)
  2. [Deadhouse Landing (non traduit)]
  3. [Kellanved’s Reach (non traduit)]
  4. [The Jhistal / Forge of the High Mage (forthcoming)]

The Witness Trilogy

  1. [The God is Not Willing (non traduit)]
  2. [No Life Forsaken (forthcoming)]
  3. [- (forthcoming)]

Tales of Bauchelain and Korbal Broach

  1. [Blood Follows (non traduit)]
  2. [The Healthy Dead (non traduit)]
  3. [The Lees of Laughter's End (non traduit)]
  4. [Crack’d Pot Trail (non traduit)]
  5. [The Wurms of Blearmouth (non traduit)]
  6. [The Fiends of Nightmaria (non traduit)]
  7. [Upon a Dark of Evil Overlords (non traduit)]
  8. [Goats of Glory (non traduit)]


L'Éveil - Nephilim : Intégrale, tome 2 / Fabien Clavel

Couverture livre - critique littéraire - Nephilim, intégrale, tome 2 : l'Éveil

Récit

À Rome, Léonidas, alchimiste et prêtre, est confronté à la disparition de jeunes séminaristes. Le Vatican le charge de l'enquête mais la venue de Keszhiv, superbe peintre à la peau d'ébène, n'est-il pas le signe que des forces souterraines et puissantes menacent de se réveiller ?

Dans les brouillards de Londres, l'heure du rassemblement a sonné, chacun des Immortels se dirige vers l'ancienne cité. La jeune Ar-Kaïm Nej tente de se faire une place au sein de l'Hepta mais ses membres restent méfiants et les dissensions internes mettent en péril leur alliance. Pourtant, la fin de leur quête est proche, ils possèdent enfin l'artefact de Lathil capable de guérir Alvó. Leurs ennemis héréditaires les Rose+Croix sentent que de grands bouleversements se préparent et n'ont jamais été aussi acharnés à leur traque.

Ce second volume contient Les Dracomaques et L'Effet Orphée, ainsi qu'un épilogue inédit qui boucle enfin la saga entamée il y a dix ans.

Impression

Suite de la première intégrale et regroupant les tomes Les Dracomaques et l'Effet Orphée. Les Dracomaques raconte globalement une histoire indépendante des précédents tomes (bien que chronologiquement après les 2 premiers) tandis que L'Effet Orphée lui voit se réunir l'Hepta.
La lecture des précédents tomes y est dès lors un préalable particulièrement conseillé.

Pour le glossaire concernant les différents types d'êtres magiques que nous rencontrons, je vous redirige vers ma chronique du premier volume.

Les Dracomaques

Les Dracomaques nous permet de découvrir les 2 derniers membres de la fraternité de l'Hepta, à savoir Léonidas, hydrim et alchimiste, et Keszhiv, onirim et ancienne élève alchimiste de Léonidas, et actuellement dracomaque, c'est-à-dire chasseuse d'effets dragons.
Les effets dragons sont des créatures magiques issues directement de la perturbation des champs magiques et les dracomaques une organisation Nephilim en charge de les réduire au silence.

On poursuit la découverte des membres qui constituent la fraternité de l'Hepta tout en suivant les actions effectuées par les Rose+Croix dont les objectifs sont à la fois au cœur du livre, mais dont les raisons restent assez obscures.

Les personnages de Léonidas et Keszhiv sont très bien posés, même si clairement, on a envie de baffer et de rabattre le caquet de Léo qui est tellement imbu de sa supériorité (et pour changer d'Ezekiel, cette supériorité est principalement dirigée envers les autres Nephilim, ça change, mais les baffes se perdent toujours).
On y suit Léo, chargé d'enquêter sur la disparition de membres du clergé ainsi que la quête de Keszhiv, venue ici pour détruire un effet dragon qui fait parler de lui.

Évidemment, les affaires sont un peu plus liées qu'il n'y parait de prime abord, et rien n'est vraiment ce qu'il parait non plus.
Ce tome mêle donc ésotérisme, enquête policière et action dans un mélange bien dosé puisqu'on ne s'y ennuie pas, et qu'on continue à découvrir la fraternité de l'Hepta, ainsi que le pourquoi de l'éclatement de cette dernière.

L'ensemble reste agréable, mais sans grande prétention. Le principal intérêt étant de découvrir le pourquoi l'Hepta est dispersée et de découvrir les 2 derniers membres qui la constituent.

L'Effet Orphée

Concernant la seconde partie, celle-ci est plus prenante dans le sens où quasiment l'ensemble de l'Hepta est réuni, ce qui amène d'une part l'ajout d'histoires sur la fraternité, mais aussi d'un certain nombre d'interactions entre les personnages.
En effet, il apparaît clairement que même si ne pas être ensemble leur manque, être ensemble est assez... explosif. Entre les pas clairs, les chefaillons, les hautains et les puérils, on a tout ce qu'il faut pour commencer une classe de maternelle, option enfants gâtés.

Par ailleurs, leur objectif quant à traiter le mal qui ronge le dernier membre de l'Hepta semble à portée de main... tout comme la vengeance pour les Rose+Croix.
Un bon mélange bien détonnant et qui procure du plaisir, si ce n'est qu'on a parfois envie de se taper la tête quand on voit comment les Nephilim se comportent. De vrais mômes, et du coup, on comprend pourquoi ils ne dominent pas le monde ces Sept-là même avec leurs pouvoirs.

Enfin, on a le plaisir de retrouver le personnage de Nej, toute jeune immortelle, traitée comme un bébé par les autres, alors qu'elle démontre une maturité plus évidente.
Dommage qu'on n'assiste pas à l'épanouissement de ses capacités magiques - cela aurait fait un bon contrepoint à ce que savent faire les membres de l'Hepta et les Rose+Croix.

L'artéfact de Lathil

Cet épilogue, court mais intense, permet de clôturer l'arc narratif de la fraternité de l'Hepta ainsi que la vengeance de l'Imperator des Rose+Croix.
De plus, je trouve cette clôture très bien inspirée, c'est-à-dire que le final permet d'équilibrer pas mal de choses... ce qui est dans la nature même des champs magiques n'est-il pas ?
Ainsi la boucle est bouclée, fraternité et vengeances assouvies... et la vie repart de nouveau. Une fin ésotérique en soi donc.

Note

Un 15/20 pour ce livre, décomposé en 13 pour Les Dracomaques, 15 pour l'Effet Orphée et 17 pour L'artéfact de Lathil, l'épilogue.
Sans être un must-have, cette série permet de se plonger dans la vie de Nephilim presque au quotidien. C'est donc un bon ajout pour ceux qui veulent se plonger dans l'univers du jeu de rôle. Une série sympathique in fine.

Série : Nephilim

Le cycle de l'Hepta

  1. Nephilim, intégrale T1 : Les Déchus (avis)
    1. Le Syndrome Euridyce
    2. Anonymus
  1. Nephilim, intégrale T2 : L'éveil (avis)
    1. Les Dracomaques
    2. L'Effet Orphée
    3. L'Artefact de Lathil

Le cycle des Phénix

  1. La Brûlure du phénix (non lu)
  2. Le Sabre et le fou (non lu)
  3. Dans l'œil de l'Aleph (non lu)

Romans indépendants

  1. Le Chant de la Terre (non lu)
  2. Les Limons du temps (non lu)
  3. La Porte des Limbes (non lu)
  4. Les Vélins Carminae (non lu)

Les Déchus - Nephilim : Intégrale, tome 1 / Fabien Clavel

Couverture livre - critique littéraire - Nephilim, intégrale, tome 1 : Les Déchus

Récit

Ils sont sept Nephilim à arpenter la Terre depuis l'aube de l'humanité, formant la fraternité de l’Hepta.
Immortels, ils sont liés aux cinq éléments : l’eau, l’air, la terre, le feu et la lune.
Déchus, ils recherchent leur savoir perdu et poursuivent une quête mythique, l’Agartha.
Traqués, ils fuient ceux qui veulent les détruire, les Rose+Croix.

Dans ce premier tome réunissant Le Syndrome Eurydice et Anonymus, Fabien Clavel narre le destin d’une poignée de ces Immortels.

Le Syndrome Eurydice :
À Paris, Jennifer, étudiante à la Sorbonne, sombre lentement dans la folie et la paranoïa. Victime de troubles hallucinatoires depuis son adolescence, elle se croit poursuivie par un mystérieux clochard roux. Après la découverte de trois cadavres bizarrement mutilés non loin de l'université, un jeu de piste aberrant parsemé de pièges et de faux-semblants l'entraîne dans une lente descente aux enfers... Délire schizophrénique ou impensable réalité ?
En équilibre sur la frontière ténue qui sépare la folie du surnaturel, Fabien Clavel détourne les mécanismes du polar traditionnel au service d'une captivante initiation à l'univers occulte des Nephilim.

Anonymus :
À Budapest, des jeunes femmes au corps atrocement mutilé sont retrouvées dans le parc Varosliget. La glaciale Ezechiel, inspecteur de police chargée de l’enquête, ne peut croire que ces meurtres sont l'œuvre d’Azarian, sulfureux chanteur de métal en tournée en Hongrie. Pourtant, tous les indices portent à croire qu’il y est lié.

Des sous-sols du métro parisien aux rues enneigées de Budapest, de vieux amis se retrouvent, des forces nouvelles s’éveillent, mais l’ennemi est déjà à l’affût. Et la grande chasse ne fait que commencer !

Impression

Ayant participé au foulancement du jeu de rôle Nephilim Légende, je m'introduis dans l'univers des Nephilim à travers ce premier tome de l'intégrale qui contient de fait la réunion des 2 premiers tomes initiaux à savoir Le Syndrome Eurydice et Anonymus qui racontent chacun une histoire indépendante mais qui s'insère dans la trame de personnages appartenant à une même fraternité d'immortel, la fraternité de l'Hepta.

Pour la compréhension de l'univers, nous suivons principalement :

  • Des Nephilims : créatures magiques immortelles composées d'un assemblage de 5 énergies d'éléments, appelées Ka-éléments, qui pour survivre à leur dissolution dans les flux magiques (la narcose) doivent s'incarner dans un corps humain.
    Cette incarnation oblitère complètement la personnalité du propriétaire du corps, même si le Nephilim a accès à l'entière mémoire (et les compétences) de la personne qu'il possède - ainsi qu'à ses propres connaissances et souvenirs.
    Fun fact : les humains sont les responsables de la déchéances (le fait qu'ils doivent parasiter les humains) de ces êtres magiques originels (appelés Kaim avant cette déchéance).
    Chaque Nephilim a un Ka-élément dominant qui va caractériser pour beaucoup leur caractère. Ce sont les :
    • Faerim : Nephilim gouverné par l'élément Terre (résistance, indépendance, rusticité, solitude) dont Wag est un représentant.
    • Pyrim : Nephilim gouverné par l'élément Feu (violence, force, action) dont Hærès est un représentant.
    • Onirim : Nephilim gouverné par l'élément Lune (rêverie, filouterie, instabilité, double-jeu) dont Azarian était un représentant avant sa malédiction.
    • Éolim : Nephilim gouverné par l'élément Air (réflexion, inaccessibilité, hautain, étude) dont Ezkiel est un représentant.
    • Hydrim : Nephilim gouverné par l'élément Eau (adaptabilité, force qui cache son jeu) - pas de représentant dans ce premier tome.
  • Des Sélénims : Anciens Nephilims qui ont vu leur Ka-lune être corrompu en Ka-lune noire (pour différentes raisons). Ils sont les représentants de l'élément (la Lune Noire) lié à la mort et la duperie (le lien avec la Lune se retrouve).
    Contrairement aux Nephilims, ils conservent à vie (sic) le dernier corps qu'ils possèdent. Ils deviennent de fait peu sensible aux autres Ka-éléments mais pour survivre se nourrissent des sentiments forts des produits par les humains - et principalement les émotions négatives.
  • Des Ar-kaim : nouveaux types d'être magiques qu'on découvre dans le livre.

Le Syndrome Eurydice

Ceci étant posé, nous allons dans Le Syndrome Eurydice, suivre Nej, jeune étudiante en crise psychiatrique et Weg, Nephilim cherchant à terminer une quête qu'il a commencée il y a 150 ans environ.
On découvre au fur et à mesure à la fois l'existence de ces êtres magiques et immortels, ainsi que certains de leurs opposants à travers la recherche de l'accomplissement de cette quête qui se rapproche d'un policier mais sur une thématique ésotérique (même si la composante est tout à fait accessible).

Les personnages de Weg et Nej y sont très bien posés. On apprend à les connaître avec délectation, notamment leurs failles respectives, et leur quête est, de mon ressenti, moins intéressante que leur découverte mutuelle. Hærès est moins accessible (normal pour un Pyrim), mais donne un bon contrepoint à la découverte des 2 personnages principaux, leur donnant par contraste plus de profondeur.

L'écriture y est sobre, sombre et fluide, donnant une certaine neutralité à ce récit, et lui donnant plus de corps, bien que traitant de créatures magiques dans notre monde contemporain à nous.

Un autre point sympathique, c'est que le récit se passant dans les années 2000, dans notre monde, on se reconnait bien dans le récit, et si vous connaissez Paris, on se voit vivre l'aventure dans les ruelles qu'on a déjà parcourues.

Anonymous

Concernant la seconde partie, celle-ci est moins prenante.
On continue avec une écriture sombre, sobre et fluide. Le cadre change, mais reste toujours aussi prenant.
Le personnage d'Azarian (Sélénim de son état) est intéressant, beaucoup plus proche des humains que les Nephilims.

Par contre le personnage d'Ezekiel (Éolim) m'a profondemment ennuyé.
Certes son attitude hautaine n'aide pas à s'identifier au personnage. Mais ce que je lui reproche c'est plus son attitude, qui au-delà d'hautaine, est clairement navrante en termes de réflexion. Elle, qui est censée représenté les Nephilims réfléchis, ses actions ressemblent plus à la va comme je te pousse.
Pas besoin de se renseigner avant de foncer dans un plus que probable piège.
Pas besoin de réfléchir au fait que ses actions vont forcément avoir des conséquences...

Ajoutons à cela qu'autant à Paris, les Rose+Croix étaient au taquet pour réussir à repérer les Néphilims, autant ceux présents à Budapest sont totalement aveugle pour louper le comportement totalement inhumain d'Ezekiel - à mon sens bien plus significatif que celui d'Azarian qui n'est pourtant pas d'une subtilité violente.
C'est dommage car autant à Paris on sentait que les Nephelims avaient besoin de la jouer un minimum finaude, autant à Budapest, c'est quartier libre.

Note

Un 16/20 pour ce livre, décomposé en 18 pour Le Syndrome Eurydice et 14 pour Anonymus qui n'a clairement pas la même ampleur que la première partie, même si l'histoire en elle-même n'est pas mauvaise.

Je vais en tout état de cause continuer la lecture de cette série, ne serait-ce que parce qu'il s'agit d'une très bonne introduction au monde des Nephelim. En effet, il n'est nul besoin de connaître l'univers pour le lire, même si en avoir les codes permet de mieux contextualiser certaines scènes.

Série : Nephilim

Le cycle de l'Hepta

  1. Nephilim, intégrale T1 : Les Déchus (avis)
    1. Le Syndrome Euridyce
    2. Anonymus
  1. Nephilim, intégrale T2 : L'éveil (avis)
    1. Les Dracomaques
    2. L'Effet Orphée
    3. L'Artefact de Lathil

Le cycle des Phénix

  1. La Brûlure du phénix (non lu)
  2. Le Sabre et le fou (non lu)
  3. Dans l'œil de l'Aleph (non lu)

Romans indépendants

  1. Le Chant de la Terre (non lu)
  2. Les Limons du temps (non lu)
  3. La Porte des Limbes (non lu)
  4. Les Vélins Carminae (non lu)