Récit
Adam Ewing est un homme de loi américain, embarqué à bord d'une goélette
partie de Nouvelle-Zélande et faisant route vers San Francisco, sa
ville natale.
Il n'a rien à voir avec Robert Frobisher, lequel, un
siècle plus tard, se met au service d'un compositeur génial pour
échapper à ses créanciers.
Ni l'un ni l'autre ne peuvent connaître Luisa
Rey, une journaliste d'investigation sur la piste d'un complot
nucléaire, dans la Californie des années 70.
Ou Sonmi~451, un clone
condamné à mort par un État situé dans le futur.
Pourtant, si l'espace et le temps les séparent, tous ces êtres participent d'un destin commun, dont la signification se révèle peu à peu. Chaque vie est l'écho d'une autre et revient sans cesse, telle une phrase musicale qui se répéterait au fil d'innombrables variations.
Impression
La cartographie des nuages racontent l'histoire d'Adam... mais aussi celle de Robert, ainsi que celle de Luisa...
Bref, vous l'aurez compris, il s'agit d'une histoire d'histoires intriquées.
Les vies de 6 protagonistes nous sont contées. Chacun l'un après l'autre en une structure pyramidale des récits : Adam Ewing, notaire américain reliant la Nouvelle-Zélande à San Francisco dans les années 1850 laisse la place à Robert Frobisher, compositeur et musicien des années 1930 (auteur du sextuor Cartographie des nuages), qui lui même cède le pas à Luisa Rey, journaliste dans les années 1970 qui passe le témoin à Timothy Cavendish éditeur de son état, qui après un long saut passe à Sonmi~451, clone serveuse dans un futur lointain et qui se termine par Zachry, gardien de chèvre dans un futur plus que lointain... avant de revenir en arrière.
Une structure peu banale donc, avec des liens ténus entre chacun des protagonistes qui permettent de passer d'une histoire à l'autre.
Mais comme vous l'aurez noté, le temps entre chaque protagoniste implique des époques différentes... et vous aurez donc dans ce livre 6 styles d'écritures différents, admirablement maitrisés par l'auteur.
Un vrai régal à lire donc. Passant du journal de bord à la correspondance épistoliaire, en passant par la langue d'aujourd'hui, et les langages du futurs. À chaque fois le style correspond parfaitement à l'époque et est un ajout au contexte et à l'ambiance du récit.
Un style d'écriture à chacun donc, mais aussi un style de récit différent : récit d'aventures, correspondance, enquête, SF... de multiples genres sont couverts et marquent encore plus les différences entre chaque personnages clefs.
Différentes, ces vies le sont, sans aucun doutes... et pourtant elles se répètent à l'infini semble-t-il. Car les thèmes récurrents malgré toutes ces différences est la trahison et l'esclavage sous toutes ses formes : l'esclavage de l'homme de couleur par l'homme blanc, l'esclavage de l'esprit et de l'imagination par l'attribution du travail d'un autre, esclavage de la société sur une partie de sa population, esclavage de l'amour, esclavage génétique... Et cette impression que l'Homme n'apprend pas de ses erreurs... qu'il oublie tout et que tout recommences, et que c'est inhérent à sa nature.
Note
En définitive un 18/20 pour ce livre qui utilise tant de styles différents et qui de ce fait réussit parfaitement à transmettre cette sensation d'injustice et d'erreurs à répétition à travers le temps. Erreurs qui se répètent, comme une variation à l'infini d'un même thème... celui de la cartographie des nuages sans nul doute.
Très intéressant ces 6 personnages avec 6 façons de raconter différente. Il me tente bien en tout cas !
RépondreSupprimerUne bonne tentation en vaut 2 comme on dit :-p
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