Rédemption de Philippe Halvick

Rédemption de Philippe Halvick

Récit

Un gangster, peu recommandable et sans scrupule, pour qui la vie humaine ne vaut que la somme dont il peut s'accaparer, est pourchassé par la police de l'espace. Il s'écrase sur une planète semi-désertique. Pour échapper à tous ceux qui veulent le voir mort, se déguiser en prêtre devient sa seule option. Il se retrouve alors confronté à un imprévu de taille. Une bande d'orphelins délurés menacés par des ennemis inconnus s'accrochent à ses basques. Obligés de faire cause commune, la cohabitation des enfants et du malfrat va se révéler explosive dans tous les sens du terme.
Nous retrouvons ici le héros de "Chrysalide" aux prises avec une horde de petits monstres bien sympathiques, même s'ils lui donnent beaucoup de fil à retordre. Pour le plus grand plaisir du lecteur. 


Impression

La situation de départ est plutôt sympa, un peu typé Firefly (ce qui m'a fait acheter ce livre, plus le fait d'avoir discuter avec l'auteur) : un truand qui s'est fait embobiné et paye les pots cassés. Un crash sur une planète désertique. L'intro semble assez sympathique.
Après son crash, la crapule va vouloir faire payer ce mauvais tour à son employeur et l'on va suivre son parcours pour (tenter ?) d'y arriver.

Toutefois, j'ai eu du mal à accorder du crédit à cette histoire.
Pour commencer, le personnage est présenté comme un salaud fini. En soit qu'il se fasse avoir, pourquoi pas, mais pour quelqu'un de son "expérience" et qui "réussi" dans le métier, ça fait vraiment pas sérieux de foncer tête baissée, sans prendre un minimum de précaution.

Ensuite, il se retrouve à devoir gérer une troupe d'enfants orphelins (je vous laisse découvrir pourquoi). Vu le personnage, ça colle plutôt bien, mais vu la psychologie du personnage principal, sa patience habituelle et son impulsivité, on a vraiment du mal à croire que ce dernier n'en zigouille pas un dans le quart d'heure qui suit le fait d'avoir une arme en main... et encore moins qu'il se soucie d'eux en quoi que ce soit.

Pour moi, il y a vraiment quelque chose qui ne colle pas niveau psychologie et rien dans la suite du roman va m'apporter des éléments pour se faire.

En faisant abstraction de ce manque de cohérence, on se retrouve avec une histoire sympathique. La ligne d'action est relativement simple, sans grands inattendus, si ce n'est le caractère assez "instable" du personnage principal qui "pimente" le récit.
Pas de quoi s'extasier donc. Heureusement que l'écriture n'est pas mauvaise. Les dialogues internes du truand m'ayant bien fait rire.

Note

En définitive un 11/20 pour ce livre. Intrigue facile, personnages sans grandes profondeurs, mais toutefois un style d'écriture sympathique et un enchaînement d'actions faisant que l'on ne s'ennuie pas justifient cette note.
À lire, si vous n'avez pas grand chose d'autre dans le coin.

Cartographie des nuages de David Mitchell

Cartographie des nuages de David Mitchell

Récit

Adam Ewing est un homme de loi américain, embarqué à bord d'une goélette partie de Nouvelle-Zélande et faisant route vers San Francisco, sa ville natale.
Il n'a rien à voir avec Robert Frobisher, lequel, un siècle plus tard, se met au service d'un compositeur génial pour échapper à ses créanciers.
Ni l'un ni l'autre ne peuvent connaître Luisa Rey, une journaliste d'investigation sur la piste d'un complot nucléaire, dans la Californie des années 70.
Ou Sonmi~451, un clone condamné à mort par un État situé dans le futur.

Pourtant, si l'espace et le temps les séparent, tous ces êtres participent d'un destin commun, dont la signification se révèle peu à peu. Chaque vie est l'écho d'une autre et revient sans cesse, telle une phrase musicale qui se répéterait au fil d'innombrables variations.

Impression

La cartographie des nuages racontent l'histoire d'Adam... mais aussi celle de Robert, ainsi que celle de Luisa...
Bref, vous l'aurez compris, il s'agit d'une histoire d'histoires intriquées.

Les vies de 6 protagonistes nous sont contées. Chacun l'un après l'autre en une structure pyramidale des récits : Adam Ewing, notaire américain reliant la Nouvelle-Zélande à San Francisco dans les années 1850 laisse la place à Robert Frobisher, compositeur et musicien des années 1930 (auteur du sextuor Cartographie des nuages), qui lui même cède le pas à Luisa Rey, journaliste dans les années 1970 qui passe le témoin à Timothy Cavendish éditeur de son état, qui après un long saut passe à Sonmi~451, clone serveuse dans un futur lointain et qui se termine par Zachry, gardien de chèvre dans un futur plus que lointain... avant de revenir en arrière.

Une structure peu banale donc, avec des liens ténus entre chacun des protagonistes qui permettent de passer d'une histoire à l'autre.

Mais comme vous l'aurez noté, le temps entre chaque protagoniste implique des époques différentes... et vous aurez donc dans ce livre 6 styles d'écritures différents, admirablement maitrisés par l'auteur.
Un vrai régal à lire donc. Passant du journal de bord à la correspondance épistoliaire, en passant par la langue d'aujourd'hui, et les langages du futurs. À chaque fois le style correspond parfaitement à l'époque et est un ajout au contexte et à l'ambiance du récit.

Un style d'écriture à chacun donc, mais aussi un style de récit différent : récit d'aventures, correspondance, enquête, SF... de multiples genres sont couverts et marquent encore plus les différences entre chaque personnages clefs.

Différentes, ces vies le sont, sans aucun doutes... et pourtant elles se répètent à l'infini semble-t-il. Car les thèmes récurrents malgré toutes ces différences est la trahison et l'esclavage sous toutes ses formes : l'esclavage de l'homme de couleur par l'homme blanc, l'esclavage de l'esprit et de l'imagination par l'attribution du travail d'un autre, esclavage de la société sur une partie de sa population, esclavage de l'amour, esclavage génétique... Et cette impression que l'Homme n'apprend pas de ses erreurs... qu'il oublie tout et que tout recommences, et que c'est inhérent à sa nature.

Note

En définitive un 18/20 pour ce livre qui utilise tant de styles différents et qui de ce fait réussit parfaitement à transmettre cette sensation d'injustice et d'erreurs à répétition à travers le temps. Erreurs qui se répètent, comme une variation à l'infini d'un même thème... celui de la cartographie des nuages sans nul doute.

Jade de Jay Lake

Jade de Jay Lake

Récit

Elle est née dans la poussière et la pauvreté d’un village écrasé sous le soleil de l’équateur. Elle ne se rappelle pas de sa mère, elle ne se rappelle même pas de son nom. Son plus ancien souvenir remonte au jour où son père l’a vendu à ce grand homme au teint de lait. Dans la cour du Grenadier, où on lui a enseigné à devenir une grande dame et une courtisane accomplie, elle fut baptisée Émeraude, joyau parmi les beautés sélectionnées pour un duc immortel. Elle s’est choisie un autre nom : Jade. Son univers mêle la politique et la magie, et les dieux interfèrent dans les affaires des mortels. Au centre du monde règne le duc immortel de la cité de Hautcuivre, qui contrôle tout le commerce de la mer des Tempêtes. Jade a été éduquée pour devenir le jouet des hommes ; mais le duc n’est pas tout-puissant, et l’oeuvre des siècles n’a pas éradiqué tous ses ennemis. Certains voient en elle le moyen de parvenir jusqu’à lui, et de le tuer en brisant le sortilège qui le maintient
vie. C’est ainsi que Federo et la Chorégraphe deviendront les seuls amis de Jade, et que la réussite du complot visant à débarrasser Hautcuivre du tyran reposera entièrement dans les mains d’une jeune esclave rebelle.

Impression

Ce livre a été lu dans le cadre de
la cinquième édition LDPA.

L'héroïne (le féminin du héros, pas la drogue) Jade, est une jeune fille qui est enlevée à l'âge 3 ans.
Pourquoi ? Afin d'être élevée comme une fille de bonne société, en tant que bien à monnayer.
Ce livre nous raconte donc l'histoire de Jade (la fameuse héroïne) embarquée dès son plus jeune âge (3 ans) pour devenir courtisane... et être vendue par la suite.

À travers la vision de Jade, l'auteur nous fait découvrir de l'intérieur les impressions liées à l'esclavage, mais aussi les contradictions qui vont avec l'éducation et la protection dont elle bénéficie.
Une prison dorée en quelque sorte où la vie y est bien plus enrichissante que libre chez elle, mais aussi où la moindre incorrection, maladresse ou erreur y est sévèrement sanctionnée.

Toutefois Jade a mauvais caractère et va se rebeller contre cet emprisonnement contraint, cultivant sa haine et sa colère contre ses geôliers.

Un point assez bizarre est que l'on sent que ce livre se découpe réellement en 3 parties : l'apprentissage de Jade à Hautcuivre, son retour au Pays... et son retour à Hautcuivre. Même si les transitions sont logiques, on a vraiment une impression d'une intégrale réunissant 3 tomes.

Côté ambiance, ce livre nous fait particulièrement bien ressentir l'enfermement, ainsi que la découverte du monde qui l'entoure et les subtilités qui s'y ajoutent au fur et à mesure que Jade vieilli.
Je ne suis habituellement pas fan des descriptions à rallonge, mais Jay Lake arrive à donner vie à ses descriptions... qui sont précises, délicieusement (ou pas) colorées et odorantes si je puis dire.

Côté personnage, j'ai un peu de mal à rentrer vraiment dans le personnage de Jade : que cette fille se rebelle contre l'esclavage et s'accroche désespérément à son ancienne vie passe très bien.
Par contre j'ai beaucoup plus de mal avec son côté "fille gâtée" qui ressort parfois. J'ai un peu de mal à accorder du crédit à ce côté de son personnage vue son histoire et sa situation.

Enfin, je reste sur ma faim concernant la partie mythologique / magie de ce monde. En effet ce point est somme toute un point important du récit, et pourtant, à la fin, j'ai toujours cette impression de brouillon, de ne pas arriver à comprendre comment les choses en sont arrivées là. Rien de choquant dans le traitement de la magie et des dieux, mais l'impression que cette partie a été développée au fur et à mesure des besoins... sans former de système cohérent.

Note

14/20 : J'ai beaucoup aimé l'immersion, le voyage des sens auquel nous invite les descriptions de l'auteur. Elles ont le tour de force de ne pas être vécue comme trop longue, mais sont poignantes et précises. C'est ce point qui pour moi vaut principalement cette note, le reste ne ressortant pas spécialement du lot, et une gestion à mon sens brouillonne de la magie et des dieux.
En bref, une lecture très agréable qui invite à un voyage, à une découverte d'un monde... L'histoire y est (presque) accessoire au final ne servant que de prétexte à la découverte de différents mondes imbriqués.

Rainbows End de Vernor Vinge

Rainbows End de Vernor Vinge

Récit

Au milieu du XXIe siècle, le virtuel a subverti le réel. Grâce à ses vêtinfs, ses lentilles de contact, chacun communique avec tous, peut se déplacer sous forme d'avatar à l'autre bout du monde ou en recevoir informations et images.
Robert Gu, illustre poète américain, a sombré dans la nuit de l'esprit. Grâce à un traitement miraculeux, il émerge de son Alzheimer et peut quitter la maison de retraite de Rainbows End. 
Mais il va lui falloir se familiariser avec ces machines à distiller de l'information dont il s'est toujours méfié. Lui qui a toujours tant aimé les livres découvre un horrible projet, le Bibliotome : tout numériser au prix de la destruction physique de l'imprimé.

Impression

Ce livre nous invite à découvrir un futur possible, que l'on pressent comme parfaitement crédible. Une omniprésence des réseaux, extension de nos smartphones reliés à internet où l'on est relié au monde virtuel à l'aide de ses vêtements et de lentilles permettant de visualiser le virtuel... qui devient au final plus réel que la réalité bassement matériel. Se promener, voyager virtuellement, calquer des univers fantastiques sur la réalité,... voilà le lot quotidien des hommes de ce futur proche.

Le personnage principal, Robert, autour duquel ce livre tourne, est un ancien poète, revenu d'un Alzeihmer. Mais entre-temps le monde a changé et nous suivons ce personnage, ayant toujours refusé la technologie, dans l'apprentissage obligé de ce nouveau monde (et donc de ses technologies). L'on peut ainsi se figurer la révolution qu'ont dû accepter (ou non) les personnes passant du papier au tout informatique. Ici c'est du réel au virtuel que l'on est forcé de passer.

Par ailleurs, l'histoire suit une sombre affaire de terrorisme, où les gentils ne sont pas forcément ceux que l'on pense... Ce "pauvre" Robert est impliqué dans cette danse, où il jouera un rôle majeur (mais je vous laisse découvrir le fin mot de l'histoire).

Thriller avec en fil rouge cette affaire de terrorisme, découverte d'un monde proche du notre, mais avec des codes, un fonctionnement différent... et pourtant si proche.

J'ai vraiment pris plaisir à m'immerger dans cet univers, et de le découvrir au fil de la lecture, en suivant la mise en place de l’Événement. Vernor Vinge nous fait vraiment plonger dans ce monde qui pourrait bien être pas si éloigné du notre dans quelques décennies.
Rien de très innovant, où l'on ne sort pas des sujets déjà traités dans d'autres livres, mais une histoire où l'on prend plaisir à se plonger, et qui nous fait réfléchir sur ce que demain pourrait être.


Note

18/20 : très bon style d'écriture, immersion et crédibilité totale de l'univers dépeint.
Une lecture très agréable donc, mais où il ne faut pas s'attendre à des éléments innovants.

L'option Excalibur de David Weber

L'option Excalibur de David Weber

Récit

La flottille est condamnée, avec l'armée qu'elle conduit en France pour le service du roi Édouard~III... Une tempête l'a surprise pendant la traversée du Lancastre à la Normandie.
Sir George Wincaster, son épouse, son fils et quelque mille chevaliers, soldats et marins ne doivent leur salut qu'à l'intervention providentielle d'un astronef extraterrestre qui les arrache à la fureur des éléments.
Mais le sauvetage est intéressé. Les maîtres du vaisseau spatial réduisent les captifs à la condition de mercenaires « primitifs », et c'est un enchaînement sans fin de batailles qui les attend pour le compte d'une guilde galactique.
Y aura-t-il un jour, dans un lointain futur, où ils pourront enfin se libérer de ce joug humiliant dont ils ignorent même la raison ?


Impression

Ce livre commence sur une idée que l'on peut retrouver dans
Wang de Pierre Bordage, à savoir l'utilisation d'une civilisation / espèce moins évoluée pour orchestrer les combats. La différence entre ces 2 livres se situe dans la raison pour laquelle les "primitifs" doivent combattre. Le reste est vraiment très proche, avec évidemment la question de savoir comment ces primitifs vont se sortir de ce bourbier, ou même s'ils le pourront.

Personnellement, j'ai bien aimé ce livre. Impression des personnages, immersion dans "leur monde" et découverte de races extra-terrestre du point de vue d'archers anglais du XIVème siècle.
Le roman est accrocheur, et on est happé dans le déroulement des faits, même si l'intrigue n'a rien de très originale.
Mon seul reproche serait la fin du livre que je trouve bouclée à la va vite. C'est dommage, car cela aurait pu être amenée plus en douceur, avec plus de transition. Du coup la fin fait, non pas deus ex machina, car les éléments pour l'instituer sont effectivement mis en place auparavant, mais donne un aspect moins "réel" à cette partie du livre.

Au final, une très bonne lecture, immersive sur 95 % du livre. Cela ne dépaysera toutefois pas tout ceux qui ont lu Wang que j'ai préféré, mais cela reste très agréable à lire.

Note

Un bon 16/20 pour le style, l'écriture, et l'immersion parmi les Roastbeef. Les quelques points en moins provenant de la fin bâclée.

Nota : d'un autre côté je suis fan de cet auteur et de son style d'écriture... À vous de juger sur pièce.