Second tome d'un dyptique (cf. ici pour la critique du premier tome), la lecture du premier tome est indispensable. En effet, ce second tome reprend quelques mois après la fin de Chien du Heaume pour poursuivre l'histoire de la quête.
Dans ce second tome, on reste avec une histoire et une écriture dure et sans concession.
Les personnages restent particulièrement complexes, et même plus puisqu'on va pouvoir les voir aller jusqu'à leurs points de rupture psychologiques et voir ce qu'il en résulte.
Néanmoins on change de registre dans la façon dont l'histoire est contée. Finie le récit de morceaux de vie qui suivent un fil directeur. On rentre dans quelque chose de plus classique : cette fois-ci, on suit une intrigue d'un bout à l'autre.
Plus de passage de vie qui s'organisent autour d'un même fil rouge sans autre soucis que d'arriver à Chien du Heaume. Non, ici on suit sa quête réelle jusqu'à son terme. On est donc retourné dans un style de narration plus classique, ce qui n'est pas forcément un mal car, après le premier tome, on avait découvert déjà pas mal de chose sur le personnage ; même si on découvre toujours un peu plus Chien dans ce tome.
Dans ce tome, on met l'accent sur les limites des différents protagonistes. Que cela soit Chien, la Salamandre et Bréhyr que l'on a découvert dans le précédent tome, ou de nouveaux comme Saint-Roses et sa compagne de route.
Tous ont en commun d'être arrivé au point de rupture et le traitement de comment on en sort après cela est à la fois complexe mais bien amené - notamment par l'action qui évite de se morfondre dans une simple psychologie de personnages.
Question scénario, ce n'est clairement pas le point fort de ce roman. Le récit est somme toute très linéaire, et l'on a le temps de voir les choses arrivées.
On peut même considérer que ce dernier est très capilo-tracté car je n'ai clairement pas vu ce qui permettait tant d'assurer à chaque protagoniste la certitude de trouver sa Némésis si ce n'est une attitude mystique et fataliste encore plus prononcée que dans le premier tome.
Question background, on est sur une période moyenne-âgeuse, avec l'univers dur et rustre qui y est associé. Le côté Fantasy apparait plus dans ce second tome en partie sous la forme divinatoire, mais aussi en accompagnement de la folie, ce qui la rend difficile à distinguer des simples délires... mais ces derniers ayant des conséquences, difficile de ne les laisser qu'au coin des rêves animés.
Enfin, la plume de l'auteur est toujours aussi vive et acérée. L'atmosphère est clairement soutenue par cette écriture qui sait manier onirisme et réalisme du plus bas étage.
Note
Un 15/20 pour ce livre.
Cette suite est moins entrainante que le premier tome. On y perd principalement en revenant à un système de narration plus classique, ce qui est d'autant plus souligné que le scénario n'est toujours qu'une annexe à la découverte des personnages et de leur cadre de vie.
Un livre à lire principalement parce qu'il est la suite du précédent tome, et que ça serait dommage de ne pas connaître la fin, mais qui, même s'il est bon, est un ton en dessous du premier.
Mon conseil : lisez les deux l'un à la suite de l'autre. Ainsi vous n'aurez pas la perte de plaisir lié à un livre moins novateur que le précédent puisque, somme toute, ce n'est que la suite de la première histoire.
Le précédent tome mettait en place les éléments finaux pour l'affrontement de la Grande Alliance (Manticore - Le Havre) versus la Ligue solarienne. Ici on entre clairement dans le vif du sujet.
Au menu, plusieurs batailles dont l'une particulièrement grandiose. La stratégie a fait son œuvre, place à la tactique, au bon sens, et au sang-froid des officiers de la Flotte.
On retrouve donc ici, en une sorte d'apothéose, la bataille finale entre Manticore et le Havre, sauf que les enjeux ne sont pas totalement les mêmes.
Je ne vous ferai pas l'affront de vous faire croire que le gagnant n'est pas celui que l'on croit, la différence technologique et la léthargie de la Ligue ne permettant pas de supposer un risque sur le sujet, mais plus de quel est le prix de cette victoire (et accessoirement, à quel point la Grande flotte va botter le cul des solariens).
Cette fin de cycle est presque un retour aux sources : combats spatiaux intenses, choix tactiques et moraux, le tout sur fond de géopolitique accidentée. Basilic n'est pas loin, mais les moyens et conséquences sont... différents.
Note
Un 20/20 pour ce tome. Une fin somme toute mémorable, sans temps morts, qui clôture avec brio cet arc narratif.
On termine à la fois satisfait par ce final, mais aussi sur l'expectative puisque l'Alignement n'est pas l'objet de ce tome, et qu'on a donc encore des choses à moudre sur le sujet - ce qui préfigure une suite au cycle de Saganami.
Un tome qu'il ne faut pas manquer si on aime la série donc (je dirai même plus, un indispensable pour sa santé mentale), mais d'un autre côté, si vous en êtes ici, c'est que vous vouliez connaître la fin de l'histoire, n'est-ce pas ?
Dans ce tome, nos protagonistes sont réunis face à un adversaire commun : le Domin de Pannion qui lève ses armées et semble prêt à ravager le continent.
D'ailleurs les anciens ennemis des Jardins de la Lune sont pour le coup réunis sous la même bannière face à cet ennemi.
Vous je ne sais pas, mais moi, voyant cela, ça sentait quand même la situation plus complexe qu'il n'y parait.
Parce que mine de rien, réunir Dujek, Mésangeai et les Brûleurs de Ponts d'un côté, avec Caladan Rumin, les Tiiste Andii et Anomander Rake de l'autre sous une même bannière, on sent bien que c'est pas fait par simple plaisir.
Et pour le coup, pas de doute, on est bien servi.
On retrouve donc beaucoup de personnages introduits dans les Jardins de la Lune (y compris mon bon ami Kruppe - joie), ainsi qu'une palette de nouveaux personnages, tous très bien décrits avec leurs personnalités et leurs objectifs. Steven Erikson faisant ici montre de son imagination fertile en nous offrant de nouveaux protagonistes, sans redondances avec ceux déjà décrits.
On accède aussi à beaucoup d'explications.
Côté histoire du monde, on a ainsi le droit à des plongées de plus de 300 000 ans dans le passé où on peut voir à l'œuvre la formation d'anthropologue et archéologue de l'auteur dans ses descriptions et la densité des événements relatés. Le world-building y est particulièrement mis en exergue, tant sur le côté densité et « vraisemblance » (pour un univers dark-fantasy s'entend) que pour son utilisation dans les évènements contemporains de l'histoire.
Côté intrigues, on a aussi beaucoup d'explications qui tombent. Parfois mouchetées au fil de l'intrigue, parfois comme un barrage qui cède, nous faisant revoir complètement la situation telle qu'on croyait la connaître.
Et le pire ? C'est que malgré cette avalanche d'explications, ces dernières soulèvent plein de nouvelles questions, et renouvelle pleinement la géopolitique - et ce sans qu'on ait l'impression d'assister à la venue d'un deus ex machina.
Côté scénario, dans les précédents tomes, nous avions pu apercevoir les missions d'infiltration des Brûleurs de Pont du tome 1, les escarmouches et batailles d'usure du tome 2, ici, on va avoir de la bataille de siège. De la bonne boucherie qui vous met les tripes à l'air, dans tous les sens du terme.
Les batailles décrites sont « sublimes », les atmosphères étouffantes... Et de fait, on retient son souffle pour savoir comment tout cela va se terminer.
Car, on le voit bien avec Erikson, rien n'est jamais ce que l'on croit vraiment être, et même les dieux peuvent y laisser des plumes dans ces mouvements sur l'échiquier géopolitique de Genabackis.
Enfin, en aparté et pour couronner le tout, une sublime couverture vient parachever cette œuvre.
Je ne parlerai pas plus précisément des différents personnages, tant en parler risquerait de spolier une partie de cet opus, ce qui serait une grave atteinte au plaisir de sa lecture.
Note
Un 20/20 pour ce tome.
Ce tome manie l'épique avec maestria. Et qui plus est, sous une autre forme que le précédent tome qui était un chef-d'œuvre du genre.
Ce tome est très facile d'accès, se laissant lire encore plus facilement que les deux premiers opus (connaître une bonne partie des protagonistes aide il est vrai).
La découverte de l'univers continue de nous surprendre et est toujours un régal. Les intrigues se dénouent mais d'autres se nouent et l'ensemble se mélange pour recomposer le paysage que l'on a sous les yeux. Difficile de ne pas être subjugué par ce jeu d'intrigues, toujours au service de l'histoire et qui ne tombe jamais de rien.
Au final, je ne peux que vivement vous encourager à découvrir cette saga et ce tome. Du plaisir à l'état pur. Un cycle difficile à entamer car l'auteur ne prend pas le lecteur par la main, mais qui vaut pleinement l'investissement de s'y mettre dedans.
Complexe, riche, et ô combien bien construit. Continuez avec moi dans ce superbe univers !
Les Dracomaques nous permet de découvrir les 2 derniers membres de la fraternité de l'Hepta, à savoir Léonidas, hydrim et alchimiste, et Keszhiv, onirim et ancienne élève alchimiste de Léonidas, et actuellement dracomaque, c'est-à-dire chasseuse d'effets dragons.
Les effets dragons sont des créatures magiques issues directement de la perturbation des champs magiques et les dracomaques une organisation Nephilim en charge de les réduire au silence.
On poursuit la découverte des membres qui constituent la fraternité de l'Hepta tout en suivant les actions effectuées par les Rose+Croix dont les objectifs sont à la fois au cœur du livre, mais dont les raisons restent assez obscures.
Les personnages de Léonidas et Keszhiv sont très bien posés, même si clairement, on a envie de baffer et de rabattre le caquet de Léo qui est tellement imbu de sa supériorité (et pour changer d'Ezekiel, cette supériorité est principalement dirigée envers les autres Nephilim, ça change, mais les baffes se perdent toujours).
On y suit Léo, chargé d'enquêter sur la disparition de membres du clergé ainsi que la quête de Keszhiv, venue ici pour détruire un effet dragon qui fait parler de lui.
Évidemment, les affaires sont un peu plus liées qu'il n'y parait de prime abord, et rien n'est vraiment ce qu'il parait non plus.
Ce tome mêle donc ésotérisme, enquête policière et action dans un mélange bien dosé puisqu'on ne s'y ennuie pas, et qu'on continue à découvrir la fraternité de l'Hepta, ainsi que le pourquoi de l'éclatement de cette dernière.
L'ensemble reste agréable, mais sans grande prétention. Le principal intérêt étant de découvrir le pourquoi l'Hepta est dispersée et de découvrir les 2 derniers membres qui la constituent.
L'Effet Orphée
Concernant la seconde partie, celle-ci est plus prenante dans le sens où quasiment l'ensemble de l'Hepta est réuni, ce qui amène d'une part l'ajout d'histoires sur la fraternité, mais aussi d'un certain nombre d'interactions entre les personnages.
En effet, il apparaît clairement que même si ne pas être ensemble leur manque, être ensemble est assez... explosif. Entre les pas clairs, les chefaillons, les hautains et les puérils, on a tout ce qu'il faut pour commencer une classe de maternelle, option enfants gâtés.
Par ailleurs, leur objectif quant à traiter le mal qui ronge le dernier membre de l'Hepta semble à portée de main... tout comme la vengeance pour les Rose+Croix.
Un bon mélange bien détonnant et qui procure du plaisir, si ce n'est qu'on a parfois envie de se taper la tête quand on voit comment les Nephilim se comportent. De vrais mômes, et du coup, on comprend pourquoi ils ne dominent pas le monde ces Sept-là même avec leurs pouvoirs.
Enfin, on a le plaisir de retrouver le personnage de Nej, toute jeune immortelle, traitée comme un bébé par les autres, alors qu'elle démontre une maturité plus évidente.
Dommage qu'on n'assiste pas à l'épanouissement de ses capacités magiques - cela aurait fait un bon contrepoint à ce que savent faire les membres de l'Hepta et les Rose+Croix.
L'artéfact de Lathil
Cet épilogue, court mais intense, permet de clôturer l'arc narratif de la fraternité de l'Hepta ainsi que la vengeance de l'Imperator des Rose+Croix.
De plus, je trouve cette clôture très bien inspirée, c'est-à-dire que le final permet d'équilibrer pas mal de choses... ce qui est dans la nature même des champs magiques n'est-il pas ?
Ainsi la boucle est bouclée, fraternité et vengeances assouvies... et la vie repart de nouveau. Une fin ésotérique en soi donc.
Note
Un 15/20 pour ce livre, décomposé en 13 pour Les Dracomaques, 15 pour l'Effet Orphée et 17 pour L'artéfact de Lathil, l'épilogue.
Sans être un must-have, cette série permet de se plonger dans la vie de Nephilim presque au quotidien. C'est donc un bon ajout pour ceux qui veulent se plonger dans l'univers du jeu de rôle. Une série sympathique in fine.