Récit
Si Kélia n’a pas hérité du don de son père, diseur de mots, elle se découvre très tôt un autre talent : elle sera danseuse de corde. Or, défier les lois de l’équilibre peut se révéler plus risqué qu’on le croie. Tout dépend où aboutit la corde sur laquelle on marche, et de la notion qu’on a de l’équilibre, quand tout se révèle instable.
C’est ainsi que Kélia sera amenée à jouer un rôle décisif dans la bataille qui oppose les adeptes des anciens dieux aux partisans de l’Unique.
Pourtant, elle ne demandait rien d’autre qu’un peu de bonheur auprès de la personne dont elle s’est éprise, comme toutes les jeunes filles de son âge. Mais il est vrai que toutes ne choisissent pas pour amant un dieu de l’Axe-divin...
Impression
Fidèle à ce qu'avait été le premier tome, trois mots président à cette lecture : mais quelle plume !
La plume de Ch. Léourier est juste envoûtante. Des mots qui tombent justes. Des mots qui emportent. Des mots qui continuent à créer un monde plein d'exotisme.
Un pur délice qu'il est fort agréable de retrouver et qui m'a immergé⋅e tout au long de cette lecture.
Côté rythme, sans être trépidant, on a perdu l'aspect comtemplatif du précédent opus. Ce rythme est remplacé par des évènements plus actifs (guerres, etc.) qui permettent de tirer les conséquences géopolitiques de ce que le premier tome avait lentement instauré.
L'histoire en elle-même se rapproche de nos guerres de religions et de la christianisation de l'Europe, mais avec un aspect prophétique accru par l'ensemble de la thématique fantasy de ce dyptique. De ce fait, le déroulé de l'histoire n'est pas spécifiquement original, et pourtant la mélodie des mots parfaitement choisis de l'auteur emporte et nous enjoint à suivre la campagne de christianisation au rythme des mots.
En termes de magie, celle que j'ai tant adorée n'est plus réellement présente, notre Diseur ayant bel et bien disparu, ouvrant la voie à la magie de sa fille, danseuse de corde qui embraye au pouvoir de son père en vue de l'accomplissement d'un cycle dont elle n'a pas conscience.
Côté personnages, les principaux personnages sont très bien dépeints, et on retrouve le charme (mais aussi la difficulté) des noms publique et privé de chacun d'entre eux et qui sont utilisés alternativement par l'auteur selon les situations. Comme dans le premier tome, la confusion n'est que rarement de mise tant chaque personnage est dépeint avec une « saveur » particulière. Rien qu'à la lecture d'un dialogue ou d'un comportement, on sait de suite qui est l'objet du récit.
On pourra par ailleurs mentionner spécifiquement le personnage d'Hòggni qui ressort encore mieux que dans le précédent opus ainsi que celui de Deux-Bigornes que j'ai trouvé touchant malgré ce qu'il représente.
Note
Un 18/20 pour ce livre.
Au final une fidèle suite au premier tome, qui a su faire sa mue pour partir d'un univers de découverte vers la narration d'une histoire permettant d'en clore la trame.
On retrouve la poésie des mots qui étaient le cœur du premier tome et c'est avec un grand plaisir que je peux dire que je n'ai pas été déçu⋅e par le traitement du second tome, malgré un scénario calqué sur la christianisation de l'Europe.
Si vous aviez aimé le premier tome, il vous faut clore ce dyptique, tout simplement.